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LÉVI-STRAUSS (Claude)

Publié le 23/01/2019

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LÉVI-STRAUSS (Claude), anthropologue français (Bruxelles 1908). Ethnologue, il a élaboré, pour mettre fin aussi bien à l'évolutionnisme qu'au fonctionnalisme, une méthodologie nouvelle {les Structures élémentaires de la parenté, 1949) qui fut, dans les années 60, prise en charge par la vogue du « structuralisme ». Pour Lévi-Strauss, l'ethnologie a pour tâche, en partant d'un relevé minutieux des pratiques sociales, de mettre au jour les structures cachées qui les déterminent : on considère ainsi que « les rapports entre les choses ont plus d'importance que les choses elles-mêmes ». Une telle recherche doit s'inspirer simultanément des théories mathématiques sur les faits de communication (celle-ci constituant, avec la circulation des services et des femmes, une des formes fondamentales de l'échange dans toute société) et des états les plus avancés de la linguistique (phonologie et linguistique structurale de Troubetskoï et Jakobson). D'autre part, elle emprunte une grande part de son matériau aux récits mythiques des groupes étudiés, considérés comme révélateurs des significations sous-jacentes aux comportements ; cet intérêt pour un corpus « littéraire » est particulièrement marqué dans la série des Mythologiques : le Cru et le Cuit (1964), Du miel aux cendres (1967), l'Origine des manières de table (1968), l'Homme nu (1971), dont l'ultime paragraphe compose une vision symétrique et inversée du final des Mémoires d'outre-tombe de Chateaubriand.

 

Lévi-Strauss a cependant abordé la littérature d'une manière plus directe : outre le véritable « roman de formation » que constitue Tristes Tropiques (1955) et les réflexions esthétiques contenues dans la Pensée sauvage (1962), il a, en collaboration avec R. Jakobson, procédé à un commentaire d'un poème de Baudelaire, les Chats. Il a d'autre part percé « une petite énigme mythico-littéraire » {le Temps de la réflexion, I, 1980 ; repris dans le Regard éloigné, 1983), réussissant à expliquer l'épithète donnée par Apollinaire dans un poème Alcools aux colchiques : « mères filles de leurs filles ». Offrant aux analystes littéraires un bel exemple d'interdisciplinarité, Lévi-Strauss montre qu'Apollinaire évoque une particularité botanique des colchiques, qui sont des clones (de reproduction hermaphrodite) dont les fleurs apparaissent (en automne) avant les feuilles et les graines (au printemps) : cette caractéristique était utilisée dès l'Antiquité chrétienne et le Moyen Âge dans les métaphores s'appliquant à la Vierge ; et le phénomène se rattache aux propriétés formelles du symbolisme (R. Thom, Modèles mathématiques de la morphogenèse, 1974) marquées par la réversibilité signifiant-signifié.

 

Lévi-Strauss propose ainsi à la critique une méthode : de même qu'il affirme que le vrai sens d'une conduite ne se révèle qu'au niveau en quelque sorte « inconscient » de la structure, on admettra que la signification d'un texte se tient en deçà de l'explicite, indépendamment de la volonté du sujet scrip-teur, et ne se révèle qu'au terme d'une double opération (d'analyse et de reconstruction) permettant l'élaboration d'un modèle intellectuel qui puisse ren

 

dre compte de la production du sens [la Potière jalouse, 1985).

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