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Arendt: Art et durabilité

Publié le 26/03/2005

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arendt
En raison de leur éminente permanence, les oeuvres d'art sont de tous les objets tangibles les plus intensément du monde ; leur durabilité est presque invulnérable aux effets corrosifs des processus naturels, puisqu'elles ne sont pas soumises à l'utilisation qu'en feraient les créatures vivantes [...] qui ne peut que les détruire. Ainsi leur durabilité est-elle d'un ordre plus élevé que celle dont tous les objets ont besoin afin d'exister ; elle peut atteindre à la permanence à travers les siècles. Dans cette permanence, la stabilité même de l'artifice humain qui, habité et utilisé par des mortels, ne saurait être absolu, acquiert une représentation propre. e part la durabilité pure du monde des objets n'apparaît avec autant de clarté, e part, par conséquent, ce monde d'objets ne se révèle de façon aussi spectaculaire comme la patrie non mortelle d'êtres mortels. Tout se passe comme si la stabilité du monde se faisait transparente dans la permanence de l'art, de sorte qu'un pressentiment d'immortalité, non pas celle de l'âme ni de la vie, mais d'une chose immortelle accomplie par des mains mortelles, devient tangible et présent pour resplendir et qu'on le voie, pour chanter et qu'on l'entende, pour parler à qui voudra lire. Arendt

Le texte a pour objet la présentation de la spécificité des œuvres d’art, que ce soit ontologiquement ou dans leur mode d’être au monde. Il s’avère que les œuvres sont des objets à part entière, qui marquent leur différence par le rapport entretenu avec la temporalité.

A la différence des objets quotidiens, l’œuvre fait écho à la part immortelle du travail des mortels, puisqu’elle échappe au processus de consommation.

La thèse de l’auteur repose sur le fait que le dialogue avec une œuvre est synonyme d’échange avec une sphère privilégiée de l’humanité, celle des créations insoumises aux épreuves du temps, qui peut renaître pour qui le veut sous une forme sensible. L’intérêt philosophique du texte repose principalement sur la distinction entre le monde des œuvres, inaltérable ou presque, et celui de la consommation, rendant ainsi quasi-impossible une relation d’assujettissement de l’art à l’humain : il faut, pour aborder le monde de l’art, non pas vouloir s’approprier, mais recevoir, et ce à la différence du mode d’être qui se développe à cause de la technique. Le monde de l’art est synonyme de déploiement de la part immortelle des actions humaines.

 

 

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