Devoir de Philosophie

Le Capitaine Fracasse (résumé) Gautier

Publié le 13/12/2018

Extrait du document

gautier

Le Capitaine Fracasse

 

Promis depuis 1835, le Capitaine Fracasse ne parut qu’en 1861. De l’avis unanime de ses intimes, c’est dans

cette œuvre que Gautier prosateur a mis le meilleur de lui-même, et c’est pourtant son œuvre la plus méconnue, car elle n’est jugée que sur des apparences. Dans la mémoire du grand public, le Capitaine Fracasse est un roman de cape et d’épée, bien mis en valeur dans les adaptations cinématographiques qui en ont été faites.

 

Synopsis. — L'action du roman débute « entre Dax et Mont-de-Marsan », dans un château dont l'auteur décrit avec complaisance la lente désagrégation, et dans lequel vit, avec pour seuls compagnons un vieux domestique, un chat, un chien et un cheval, le dernier descendant d'une lignée jadis riche et puissante, le jeune baron de Sigognac.

 

Un soir d'hiver, une troupe de comédiens ambulants demande l'hospitalité au jeune seigneur, qui la leur accorde, malgré sa pauvreté, et qui décidera, le lendemain matin, de partir à l'aventure en compagnie de la troupe.

 

Le récit suit les déplacements de cette troupe — avec ses aventures dramatiques, grotesques ou comiques —, relatant ses activités, racontant les amours — parfois mouvementées — de ses membres.

 

Sigognac, amoureux platonique et sincère de la belle Isabelle, la jeune première, décide de remplacer l'acteur Matamore, qui est mort de froid dans une tourmente de neige, et, désormais, joue sur la scène le rôle du Capitaine Fracasse.

 

A Poitiers, Isabelle attire malgré elle l'attention du jeune duc de Vallombreuse, qui la poursuit de ses assiduités. Sigognac, qui s'est fait le chevalier servant d'Isabelle, déjoue le premier piège que lui tend Vallombreuse, en mettant en déroute les valets chargés de le rosser. Son honneur de comédien ainsi vengé, il venge son honneur de gentilhomme en provoquant en duel Vallombreuse, qu'il blesse assez sérieusement.

 

Malgré leur amour réciproque, Isabelle, par grandeur d'âme, refuse d'épouser Sigognac, dont, en tant que comédienne, elle ne se sent pas digne.

 

Isabelle n'échappe à un enlèvement machiné par Vallombreuse que grâce à la complicité de Chiquita, et la troupe se dirige sur Paris, dont l'auteur décrit minutieusement les tavernes et les activités populaires.

gautier

« moyen commode pour lui de se laisser aller à ses fantai­ sies, voire à ses fantasmes.

L'intérêt est ailleurs, dans ce qui peut paraître à 1' « in­ diligent lecteur» comme des à-côtés de l'œuvre.

L'im­ portant est dans la reconstitution d'une époque, « l'épo­ que Louis Xlii », avec le flou historique peut-être de l'expression, mais avec la truculence d'une société haute en couleur que le classicisme n'avait pas encore rabotée, nivelée; dans la peinture d'une suite de tableaux où triomphe l'art de la description de tout un monde, d'une extraordinaire précision; dans la résurrection du monde du théâtre avec le jeu si subtil entre les apparences et la réalité, jeu sur les apparences arrivant à modeler les personnalités des acteurs, mais dont les situations coïnci­ dent si bien avec celles de la réalité.

A la réflexion, on découvre l'omniprésence du théâtre: là où l'on croyait suivre un récit d'aventures, on voit se dessiner la struc­ ture d'une vaste pièce de théâtre dont l'auteur brosse d'abord un décor, des décors, pour y faire ensuite parler et agir des personnages dans une suite de scènes bien équilibrées.

L'intérêt, enfin, est dans la quête du bonheur par le héros, un idéaliste qui risque d'être écrasé par la dureté de l'existence mais qui poursuit son rêve avec une ardeur infatigable.

Si Gautier avait suivi sa dynamique propre, cette quête eût été vouée à 1' échec : Je premier dénouement qu'il avait écrit renvoyait Je héros, foudroyé dans tous ses rêves, à sa pauvreté initiale.

Sur les instan­ ces de son entourage, l'auteur accepta, par un pur artifice romanesque -la découverte miraculeuse et fortuite d'un trésor enfoui-.

Je dénouement optimiste que l'on connaît, où le héros triomphe de toutes les difficultés pour connaître la plénitude d'un amour partagé dans l'opulence retrouvée.

C'est donc une œuvre qui supporte différents niveaux de lecture : « roman pour la jeunesse», mais aussi jeu génial d'un auteur dans la plénitude de ses moyens, qui mystifie son lecteur en se livrant à l'une de ses passions favorites, la reconstruction d'une société disparue.

Le conteur fantastique Le conte -ou la nouvelle -fantastique jalonne la carrière de Gautier, de la Cafetière (1831) à Spirite (1 865) en passant par Omphale (1834), la Morte amou­ reuse (1836), Fortunio (1837), le Pied de momie (1840), Arria Marcella (1852), Avatar et Jettatura (1856).

Baudelaire le premier avait reconnu l'épanouissement du talent de Gautier dans ce genre : «Mais où il s'est le plus élevé, où il a montré le talent Je plus sûr et Je plus grave, c'est dans la nouvelle, que j'appellerai la nouvelle poétique ».

Spirite, la dernière œuvre importante de Gautier, peut être considérée comme son testament spirituel, non seu­ lement parce qu'elle reprend tous les grands thèmes, traités isolément ou fragmentairement dans les autres nouvelles, mais parce qu'elle en offre une synthèse cohé­ rente, en donnant des réponses positives aux questions angoissées que Je poète s'est posées toute sa vie à travers l'ensemble de son œuvre.

On connaît la part importante des éléments biographi­ ques dans cette œuvre qui est née et s'est épanouie à l'ombre de Carlotta Grisi, dont le visage rayonne sur toute la nouvelle : une « pâleur rosée ( ...

), ses cheveux, d'une teinte d'auréole, estompaient comme une fumée d'or les contours de son front ( ...

), des prunelles d'un bleu nocturne, d'une douceur infinie, et rappelant ces places du ciel qu'au crépuscule envahissent les violettes du soir ( ...

) ».

Le héros, Guy de Malivert, partage avec l'auteur sa vocation poétique et son talent de feuilleto­ niste, tout comme son goût pour les arts plastiques et pour les voyages, son incapacité à se prendre au jeu social et le culte qu'il voue à la beauté.

La technique de la nouvelle fantastique revêt une importance capitale aux yeux d'un auteur qui sait qu'il écrit pour Je public français, rationaliste de tempérament, et très sceptique en matière de surnaturel.

Gautier a donc soigné tout particulièrement la genèse du fantastique jus­ qu' à sa révélation irréfutable.

Dans un cadre qui est celui du milieu fashionable du second Empire, connu et rassurant, se produisent tout d'abord des événements infimes -une lettre qui est écrite sans que le héros en ait conscience; un soupir, une parole murmurée -qui peuvent trouver une explication rationnelle, et qui ne prennent une dimension inquiétante que par le trouble ressenti par Je héros et par les ques­ tions qu' i 1 se pose.

Le vocabulaire grâce auquel est ana­ lysé le psychisme du héros est révélateur : par des allu­ sions aux illusions des sens, par des expressions comme « avertissement du ciel », « impression de surnaturel », il crée un climat très particulier d'apparences trompeuses.

Le fantastique nécessite en second lieu un interprète et un guide : tel est le rôle dévolu au baron de Féroë, «penché, comme Swedenborg, sur l'abîme du mysti­ cisme».

C'est un personnage conventionnel dans son aspect, mais mystérieux dans son intimité.

Il se faü le mentor du héros en lui expliquant l'existence de l'« extramonde » et la puissance des esprits.

Par son caractère mesuré, il est un garant sûr et rassurant.

Le héros, Guy de Malivert, enfin, est loin d'être un homme quelconque : il est doué d'une intuition très fine de tout ce qui touche à l'idéalisme, et l'existence qu'il a menée, par une sorte d'ascèse sentimentale, lui a donné la pureté nécessaire pour vivre l'extraordinaire histoire d'amour qu'il va connaître.

Cette triple étape de préparation parcourue, le fantas­ tique peut éclater, avec l'apparition du visage de Spirite.

Au moment de cette apparition, J'habileté de Gautier consiste à mêler deux registres de description : il décrit Je réel avec des mots qui suggèrent une dimension qui lui est inconnue, et qui prend une valeur de symbole : par un jeu de lumières et d'ombres, les objets de la chambre de Guy sont animés d'« une vie fantastique», tandis que le regard se concentre irrésistiblement sur le miroir qui «paraissait d'un noir bleuâtre, indéfiniment profond, et ressemblait à une ouverture pratiquée sur un vide rempli d'idéales ténèbres», et c'est dans le miroir qu'apparaît le visage de Spirite.

Parallèlement, Gautier décrit l'extramonde, avec des termes qui! suggèrent une réalité, mais transcendée, de sorte qu'il brouille les pis­ tes : l'apparition a une existence dont Je héros ne doute pas, mais dont un homme ordinaire pourrait douter : « C'était bien les mêmes traits, mais épurés, transfigurés, idéalisés».

L'extramonde a, alors, juste assez de réalité pour que Je héros puisse l'apercevoir et en sentir l'attrait en même temps que la puissance.

Installé désormais dans le fantastique, Je récit peut se dérouler plus librement, avec des apparitions surnaturel­ les, selon une progression inéluctable vers J'apothéose du couple amoureux.

[Voir aussi FANTASTIQUE].

Malgré !"habileté dans le maniement de la technique narrative, le plaisir de conter ne semble pas une fin en soi, et la signification de J'œuvre est riche: le héros et l'héroïne, mus par la force de leur volonté, arrivent à transgresser les lois matérielles qui régissent le monde; par la force de leur amour, ils réussissent à vaincre la mort et à atteindre, dans le monde idéal, l'unité parfaite.

Gautier affirme ici avec confiance sa croyance dans une spiritualité qui triomphe dans l'unité originelle retrou­ vée: «Au centre d'une effervescence de lumière qui semblait partir du fond de l'infini, deux points d'une intensité de splendeur plus grande encore, pareils à des diamants dans la flamme scintillaient, palpitaient et s'ap­ prochaient, prenant l'apparence de Mali vert et de Spirite.

Ils volaient 1' un près de 1 'autre, dans une joie céleste et. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles