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Kant: toute notre connaissance débute avec l’expérience

Publié le 03/02/2020

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kant

« Que toute notre connaissance commence avec l’expérience, cela ne soulève aucun doute. En effet, par quoi notre pouvoir de connaître pourrait-il être éveillé et mis en action, si ce n’est par des objets qui frappent nos sens et qui, d’une part, produisent par eux-mêmes des représentations, et d’autre part, mettent en mouvement notre faculté intellectuelle, afin qu’elle compare, lie ou sépare ces représentations et travaille ainsi la matière brute des impressions sensibles pour en tirer une connaissance des objets, celle qu’on nomme l’expérience? Ainsi, chronologiquement, aucune connaissance ne précède en nous l’expérience et c’est avec elle que toutes commencent. Mais si toute notre connaissance débute avec l’expérience, cela ne prouve pas qu’elle dérive toute de l’expérience, car il se pourrait bien que même notre connaissance par expérience fût un composé de ce que nous recevons des impressions sensibles, et de ce que notre propre pouvoir de connaître (simplement excité par des impressions sensibles) produit de lui-même, addition que nous ne distinguons pas de la matière première jusqu’à ce que notre attention y ait été portée par un long exercice qui nous ait appris à l’en séparer. »

Kant

leurs là le caractère fondamental de sa philosophie transcendantale selon laquelle le sujet devient moi pur, législateur de la nature. Considérons maintenant la deuxième partie de ce texte.

« Mais si toute... séparer » : Kant semble ici insis-75 ter sur le caractère complexe de ce qu’il appelle l’expérience. L’expérience en tant qu’intuition, observation, est bien « chronologiquement » la première sorte de connaissance mais ces « impressions sensibles » ne suffisent pas et cette connaissance ne sau-80 rait être une vraie connaissance sans le concept. C’est ainsi que la connaissance est une production et si l’expérience en tant qu’intuition est le fondement de toute connaissance, on peut cependant affirmer qu’elle est nécessaire mais non suffisante : la connaissance fait 85 appel à la fois à une intuition et au concept (ou catégorie). Le concept est en effet l’outil, la médiation pour la construction d’une réalité qui sera phénoménale. En bref, si l’intuition est la condition de l’expérience, elle n’est pas suffisante et réclame le 90 concept, c’est-à-dire ce que Kant appelle la catégorie.

Voila donc pour l’explication de ce texte de Kant : la connaissance, loin d’être une simple réception, une simple connaissance sensible, est au contraire une élaboration du sujet : on est loin de la conception 95 d’Aristote pour qui l’expérience commune suffirait à la connaissance : nous savons maintenant avec Kant que toute connaissance fait appel à la fois à l’intuition, à ce qui frappe nos sens et à un concept, une catégorie (causalité...) qui servira à la construction d’une réalité 100 phénoménale. Il faut bien noter l’importance d’une telle position qui constitue une cassure nette avec les philosophies précédentes et qui est comparable à la révolution copernicienne opérée par Galilée. Cette philosophie kantienne est appelée philosophie trans-105 cendantale, le moi y est législateur de la nature et la connaissance, somme d’une intuition et d’un concept, n’est rendue possible que par cette activité du sujet connaissant qui ne fait que découvrir l’ordre qu’il a mis lui-même dans les phénomènes.

110 Maintenant que voilà expliquée la position kantienne quant à la formation de la connaissance, nous

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