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Comment la mort est-elle présentée dans le roman ?

Publié le 05/08/2014

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Comment la mort est-elle présentée dans le roman ?

En plus des meurtres qui constituent l'intrigue de la première partie, la mort ponctue le roman à trois reprises, chacune des trois parties se terminant sur une mort violente — M.V., le loup, Langlois —, dans un effet de répétition tragique, où la mise en scène prend de plus en plus d'importance.

(Un roi sans divertissement (1947) de Jean Giono.)

« 170 Une issue fatale Ce consentement de M.V.

et du loup renforce l'idée d'un destin inéluctable : à partir du moment où ils ont pris conscience de 1' ennui généré par leur condition d'êtres supérieurs et solitaires -tels les rois - et qu'ils ont choisi le meurtre gratuit comme divertissement, il était fatal que la mort, seule, pût y mettre fin.

Le mécanisme de cette fatalité tragique est démonté en détail dans la troisième partie, qui décrit l'évolution de Langlois vers une mort que tout annonce.

Par ses antécédents -les campagnes militaires en Algérie -, il a déjà goûté à la jouissance du meurtre, puis à l'ennui qui suivit son retour; l'enquête sur M.V.

lui fait comprendre ses motivations, son exécution lui rend le goût du sang, qu'il renouvelle avec la mort du loup, orches­ trée comme un divertissement.

À partir de ce moment, il essaie d'échapper à cette atti­ rance par d'autres divertissements, comme le bongalove et son labyrinthe de buis, ou son mariage, mais n'y parvenant pas, comme le prouve l'épisode de l'oie d' Anselmie, il décide de se suicider pour ne pas devenir un assassin.

Ill.

La mort contemplée Le sang sur la neige Le motif du sang sur la neige, emprunté à Perceval (voir question 17) apparaît pour la première fois à propos de l'ombre des fenêtres que le papillonnement de la neige qui tombe éclaircit et « rend d'un rose sang frais » (p.

15).

Il ne cesse plus ensuite de resurgir, provoquant ainsi chez Bergues, fatigué par une nuit de veille, cette remarque bizarre : «le sang, le sang sur la neige, très propre, rouge et blanc, c'était très beau.

>> (p.

25) Le loup lui-même à la fin de la battue paraît hypnotisé par le sang du chien de Curnier sur la neige (p.

146).

C'est ce même état de contemplation fascinée dans lequel est plongé Langlois, à la fin du roman, devant le sang de l'oie qui coule à ses pieds dans la première neige d'octobre (p.

243).

Fascination pour le spectacle de la beauté des couleurs violemment contrastées, fascination pour les prémisses de la cruauté qu'elles annoncent, fascination pour un divertissement hors nature mais plus puissant que tous les autres spectacles.

La mise en scène spectaculaire de la mort Les trois morts qui ponctuent le roman sont de plus en plus théâtralisées.

La mort de M.V.

est encore assez simplement mise en scène, une procession est conduite par un maître de cérémonie qui est aussi la victime mais qui choisit le lieu symbolique de sa mort -un hêtre -comme l'arbre où il cachait les corps.

Puis il fait face à Frédéric II et aux deux gendarmes transformés en spectateurs; entre eux et lui se trouve Langlois, qui l'exécute au bout d'une attente interminable.

La mort du loup est plus dramatisée, les spectateurs sont bien plus nombreux, le cadre -le fond de Chalamont -est inquiétant, le silence est pesant, seulement rompu par le crépitement des torches, la neige est cou­ verte de sang; le loup aussi fait face à son bourreau, Langlois, les bras en croix comme le Christ, semble en état de lévitation.

Enfin la mort de Langlois est la plus spectacu­ laire - un énorme éclaboussement d'or - mise en scène par lui, il ne peut pourtant la contempler mais il sort enfin des limites trop étroites de la condition humaine pour prendre « les dimensions de l'univers».. »

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