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Les nouvelles du Front - Les correspondants de guerre - Seconde guerre mondiale (Histoire)

Publié le 23/01/2019

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histoire

Les mots écrits sur les champs de bataille de la Deuxième Guerre mondiale furent presque aussi nombreux que les balles tirées sur ces mêmes théâtres

d’opérations. En Allemagne, dès le déclenchement des hostilités, le cerveau de la propagande allemande, Goebbels, disposait d’une équipe de correspondants et de photographes aguerris, prêts à entrer en action au côté des Panzer. Quant à la France et à la Grande-Bretagne, elles se lancèrent dans la guerre de la propagande, comme dans le conflit armé, avec des moyens et des techniques dépassés, ce qui leur valut d'être surclassées sur les deux plans.

 

La leçon profita à l’Union soviétique, aux Etats-Unis et au Japon, qui attendaient en coulisses de se joindre au combat. A mesure que la guerre s’étendait au monde entier, des centaines de correspondants de guerre entreprirent d’envoyer leurs « papiers » du front ou de leur hôtel.

UNE ARMEE D’ECRIVAINS

Bientôt, journalistes sportifs, rédacteurs de mode et échotiers rejoignirent les rangs de la grande armée de correspondants qui, vers la fin du conflit, était représentée sur tous les champs de bataille.

 

Cet afflux d’hommes que rien ne semblait destiner à de telles fonctions allait à l’encontre des principes de l’Armée britannique, qui souhaitait tenir les correspondants à l’écart des

combats, comme pendant la Grande Guerre. Kitchener avait choisi de communiquer au public britannique des « nouvelles » soigneusement filtrées et arrangées, que le colonel Ernest Swinton rédigeait sous la signature trompeuse de « témoin oculaire ».

 

En 1939, l’homme désigné pour le rôle de « témoin oculaire » présentait au moins l’avantage d’être un vrai journaliste : Alexander Clifford avait en effet été le principal correspondant en Allemagne de l’agence Reuter. A son arrivée au Q.G. du Corps expéditionnaire britannique en France, quinze jours après la déclaration de guerre, il eut la surprise de n’être pas autorisé à assister à des événements pouvant évoquer - même de très loin - la guerre, et de constater que les x censeurs pratiquaient des coupes sombres dans les papiers qu’il réussis- n sait à écrire. J

 

Pendant ce temps, les autres jouma-x listes que leurs rédacteurs en chef se § proposaient d’envoyer auprès des Jî Forces armées en tant que correspon- 2 dants se voyaient retenus à Londres, tandis que leurs références étaient vérifiées, leur rôle discuté et leur uniforme dessiné. Ils devaient être accrédités en tant que « correspondants de guerre », soumis aux lois militaires, et placés sous l’étroite surveillance d’officiers « traitants », qui avaient pour mission d’empêcher ces correspondants de rapporter quoi que ce fût d’intéressant - car tout était considéré

comme « utile à l’ennemi ».

 

Quant aux journalistes anglais en poste auprès de l’Armée française, ils étaient preque traités en espions tout comme les journalistes français. A l’époque, en effet, on considérait que pour les transmissions : « émettre, c’est trahir... », petite maxime qui explique bien les mentalités d’alors.

 

En l’absence de correspondant sur le littoral, les événements de Dunkerque furent rapportés de seconde main - d’autant même que les soldats n’avaient pas en principe le droit de photographier. Lorsqu’en mai 1940 les chars allemands se ruèrent en France, les correspondants furent trop occupés à échapper à l’envahisseur pour exercer leur métier. Noël Monks, du Daily Mail, écrivit ultérieurement : « Un monde s’écroulait autour de nous, mais il n’y avait aucun moyen de transmettre une ligne à nos journaux, tout simplement parce qu’il n’y avait plus de communications ni de censeurs ».

AU CŒUR DE L’ACTION

C’est la guerre du désert qui modifia du tout au tout la situation pour les correspondants. Les distances couvertes étaient si importantes - et les conditions de vie si éprouvantes -qu’on ne pouvait rester au cœur de l’action qu’au sein de l’Armée. En outre, les autorités prirent conscience de la nécessité de reportages véridiques rédigés sur le champ de bataille. Dans le cadre de la guerre totale, les populations devaient être tenues au courant du déroulement des opéra-

LA PRESSE FRANÇAISE DANS LA GUERRE

simple fait d’aborder le sujet militaire est pour un journaliste synonyme de contrainte. En effet, avant guerre et surtout après le déclenchement du conflit, les articles critiques sont bannis au profit de papiers lénifiants sur la Ligne Maginot, la Marine si puissante, l’Armée de l’Air en plein essor... Bref, toute critique sur la politique de Défense est inconnue. Pourtant, dans les années trente, il reviendra à la presse aéronautique de publier des articles parfois incendiaires sur, notamment, la jeune Armée de l’Air - la revue Les Ailes notamment se distinguera. Signalons aussi les articles de Camille Rougeron dans la revue La Science et la Vie, très prisés des cercles militaires car la politique en était absente.

 

Dès le premier jour de guerre, la presse fut placée sous le contrôle de la censure. Les journalistes admis dans la « zone des

 

Armées » donnèrent des articles tendance soporifique : l’Armée française étant présentée sans failles, et l’emphase du propos camouflait les déficiences militaires. Tout au long de la Drôle de guerre, la presse comme tout le pays marchait au pas derrière la bannière de la Liberté. Peu à peu les Français furent persuadés que leur Armée rayonnait de puissance, menée par des chefs infaillibles...

 

Le réveil fut brutal ! Dès le 10 mai 40, les Allemands avancèrent plus vite que la pitoyable propagande française, les événements eux-mêmes démentant les nouvelles diffusées par les médias de l’époque. Aussi des phrases comme « Les mensonges qui nous ont fait tant de mal » ou le tristement célèbre « Nous sommes trahis! » confirmèrent que la presse ne pouvait jouer son rôle que dans une totale indépendance face au pouvoir...

tions. Pour cela, il fallait que les correspondants soient sur l’événement et qu’ils soient autorisés - pour autant qu’une censure stricte et souvent stupide leur en laissât la possibilité - à rapporter exactement ce qu’ils voyaient.

 

Alex Clifford, enfin débarrassé de son rôle de « témoin oculaire », fit équipe avec son rival et ami Alan

 

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G

istoires de

uerre

Les correspondants de guerre ne rapportaient pas uniquement les actes d’héroïsme. Alors qu’Alan Moorehead était en Afrique du Nord, des milliers de prisonniers italiens tombèrent aux mains des Anglais. Il vit un jour cinq mille italiens sous le contrôle d’une trentaine de britanniques, totalement entourés par leurs prisonniers. Moorehead demanda au

sergent responsable des captifs ce qu’il allait faire d’eux : « Dieu seul pourrait le dire! Je ne sais même pas où ils sont censés aller. Je me contente de les mettre sur la route et de les faire avancer !

Moorehead du Daily Express (Clifford travaillait pour le compte du Daily Mail) pour couvrir avec talent la guerre qui opposait les Rats du désert britanniques à l’Afrika Korps allemand.

 

Leur situation nouvelle entraîna immanquablement l’implication des correspondants dans les combats. Lors d’une mission de bombardement sur la Sicile, l’avion à bord duquel se trouvait Clifford fut attaqué par des chasseurs allemands. Touché par une balle, le mitrailleur s’effondra. Clifford prit sa place et abattit un chasseur qui les attaquait...

LA BBC EN GUERRE

Parallèlement à l’évolution du conflit, le rôle des radioreporters de la BBC se développa. Des hommes tels que Richard Dimbleby, Chester Wilmot et Godfrey Talbot emportèrent leur équipement sur la ligne de front. En juin 1944, la BBC ne détacha pas moins de 48 correspondants sur le théâtre normand. Chester Wilmot accompagna les troupes aéroportées en Normandie, à bord d’un planeur Horsa. Un peu plus tard, au plus fort des combats de blindés du secteur de Caen, un officier hurla dans sa direction : « Mais qu’est-ce que vous foutez là? » Quand Wilmot lui eut expliqué, l’officier lui demanda, plus poliment

 

cette fois : « Pourriez-vous vous déplacer, Mr Wilmot? Nous allons ouvrir le feu. »

 

Richard Dimbleby et Guy Byam accompagnèrent des bombardiers de la RAF au-dessus de l’Allemagne, et purent ainsi faire ressentir à leurs auditeurs l’horreur de la guerre de bombardement. Byam paya de sa vie son courage : en février 1945, il fut tué en vol dans un appareil de l’USAAF.

 

De très nombreux correspondants de guerre étaient Australiens. Chester Wilmot, qui devait acquérir une grande popularité en Angleterre, se fit connaître alors qu’il rapportait les événements du siège de Tobrouk pour le compte de l’Australian Broadcas-ting Corporation. En 1944, il rejoignit le War Report Unit de la BBC, mis sur pied pour couvrir l’invasion de l’Europe par les Alliés. Il remporta un succès immédiat, grâce à ses reportages en direct du champ de bataille. Invité par Montgomery, il enregistra la capitulation allemande lors d’une mémorable émission du 4 mai 1945.

 

Un autre Australien, Wilfred Bur-chett du Daily Express, se rendit à Hiroshima en 1945 et dévoila au monde les effets d’une bombe atomique. Il évoqua pour la première fois les terribles conséquences des radiations sur l'homme - ce qu’il appelait « la peste atomique » - et déclara

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