Devoir de Philosophie

Y a-t-il des vérités indiscutables ?

Publié le 03/03/2004

Extrait du document

La vérité idéale et absolue, dépassant l'individuEn effet, chez Platon, sa participation à l'Idée définit la vérité. Le monde vrai, c'est celui de l'Idée, de la réalité idéale. La vérité se confond avec l'Idée,  paradigme intelligible des choses, type d'être idéal et non relatif, Modèle unique de chaque objet. L'Idée est le principe purement intelligible de la pensée, l'espèce de roc idéal qui définit le vrai de manière non relative. Dès lors, le Vrai transcende l'individuel et le personnel, le mouvement subjectif; il s'identifie au Beau en soi, au Bon en soi, à l'Essence en tant que telle. b. Cette vérité est immuable et éternelleIl va sans dire que ces Essences dépassant l'individuel sont immuables, soustraites au temps, incorruptibles, étrangères à la génération et à la corruption, au devenir, à la mobilité. L'Idée, transcendant le subjectif et l'individuel, est le modèle impérissable de chaque objet, modèle existant en dehors du temps. c. Elle est inséparable de la dialectiqueL'idée, en première approche, est donc ce noyau idéal, intelligible, permanent, éternel, qui définit le vrai.

Il est des faits indiscutables. Par exemple, dire tous les hommes sont mortels ne souffre aucune contradiction. Mais, en science, rien ne peut être dit indiscutable. Popper montrera d'ailleurs que toute vérité est falsifiable. L'illusion serait de croire qu'il existe des vérités absolues.

« source effective du vrai.3.

La vérité sous son pôle « subjectif-objectif » relève également de la discussion.

Si le vrai est construit a priori par l'esprit de manière nécessaire, néanmoins il peutaussi s'offrir à la discussion.a.

La vérité dépasse l'individuel : elle est construite de manière universelle.Ici, il est possible d'envisager le problème à la lumière des analyses kantiennes.

Que puis-je connaître ? Telle est la question de Kant.

Les faits sont impuissants en eux-mêmes à constituerquoi que ce soit dans le champ du savoir.

Nous ne pouvons appréhender le monde qu'à travers des éléments a priori, nécessaires et universels, se retrouvant chez tout individu quel qu'il soit.Ainsi, l'espace et le temps, mais aussi les catégories comme la causalité, sont des sortes de prismes universels à travers lesquels se réfracte l'expérience.

Le vrai est construit par l'esprit demanière universelle et a priori. Si l'on veut restaurer la certitude de la science, il faut que sa méthode parvienne à concilier la nécessité rationnelle et le caractère toujours en partie contingent de l'expérience.

Ce sera l'une des préoccupation centrale de Kant.

Il s'efforcera de montrer comment les connaissances dignes de ce nom sot toujours le produit d'une rencontre entre les données de l'expérience sensible et le travail conceptuelde l'entendement.

Ce dernier reçoit de l'extérieur, par le moyen de la sensibilité, une matière des connaissances sur laquelle il opère unemise en ordre conceptuelle dont la nécessité est interne à l'esprit.

Par exemple : les relations de causalité s'instaurant nécessairement entreles phénomènes de la nature ne renvoient pas forcément à un ordre des choses, mais à un ordre nécessaire de leur mode de manifestationà notre esprit.

La connaissance objective ‘est donc jamais connaissance des choses en soi mais connaissance de l'ordre nécessaire(rationnel) des phénomènes.

Très schématiquement, on peut donc dire que Kant échappe ainsi à l'idéalisme du rationalisme pur . La connaissance ne peut exister que dans le domaine de l'expérience possible ; au-delà, la raison « ratiocine », cad qu'elle raisonne à vide,elle outrepasse ses droits, comme le montre la « Dialectique transcendantale » de la « Critique de la raison pure » ; ainsi lorsqu'elle prétend démontrer l'existence d'un créateur qui ne peut être que postulée, car l'expérience n'en est pas possible.

Les idées de la raison ontune fonction unificatrice et systématique ; la raison a également une fonction pratique ; mais c'est quand elle prétend connaître des objetstranscendants (au-delà de l'expérience possible) qu'elle mérite de subir une critique. Mais Kant échappe aussi au scepticisme que semble entraîner l'empirisme : si la source matérielle de nos connaissances réside dans l'expérience, leur forme rationnelle les réinscrit dans l'ordre de la nécessité et de la certitude ; le savant ne produit pas desthéories au gré de sa fantaisie.

Ces théories scientifiques rétablissent un ordre universel de la connaissance, car elles appliquent à lamatière de l'expérience la forme rationnelle de l'entendement ; il y a donc bien des lois de la nature.

Ni idéalisme, ni empirisme, leKantisme laisse cependant subsister un problème redoutable : peut-on se résoudre à ce que la connaissance ne porte que sur desphénomènes, sans que les choses en soi soient jamais accessibles ? Les limites de la raison.

Dans le domaine de l'étude scientifique des phénomènes, rien ne saurait remplacer la raison et on peut même aller jusqu'à affirmer que « l'inexplicable » n'est qu'un provisoirement inexpliqué.

Mais comme Kant l'a montré, la raison est impuissante à rendre compte de l'Etre lui-même.

Nous ne pouvons connaître la réalité qu'à travers les formes « a priori » de la sensibilité (espace & temps), sortes des structures mentales qui sont la condition de notre perception des choses, et les formes « a priori » de l'entendement (« catégories »).

C'est pourquoi, seuls les phénomènes (l'apparaître) nous sont accessibles.

Au-delà du savoir, il y a donc un monde des noumènes (choses en soi) qui nous échappe.

Lorsque la raison tente de dépasser l'apparence pour essayer d'atteindre l'absolu, elle tombe dans d'inévitables contradictions, antinomies et paralogismes.

Unemétaphysique est impossible comme science.

En particulier, la raison ne saurait prouver la liberté de notre volonté, l'immortalité de l'âme, l'existence de Dieu. Avec le grand rationalisme classique inauguré par Descartes , la raison apparaissait comme l'instrument infaillible d'une critique des illusions, généralement imputées aux sens ou à l'imagination.Or, avec Kant, l'illusion est portée au coeur même de la raison.

Le rationalisme fait place au criticisme, cad à une critique permanente des moyens de la connaissance, et à un incessant procès de la raison contre elle-même et ses prétentions abusives.

C'est le sens de l'illusion transcendantale : la raison prétend connaître au-delà des limites del'expérience et déterminer des choses en soi, cad des objets qui ne sont pas donnés dans un phénomène sensible (le Moi, le monde, Dieu).L'illusion n'est plus seulement un déchet à éliminer ( Platon , Descartes ), mais elle est consubstantielle à l'instrument lui-même, la raison, qui se trouve empêtrée dans ses propres contradictions (antinomies : opposition d'une thèse et de son antithèse).

La « Dialectique transcendantale » est donc cette partie de la « Critique de la raison pure » où Kant examine comment la raison se contredit elle-même lorsqu'elle veut connaître au-delà de l'expérience. Et il est bien question ici d'illusion, et non d'erreur, car l'illusion transcendantale est inévitable, incorrigible, à l'inverse de l'erreur.

L'illusion transcendantale est un besoin structurelde la raison pure, et aucun effort d'attention ne peut y remédier.La connaissance est unification.

Pas de connaissance sans données sensibles ; mais les formes a priori de la sensibilité (espace et temps) unifient déjà les données de l'expérience.Puis cette expérience sensible est unifiée sous les catégories de l ‘entendement.

La raison, enfin, a pour destination d'unifier toute la connaissance en un système sous des idées,le moi, le monde et Dieu.

Ces idées ne sont donc que des formes organisatrices, ou des « principes régulateurs ».

Il y a illusion dès lors que la raison nous induit, par son essence même, à prêter à ces idées une valeur objective, et à vouloir faire de la psychologie et de la théologie des sciences à part entière, alors que nous n'avons aucune expériencesensible de ces objets, et ne pouvons en aucune façon en avoir.La dialectique a pour tâche de nous prémunir contre cette apparence trompeuse qui consiste à prêter une valeur objective à ces pures formes de la raison.L'illusion de la psychologie rationnelle (ou paralogisme) consiste à transformer le « je pense », forme a priori d'unification de mes connaissances, en un être substantiel, à faire du pur sujet de la pensée un objet de la pensée.

L'illusion peut alors se développer en une pseudo-science de la nature, de l'origine et de l'immortalité du moi.L'illusion cosmologique objectivise l'idée du monde comme unité suprême de l'expérience externe.

L'illusion se révèle à travers les quatre antinomies qui permettent, concernantquatre « propriétés » du monde, de soutenir à la fois la thèse et l'antithèse. ¨ Première antinomie : le monde a un commencement dans le temps et il est limité dans l'espace/ le monde n'a pas de commencement dans le temps et n'est pas limité dans l'espace.¨ Seconde antinomie : tout ce qui existe est composé d'éléments simples / il n'existe rien de simple dans le monde (divisibilité à l'infini). ¨ Troisième antinomie : tout n'est pas soumis au déterminisme, il existe une causalité libre / il n'existe pas de causalité libre. ¨ Quatrième antinomie : il existe un être nécessaire, comme partie ou cause du monde / il n'existe pas d'être nécessaire, ni dans le monde, ni en dehors. En l'absence du critère de l'expérience, la raison démontre aussi bien le pour que le contre.

Surgit alors le fantôme du scepticisme.

Mais Kant pense échapper au scepticisme justement en mettant à nu le sophisme, qui fait glisser d'une idée de la raison à son existence comme chose en soi objective.

La raison est à elle-même son propre remède : c'estla démarche critique.Il en va de même, enfin, concernant la théologie rationnelle qui entretient l'illusion de preuves de l'existence de Dieu, preuves que Kant démonte une à une, montrant leur valeur purement spéculative.Avant Kant, Hume avait déjà soumis ces trois idées, le moi, le monde, Dieu, à une critique définitive en en montrant la connaissance illusoire.

Mais Hume , en sceptique, concluait à l'inutilité, voire au caractère néfaste de ces idées pour la science, Kant, au contraire, malgré leur charge d'illusion, leur accorde un rôle positif suprême comme pôle d'unification systématique de la connaissance humaine.Les idées de la raison n'ont pas de valeur transcendante (objective), mais uniquement une valeur régulatrice et organisatrice dans l'interprétation de l'expérience.

Sans elles, pasde système, mais une simple juxtaposition de savoirs locaux (ce qui reproché à l'empirisme).Il reste que l'illusion interne à la raison et l'usage illégitime des facultés qu'elle provoque naissent d'un désir irrépressible, celui de faire connaître les choses en soi au-delà deslimites de l'expérience (usage transcendantal), ou pire, comme on vient de le voir, de constituer de simples conditions de la connaissance en objets de cette connaissance (usagetranscendant ou constitutif).D'où vient ce besoin qu'a la raison de franchir les limites de l'expérience et d'engendrer ainsi, non des erreurs contingentes et accidentelles, mais des illusions structurelles, desfaux problèmes inéluctables ? Pourquoi l'illusion transcendantale ne disparaît-elle pas, lors même qu'elle est dévoilée ?C'est que l'intérêt spéculatif trahit un intérêt encore plus haut de la raison, un intérêt qui la porte vers les choses en soi : l'intérêt pratique ou moral.L'intérêt pratique concerne trois objets : la liberté de la volonté, l'immortalité de l'âme et l'existence de Dieu.

Et c'est le besoin pratique de connaître les fins de l'action humainequi pousse la raison à l'usage transcendant des facultés.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles