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La vérité est-elle accessible à tous?

Publié le 13/03/2005

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La vérité peut se définir, de façon simple, comme ce qui est le critère qui vrai et du faux, c'est-à-dire plus spécifiquement la vérité-correspondance donc l'accord entre l'idée et la chose. (Il y a aussi la vérité-cohérence mais elle sera moins porteuse pour le sujet et elle est sujette à de nombreuses contradiction). Pourtant la question ne porte pas directement sur la définition de la vérité mais bien sur la norme ou plus exactement la condition d'accès ou d'éligibilité de la vérité. Or on peut se demander s'il existe un critère discriminant l'accès à la vérité. Dès lors il s'agit de savoir si son accès est l'objet d'un petit groupe, une élite ou une aristocratie (les meilleurs en grec) ou si elle est une notion populaire c'est-à-dire possible pour tout un chacun. Et c'est bien en ce sens que se pose la question :  « la vérité est-elle accessible à tous ? » Or s'il apparaît intuitivement que la vérité en tant qu'elle est le signe du vrai et du faux, c'est-à-dire une certitude inébranlable, est accessible à tous ; force est de constater que l'erreur et l'illusion subsistent. Comment comprendre alors cela ? Faut-il dire que la vérité est accessible en puissance à tous et non en acte ? La vérité est-elle l'apanage du seul sage capable d'opérer cette conversion du regard nécessaire à l'accès de la vérité ? C'est bien à ce type de questions que le sujet nous invite à répondre, ce qui lui donne alors toute son envergure.             Ainsi, s'il semble que la vérité soit en puissance accessible à tous (1ère partie), l'effort que constitue la conversion du regard nécessaire à l'accès de la vérité fait qu'en acte, cet accès est en réalité du seul fait du sage, seul capable d'un tel effort (2nd partie), dès lors se posera la question de savoir si l'accès à la vérité est alors véritablement impossible aux autres qu'aux sages au risque de lui réserver son accès à une petite majorité. Et c'est alors au nom d'une idée de progrès de l'humanité qu'il faut entreprendre de résoudre la tension ainsi soulevée (3ème partie).  

« la caverne comme le mythe du livre VII le met en exergue : « Représente-toi des hommes dans une sorte decaverne.

Cette habitation possède une entrée disposée en longueur, remontant de bas en haut tout le long de lacaverne vers la lumière.

Les hommes sont dans cette grotte depuis l'enfance, les jambes et le cou ligotés de tellesorte qu'ils restent sur place et ne peuvent regarder que ce qui se trouve devant eux, incapables de tourner la têteà cause de leurs liens.

Représente-toi la lumière d'un feu qui brûle sur une hauteur loin derrière eux et, entre le feuet les hommes enchaînés, un chemin sur la hauteur, le long duquel tu peux voir l'élévation d'un petit mur, du genrede ces cloisons qu'on trouve chez les montreurs de marionnettes et qu'ils érigent pour les séparer des gens.

Par-dessus ces cloisons, ils montrent leurs merveilles.

» Ces hommes seraient donc dans l'ignorance et dansl'impossibilité même d'accéder à la vérité.b) Pour atteindre la vérité il faut donc opérer une conversion du regard, c'est-à-dire faire le chemin inverse etremonter la pente de la caverne vers la lumière du soleil, symbole de la vérité.

Et c'est bien ce qui ressort du livreVII de la République de Platon .

Pour comprendre cette conversion il faut examiner « la situation qui résulterait de la libérations de leurs liens et de la guérison de leur égarement, dans l'éventualité où, dans le cours des choses, il leurarriverait ce qui suit.

Chaque fois que l'un d'entre eux serait détaché et contraint de se lever subitement, deretourner la tête, de marcher et de regarder vers la lumière, à chacun de ces mouvements il souffrirait, etl'éblouissement le rendrait incapable de distinguer les choses dot il voyait auparavant les ombres.

» Cetteconversion du regard, ce changement de perspective n'est donc pas aisé.

Et c'est bien pour cela qu'il est biendifficile d'avoir accès de la vérité.

D'une certaine manière, la vérité est une quête : elle se mérite et elle nécessitéun effort sur soi et une certaine force d'esprit ce qui explique alors que la vérité ne soit pas accessible à tous.c) En effet, il s'agit alors de produire une opération sur la vue, de sortir de son aveuglement.

Cependant, sedistingue alors un « naturel du philosophe » ce qui peut expliquer alors pourquoi Socrate refuse notamment à Critond'enseigner la philosophie à ses enfants, en raison même de la nature de ces derniers.

Si la vérité n'est pasaccessible à tous c'est comme le note Platon dans la République en raison du fait que pour y avoir accès il faut se détourner des désirs bas, et ne rien craindre comme la mort.

Il faut donc aimer la sagesse et non les richesses ourechercher tous les honneurs c'est pourquoi tout homme n'est pas capable d'avoir accès à la vérité ; et c'est bience qu'il montre au livre IX.

Transition : Ainsi la vérité n'est pas accessible à tous car elle suppose une conversion du regard.

Il faut mettre fin àl'aveuglement pour atteindre la vérité ce qui suppose un effort que seul un naturel philosophe peut soutenir.

L'accèsà la vérité est alors l'apanage du sage, du philosophe.

Pourtant, développer une conception élitiste ou aristocratique(les meilleurs) de la vérité ne met-elle en danger la possibilité d'un progrès ? III – Il faut rendre la sagesse accessible à tous : esprit des Lumières et “sapere aude” a) Cependant, la vérité à laquelle semble vouloir atteindre Socrate n'est sans doute pas possible pour l'homme toutcourt.

La vérité en soi n'est pas accessible à l'esprit humain et dès lors il faut relativiser la notion de vérité commele fait Kant dans la Critique de la raison pure .

Il y a deux types de vérités : la vérité pure et la vérité que peut connaître l'homme par la formation même de son esprit.

Dès lors pour nous, avoir accès à la vérité ne peut secomprendre que selon le second point de vue.

En effet, Kant opère un déplacement : du pôle du vrai vers la formede l'esprit structurant la connaissance.

La vérité est représentée par ce que nous appréhendons des choses àtravers les formes a priori de notre sensibilité (espace et temps) et à travers les catégories de l'entendement.

Levrai n'est rien d'autre que le phénomène structuré par l'espace, le temps et les concepts a priori, comme ceux de lacausalité, de la possibilité ou de la nécessité.

Ainsi, la vérité est-elle relative, dépendante de la structure a priori etuniverselle de l'esprit humain.

Dans le langage kantien, ce sont les phénomènes qui constituent le champ du vrai.Mais Kant conserve le noumène, la réalité intelligible comme principe régulateur de la connaissance.

Le noumène estinconnaissable mais n'est pas supprimé.

Il sert à montrer que notre connaissance de la réalité reste liée à la formemême de l'esprit humain, et à orienter notre savoir.

Mais la question reste alors entière, est-ce que cette vériténous est accessible à tous ou pas ?b) Si la critique platonicienne de la nécessité d'une conversion du regard (épokè en grec) et pertinente, il n'en restepas moins qu'en vue du progrès de l'humanité nous devons faire notre possible afin justement que tout le mondeavoir accès à la vérité c'est-à-dire aussi que l'obscurantisme, le règne de l'erreur et de l'illusion prennent fin.

Etc'est bien là le programme de ce qu'on a appelé les Lumières.

Et Kant nous en fournit le détail dans son article programmatique Qu'est-ce que les lumières ? : « Qu'est-ce que les Lumières ? La sortie de l'homme de sa minorité dont il est lui-même responsable.

Minorité, c'est-à-dire incapacité de se servir de son entendement (pouvoir depenser) sans la direction d'autrui, minorité dont il est lui-même responsable (faute) puisque la cause en réside nondans un défaut de l'entendement mais dans un manque de décision et de courage de s'en servir sans la directiond'autrui.

Sapere aude ! (Ose penser) Aie le courage de te servir de ton propre entendement.

Voilà la devise desLumières.

»c) Dès lors il est essentiel pour l'ensemble de la communauté de définir un programme d'éducation par la raison afinjustement de sortir de cet état de tutelle.

Et c'est bien ce que veut mettre en place Kant notamment à travers ses Réflexions sur l'éducation .

L'idée est que c'est principalement par l'éducation des enfants qu'il faut commencer afin de bien les former.

Il utilise la métaphore de la forêt : il s'agit de produire des arbres bien droits et non tortueux etrabougris.

Cette éducation est donc une discipline : non seulement une discipline de l'esprit et de la raison maisaussi du corps donc l'une des clés est le travail.

Ce n'est qu'une fois ce travail de discipline et dressage de l'esprithumain que la vérité pourra être accessible à tous.

Cette tâche n'est pas aisée et elle prendra du temps car commeil le note dans Qu'est-ce que les lumières : « La paresse et la lâcheté sont les causes qui expliquent qu'un si grandnombre d'hommes, après que la nature les a affranchi depuis longtemps d'une (de toute) direction étrangère, reste. »

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