Définition: EXCELLENT, -ENTE, adjectif.

Définition: EXCELLENT, -ENTE, adjectif. I.— Emploi adjectival. Qui est très bon. A.— En général. 1. [En parlant d'une chose ou d'une personne] Qui possède le maximum de qualités requises pour correspondre, presque parfaitement, à la représentation idéale de sa nature, de sa fonction ou pour manifester une très nette supériorité par rapport à d'autres choses ou personnes du même type. a) Domaine gastronomique. Qui possède le maximum de valeur alimentaire, de saveur, pour satisfaire, presque parfaitement, les besoins nutritifs, pour flatter le goût. Excellent(s) fruits, thé, vin; excellent déjeuner, souper. La graisse, qui leur paraît un mets aussi délicieux que l'excellent beurre, ou le meilleur fromage (Voyage de la Pérouse autour du monde (MILET DE MUREAU) tome 2, 1797, page 269 ). Un excellent chocolat, chaud, moiré, parfumé, et de succulentes grillades (ALPHONSE DAUDET, Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon, 1872, page 23 ). b) Domaine techniques, pratique. Qui possède le maximum de qualités requises pour procurer un sentiment de grand bien-être et confort, ou pour fournir très efficacement le résultat matériel attendu. Excellent(e) (s) affaire, chose, conditions, état, hôtel, occasion, tenue; excellent(e) appétit, santé. C'était une savante préparation (...), ce doit être un excellent antispasmodique. — Souverain (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Le Comte de Monte-Christo, tome 1, 1846, page 766 ). On a un excellent moyen (...) : la mère dort sur le dos, le petit entre les jambes; rien de plus pratique (...), c'est le bon système (LÉON FRAPIÉ, La Maternelle, 1904, page 268 ). Le chêne constitue un excellent bâti, très solide et prenant bien la colle, mais nombre de meubles plaqués sont faits de bois de bien moins bonne qualité (JACQUELINE VIAUX, Le Meuble en France, 1962, page 13) : Ø 1.... c'était une grande maison dont l'aspect donnait des idées de bien-être et de vie confortable; les appartements étaient nombreux, bien clos, bien meublés, de bons vieux meubles et d'excellents lits, sans ciselure, sans dorure, sans rien de tous ces misérables luxes par lesquels on remplace aujourd'hui les matelas et les lits de plume. ALPHONSE KARR, Sous les tilleuls, 1832, page 201. c) Domaine des activités humain en général Qui possède le maximum de qualités requises pour assumer, presque parfaitement, un rôle professionnel ou social, une entreprise quelconque. Excellent confrère, juge, maître, officier, ouvrier, serviteur, soldat. De bons cultivateurs, des citoyens paisibles, d'excellens pères de famille (MICHEL-GUILLAUME-JEAN, DIT SAINT-JOHN DE CRÈVECOEUR, Voyage dans la Haute Pensylvanie et dans l'état de New-York, tome 3, 1801, page 52 ). Ces jeunes gens sont instruits, travailleurs, ils examinent avec conscience leurs malades, sont d'excellents cliniciens (DOCTEUR RENÉ BIOT, Principes et techniques d'une politique de la santé publique, 1933, page 20 ). — Par analogie. Ils [les setters Gordon] sont d'excellents chiens de marais et vont courageusement au fourré (FRANÇOIS VIDRON, La Chasse en plaine et au bois, 1945, page 116 ). d) Domaine des arts. — Qui possède le maximum de valeur esthétique pour répondre, presque parfaitement, aux critères du beau, du bon goût. Il résulte de cette rare et merveilleuse unité, en même temps que des proportions excellentes de toutes les parties de l'édifice, un ensemble qui produit sur l'âme une impression de douceur pieuse et de satisfaction intime (CHARLES, COMTE DE MONTALEMBERT, Histoire de Sainte Elisabeth de Hongrie, duchesse de Thuringe (1207-1231), 1836, page 346 ). Tout dans cet excellent portrait, les chairs, les ajustements, le fond, est traité avec le même bonheur (CHARLES BAUDELAIRE, Salon de 1845, 1845, page 41 ). — Qui possède de grandes qualités artistiques. Excellent acteur. Synonyme : accompli. Cette collection prouve que les gens qui ont pillé les églises et les couvents sont d'excellents artistes et d'admirables connaisseurs (THÉOPHILE GAUTIER, Tra los montes, 1843, page 63 ). Il était excellent musicien, possédait son métier (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, La Foire sur la Place, 1908, page 664 ). Après s'être montré habile dans tous les genres, Aimé Morot se contente d'être un excellent portraitiste (LOUIS HOURTICQ, Histoire générale de l'art, La France, 1914, page 410 ). e) Domaine intellectuel, littéraire. — Qui possède le maximum de qualités requises pour répondre, presque parfaitement, à certains critères logiques, stylistiques, etc. Excellent(e) goût, jugement, mémoire, méthode; excellent(e) (s) article, école, étude, livre, pages, plaisanterie, traduction; paraître, rester, trouver excellent. Quelles que soient les critiques, (...) je lirai avec reconnoissance et plaisir celles qui me paroîtront judicieuses (car une bonne critique est un excellent conseil) (STÉPHANIE FÉLICITÉ DUCREST DE SAINT-AUBIN, COMTESSE DE GENLIS, Les Chevaliers du Cygne, tome 1, 1795, page XVII. ). Chaque livre lui semblait renfermer quelque excellente maxime, quelque bonne théorie qu'il adoptait aussitôt (JULES RENARD, Journal, 1889, page 30) : Ø 2.... quelle délicatesse dans la peinture des sentiments! Si nul démon majeur n'habite Jane Austen, en revanche une compréhension d'autrui jamais en défaut, jamais défaillante. La part de satire est excellente et des plus finement nuancées. Tout se joue en dialogues et ceux-ci sont aussi bons qu'il se puisse. Certains chapitres sont d'un art parfait. ANDRÉ GIDE, Journal, 1944, page 272. — Qui est doué en matière intellectuelle, qui possède un grand talent littéraire. Quel excellent écrivain vous êtes, l'esprit prend les grâces du corps le plus souple, quel bel usage de la syntaxe (PAUL CLAUDEL, Correspondance [avec André Gide] , 1906, page 66 ). Il avait toujours été un excellent élève. Bonnes notes en philo, en physique et chimie, en sciences naturelles (LOUIS ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, page 297) : Ø 3. Excellent écrivain, facile, harmonieux, lumineux, spécieux, spacieux, il tenait, autant qu'aucun des plus illustres, sa place dans le siècle; c'est un de ces génies, si j'ose dire, qui décorent le mieux les fonds et le ciel d'un siècle; — c'est une grande image. Le succès littéraire et mondain que n'avait pas eu Descartes, c'est Malebranche qui l'a eu. CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 5, 1859, page 215. f) Domaine moral, religieux, idéologique. Qui possède le maximum de qualités, de vertus requises pour répondre, presque parfaitement, à certaines exigences morales, pour jouer un rôle spirituel très bénéfique. Excellent(e) (s) choix, éducation, effet, exemple, impression, nouvelles, raison, résultats; excellent(e) famille, parti. Il jouit, dans son quartier, de toute la considération que lui donne une excellente réputation, une probité exemplaire (VICTOR-JOSEPH ÉTIENNE, DIT DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée-d'Antin, tome 2, 1812, page 214 ). Les hautes et excellentes qualités de son âme (EMMANUEL DIEUDONNÉ, COMTE DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, tome 1, 1823, page 957 ). — Substantif. Il en est parmi eux d'excellents; c'étaient les excellents de naguère; ils ont cette modestie de croire qu'ils ne doivent qu'à leur conversion cette excellence. Trouvent ici leur lieu ces âmes exquises sans s'avouer qu'elles eussent été, sous n'importe quel étendard, exquises (ANDRÉ GIDE, Feuillets d'automne, 1937, page 1285 ). g) Domaine des relations interpersonnelles, sociales. — Qui permet, exprime de très bons rapports avec autrui. Excellent(e) (s) accueil, dispositions, esprit, humeur, intentions, manières; être, rester en excellents termes. D'excellentes façons, une exquise politesse, une douceur de manières aristocratique (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1862, page 1055 ). — Qui est d'un heureux caractère, d'un commerce agréable. Le Docteur Parpalaid est un excellent homme. Nous avions les meilleures relations privées (LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Knock, 1923, II, 3, page 10 ). Un excellent garçon plein de sagesse et de bonhomie (FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, page 372) : Ø 4. Tous ceux qui ont connu particulièrement Talma, s'accordent pour dire qu'il avait d'excellentes qualités. Il était serviable, généreux jusqu'à la prodigalité, et excellent camarade. Je ne l'ai vu en particulier que quatre ou cinq fois. Il avait de fort bonnes manières dans le monde. ÉTIENNE-JEAN DELÉCLUZE, Journal, 1826, page 353. · Péjoratif. Dans la majorité se trouvent des niais qui affectent les airs d'hommes d'esprit (...) ces excellentes natures qu'un rien contente, qu'un ruban rallie à jamais, (...) braves gens, qui mangent volontiers leur pain à la fumée! (LOUIS REYBAUD, Jérôme Paturot à la recherche d'une position sociale, 1842, page 343 ). 2. [Avec une valorisation affective; en parlant d'une personne, d'un aspect de son comportement] Qui a une grande bonté de coeur, qui est porté à considérer, traiter les autres de façon extrêmement favorable, qui témoigne d'une générosité exceptionnelle. Excellent(e) créature, femme, fille, personne, sujet. Synonymes : brave, dévoué. Les femmes (...) de figure douce et remarquablement jolies, ont d'excellents airs féminins, pleins d'une bénignité voluptueuse (GUSTAVE FLAUBERT, Par les champs et par les grèves, 1848, page 173 ). La mère Alippe, une petite vieille toute ronde et toute bonne, un excellent coeur de femme (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Histoire de ma vie, tome 3, 1855, page 80 ). D'excellentes gens qui tout de suite vous voulaient du bien (PIERRE DRIEU LA ROCHELLE, Rêveuse bourgeoisie, 1939, page 56 ). — Par extension. Merci, mon cher ami, pour votre excellente lettre. Elle m'a été une grande joie et un grand secours (ERNEST RENAN, Souvenirs d'enfance et de jeunesse, 1883, page 401 ). — Familier. Voilà un excellent garçon, trop bon, stupide de confiance et de bonté (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Monsieur Parent, 1886, page 604 ). Remarque : 1. Comme bon (mais avec un degré supérieur dans l'intensité), excellent tend à se vider de son contenu sémantique positif pour devenir un simple intensif. D'où son association, apparemment paradoxale, avec des termes ayant un caractère négatif. Reçu « Durendal », revue belge d'une sottise excellente, qui publie à mon insu un de mes inédits (...). Publication inautorisée, défectueuse et préjudiciable (LÉON BLOY, Journal, 1897, page 259). 2. On rencontre dans la documentation un emploi de excellent qui rappelle l'expression bon (ne) premier (ière), où bon marque une valorisation intensive (confer bon1 I A 2 a remarque). Nous étions huit à courir (...) et j'arrivais excellent premier, battant Carillon de sept à huit longueurs (FEUILLET, Morte, 1886, page 17). B.— Par affaiblissement (dans des formules appellatives) 1. [En s'adressant directement à la personne concernée] Il vint au-devant mon père, et lui prit les mains. « Mon ami, lui dit-il, mon excellent ami! » (CLAIRE DE KERSAINT, DUCHESSE DE DURAS, Édouard, 1825, page 118 ). — En particulier. [dans une formule épistolaire] Adieu, mon cher, mon excellent ami (GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, Lettres diverses, 1794, page 606 ). Et tout à vous, cher et excellent ami (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1876, page 285 ). — Argot. Excellent bon. " Cher ami " (Dictionnaire historique des argots français (GASTON ESNAULT)). Confer bon1 exemple 49. 2. [En évoquant une personne absente, généralement précédé de notre et avec une nuance de familiarité] Je viens de voir notre excellent abbé de Lamennais (...). Il m'a demandé bien affectueusement de tes nouvelles (VICTOR HUGO, Correspondance, 1825, page 410 ). Il [Philéas] joignait à toutes ses demandes de santé relatives aux personnes absentes les épithètes de cher, de bon, d'excellent (HONORÉ DE BALZAC, Le Député d'Arcis, 1847, page 296 ). C.— Emploi interjectif. [Excellent est invariable et marque une très vive satisfaction, approbation] Mais enfin (...) Moi, je l'aime comme une bête! — Excellent, cela, général (OCTAVE FEUILLET, Monsieur de Camors, 1867, pages 184-185 ). Remarque : (relative aux emplois I). Excellent marque un degré très élevé dans l'échelle des valeurs, mais non le summum. Il peut donc s'accompagner (dans la langue littéraire vieillie) d'adverbe d'intensité qui expriment une certaine relativité. Adieu, bien cher et bien excellent père (Victor Hugo, Correspondance, 1825, page 397). La blague n'est pas mauvaise! Et il la jugeait, en effet, si excellente! si excellente!! si supérieurement excellente!!! (Georges Courteline, Train 8 h 47, 1888, 2e. partie, 4, page 133). La plus excellente des géhennes (Joris-Karl Huysmans, Là-bas, tome 1, 1891, page 230). Une très excellente et bienfaisante conversation (Charles du Bos, Journal, 1923, page 403). II.— Emploi comme substantif masculin singulier invariable avec valeur de neutre. L'excellent. Ce qui est très bon, de très haute qualité. Un furieux appétit de lecture, où s'engouffraient l'excellent et le pire, si avides d'admirer, que souvent des oeuvres exécrables les jetaient dans l'exaltation des purs chefs-d'oeuvre (ÉMILE ZOLA, L'Œuvre, 1886, page 39 ). Tout l'excellent, toute l'âme de Metz prête à se laisser soulever (MAURICE BARRÈS, Colette Baudoche, 1909, page 240 ). Il ne faut pas calculer avec la vie pour n'en retenir que l'excellent : on est frustré. La vie n'est riche que dans sa plénitude agitée et bourbeuse (JACQUES CHARDONNE, Claire, 1931, page 108) : Ø 5.... il se peut fort bien que l'état social à l'américaine vers lequel nous marchons (...), ne soit pas plus insupportable pour les gens d'esprit que les états sociaux mieux garantis (...). « L'ère de la médiocrité en toute chose commence, disait naguère un penseur distingué. L'égalité engendre l'uniformité, et c'est en sacrifiant l'excellent, le remarquable, l'extraordinaire, que l'on se débarrasse du mauvais. Tout devient moins grossier; mais tout est plus vulgaire. » ERNEST RENAN, Souvenirs d'enfance et de jeunesse, 1883, page XVII. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 5 833. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 9 493, b) 11 098; XXe. siècle : a) 7 131, b) 6 466. Forme dérivée du verbe "exceller" exceller EXCELLER, verbe intransitif. Être excellent (dans tel domaine), réussir par excellence à faire (telle chose). Exceller à + substantif ou infinitif (donner, faire,...), exceller dans/en + substantif. A.— [Par référence au sens C 1 de (par) excellence] 1. [Le sujet désigne une personne qui est comparée, explicitement ou non, à d'autres personnes de la même catégorie] Se montrer supérieur à tout autre (dans tel domaine d'activité); être, plus que tout autre, représentatif (dans un genre donné). (Quasi-)synonymes : l'emporter sur, prédominer. Le désir d'exceller et de primer en tout (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Causeries du lundi, tome 2, 1850, page 228 ). a) Domaine des activités pratiques, techniques, ou du comportement en général Une tribu de cousins qui excellaient dans la fabrication des fromages, et s'étaient acquis un rang distingué dans l'éducation des bestiaux (LOUIS REYBAUD, Jérôme Paturot à la recherche d'une position sociale, 1842, page 304 ). Si un pays excellait dans la navigation, il serait l'universel transporteur (ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1931, page 1027) : Ø 1. J'ai beaucoup voyagé, mais nulle part, monsieur, je n'ai trouvé si bon accueil qu'à Paris. Vous excellez dans l'art de rendre la vie agréable; peut-être est-ce là votre seule excellence; en tout cas, pour qui veut simplement causer et s'amuser, cette ville-ci est le paradis. HYPPOLYTE-ADOLPHE TAINE, Notes sur Paris, 1867, page 20. b) Domaine des arts. Toutes sortes d'afféteries attendrissantes, à quoi excellait principalement le sieur Léandre, un des meilleurs amoureux de la province (THÉOPHILE GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, page 204 ). c) Domaine intellectuel, littéraire J'ai lu son « Roman de la momie » (...) Pour la couleur, M. Gautier y excelle; je n'ai nulle part rien vu de plus égyptien; le bleu et le vermillon surtout sont de première qualité (LOUIS VEUILLOT, Les Odeurs de Paris, 1866, page 256 ). Balzac donne à la fois son meilleur et son pire; incomparable dans l'excellent, mais fort au-dessous de Zola dans le mauvais et précisément là où Zola eût excellé (ANDRÉ GIDE, Journal, 1935, page 1225) : Ø 2. Certains esprits peuvent être regardés comme les fléaux du ridicule (...). Cicéron, à cet égard, paraît avoir été le Voltaire de Rome ancienne, il excellait dans ce genre d'escrime, où Marc Antoine, son rival d'éloquence, ne trouva d'autre moyen de le vaincre que de le faire assassiner. VICTOR-JOSEPH ÉTIENNE, DIT DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée-d'Antin, tome 3, 1813, page 77. d) Domaine moral, idéologique; absolument. Il s'attaqua (...) à ce besoin d'exceller et de se distinguer, de se tirer du pair par un genre suprême qui mît sans cesse un abîme entre elle et la tourbe des esprits vulgaires (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 4, 1859, page 516 ). 2. [Le sujet désigne une personne dont les qualités sont comparées, explicitement ou non, au but idéal à atteindre, dans tel domaine d'activité] Atteindre quasiment la perfection. a) Domaine des activités pratiques, techniques, ou du comportement en général L'industrie se compose de la théorie, de l'application, de l'exécution. Ce n'est qu'autant qu'une nation excelle dans ces trois genres d'opérations, qu'elle est parfaitement industrieuse (JEAN-BAPTISTE SAY, Traité d'économie politique, 1832, page 80 ). Les Paimpolaises, qui d'abord s'étaient méfiées de son talent d'ouvrière improvisée, (...) avaient vu, au contraire, qu'elle excellait à leur faire des robes qui avantageaient la tournure (JULIEN VIAUD, DIT PIERRE LOTI, Pêcheur d'Islande, 1886, page 293 ). Il excellait à distiller de ces petites baies une savoureuse eau-de-vie (MAURICE BARRÈS,La Colline inspirée, 1913, page 271 ). b) Domaine des arts. Mon cousin sait peindre parfaitement, et excelle pour la ressemblance dans les portraits (GABRIEL SÉNAC DE MEILHAN, L'Émigré, 1797, page 1652 ). c) Domaine intellectuel, littéraire, moral, idéologique. Alfieri qui, quand il le voulait, excellait dans tous les genres, a fait dans son Saül un superbe usage de la poésie lyrique (GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, Corinne ou l'Italie, tome 1, 1807, page 352 ). Raffinement de style. Presque tout le monde y excelle aujourd'hui. C'est un art devenu commun. En un mot, l'exquis est partout, le satisfesant nulle part (JOSEPH JOUBERT, Carnets, Paris, Gallimard, 1938 [1814] , page 806 ). Il excellait dans l'homélie. Ses instructions pastorales sont des modèles d'éloquence parénétique (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, L'Orme du mail. 1897, page 82 ). B.— [Par référence au sens C 2 de (par) excellence; le sujet désigne une personne dont les qualités sont comparées, explicitement ou non, les unes par rapport aux autres, de façon à dégager la plus importante] Être particulièrement doué, habile pour faire telle chose, exercer son principal talent dans tel mode d'expression, tel domaine d'activité. 1. Domaine des activités pratiques, techniques, ou du comportement en général Ils ne pouvaient même réussir dans la culture des terres, qui était leur seule affaire. (...) Ils n'excellaient que dans le métier des armes (ALEXIS DE TOCQUEVILLE, L'Ancien Régime et la Révolution. 1856, page 221 ). Ce jeune homme ne savait qu'ôter et remettre sa casquette, et le faisait parfaitement bien. Ayant compris qu'il était incapable d'autre chose et qu'il excellait dans celle-là, il l'accomplissait le plus grand nombre de fois qu'il pouvait (MARCEL PROUST, Sodome et Gomorrhe, 1922, page 772 ). — Absolument. C'est aux enterrements que je me surpasse. J'excelle, vraiment. Je marche d'un pas lent dans des banlieues fleuries de ferrailles (ALBERT CAMUS, L'Été, 1954, page 168 ). 2. Domaine des arts. Toute la cruauté et en même temps la puérilité des Japonais apparaissent ici dans des « monstres ». (...) Les sujets du Séogoun excellent à ce genre de travail baroque (MAXIME DU CAMP, En Hollande, 1859, page 67 ). Les Allemands excellent donc dans le domaine musical, pour la même raison que les Péruviens ont excellé dans l'art du tissage, à cause de leur spécialisation (ROBERT HARRY LOWIE, Manuel d'anthropologie culturelle, 1936, page 231 ). 3. Domaine intellectuel, littéraire, moral, idéologique. La femme excelle à agrandir, à sanctifier tout avec son imagination et son coeur, quand l'homme diminue tout avec son esprit critique (HENRI DE MONTHERLANT, Les Jeunes filles, 1936, page 1025 ). — Absolument. Mon opinion est qu'il [Gide] ne parlait jamais si bien que de lui-même, mais là il excellait (JULIEN GREEN, Journal, 1950-54, page 295 ). — Par personnification. [Le sujet désigne une valeur abstraite] Incapable de s'attaquer à la vie contemporaine, (...) inapte à expliquer les ruses compliquées d'une cervelle indifférente à l'état de grâce, cette langue excellait cependant aux sujets abstraits (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, À rebours, 1884, page 193 ). La grâce excelle à susciter les compensations, à envoyer la maladie, quand le monde nous fête (...); elle recrée sans cesse l'équilibre détruit par le triomphe apparent d'un homme ou par ses désastres (FRANÇOIS MAURIAC, Journal 2, 1937, page 149 ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 378. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 516, b) 498; XXe. siècle : a) 565, b) 560.