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Autrui m'est-il indispensable ?

Publié le 27/02/2008

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Nous avons besoin d'autrui parce qu'il nous aide à nous constituer, mais aussi parce qu'il donne épaisseur et sens au monde.. En effet, sans autrui, sans le regard d'autrui sur soi, on ne saurait atteindre la conscience de soi. C'est une erreur d'imaginer que je puisse me découvrir en faisant abstraction du monde et des autres, comme le suggère le doute cartésien. Le regard que l'on peut avoir sur soi dépend du regard qu'autrui a de soi : l'autre est un médiateur entre moi et moi-même. Ainsi pour Hegel une conscience ne peut être véritablement une conscience que si elle est reconnue comme tel par une autre conscience. Dans une même lignée, Sartre affirme que je me vois tel qu'autrui me voit et autrui est constitutif de la conscience de soi spontanée que chacun a : ce qu'on est pour soi, c'est d'abord ce qu'on est pour autrui.   3. Autrui comme fondement de mon être m'oblige à le respecter Ainsi, pour Levinas, le fait qu'autrui soit au fondement même de mon être, soit la condition nécessaire de ma propre constitution, m'oblige à respecter autrui. Pour lui, le visage d'autrui porte l'interdiction de la violence, le "tu ne tueras point". Autrui est donc avant tout celui qui fait naître en moi l'exigence éthique.

L'homme ne vit pas seul, il est confronté en permanence à d'autres personnes.  L'existence la plus quotidienne n'en finit pas de nous mettre en contact avec l'altérité. Mais qu'est ce qu'autrui? C'est d'abord l'autre, le différent. Mais généralement nous privilégions sous le nom d'autrui les seuls êtres humains parce que je sens, je présuppose qu'ils partagent avec moi une façon d'être, de voir le monde que le reste des choses n'ont pas. Pourtant, l'homme vit d'abord dans la solitude de sa conscience et loin d'avoir besoin de l'autre, il semble même être gêné par la présence d'autrui. C'est que le rapport entre humains se définit souvent par le conflit, l'autre a envers moi de l'agressivité. Et pourtant l'homme pourrait vraiment être humain sans l'autre? Pourrait-il survivre sans l'aide des autres?

« bon exercice pour le lecteur de la tenter.

Sur cette médiation entre moi et moi par l'autre, Sartre se reconnaîttributaire de Hegel, qui a montré, dans la Phénoménologie de l'Esprit, que la lutte pour la reconnaissance doit avoirpour aboutissement cette certitude : je suis un être pour soi qui n'est pour soi que par un autre.

L'intérêt de laformule de Sartre, c'est qu'elle pose le problème d'autrui en deçà, en quelque sorte, de la question de laconnaissance de soi et qu'elle en apparaît comme le fondement.

3.

Autrui comme fondement de mon être m'oblige à le respecter Pour Lévinas, l'éthique est la « voie royale vers l'absolument autre » (Préface).

En effet, le désir d'infini n'est pas undésir au sens habituel et négatif de manque mais une expérience sans retour possible de soi vers l'autre, du familiervers l'étranger.

Car « l'absolument autre, c'est autrui » (Rupture de la totalité), autrui n'est donc pas la négation demoi-même, ce qui impliquerait encore une relation d'identité, mais il est positivement « l'absolument autre ».

Autruime révèle le sens de l'éthique comme « rapport non allergique du Même et de l'Autre » (L'Être comme bonté).L'éthique trouvant son sens premier dans la relation de face à face, elle présuppose une ouverture à « l'absolumentautre » que seul le visage d'autrui permet d'entrevoir.

L'éthique est bien originellement une « optique » mais sansimage, car la vision est encore une totalisation.

Or le visage empêche le regard de se fixer, il nous tourne vers unau-delà, un ailleurs ; il figure « l'infiniment autre » qu'on ne parviendra jamais à totaliser.

Le visage d'autrui se donneà voir comme « révélation » de l'Autre dans sa nudité et sa fragilité.

Il m'appelle alors à la responsabilité infiniedevant lui.

Ainsi, pour Levinas, le fait qu'autrui soit au fondement même de mon être, soit la condition nécessaire de ma propreconstitution, m'oblige à respecter autrui.

Pour lui, le visage d'autrui porte l'interdiction de la violence, le "tu netueras point".

Autrui est donc avant tout celui qui fait naître en moi l'exigence éthique.En effet, tant que l'homme ne vit sans connaître l'homme, il ne peut pas faire la différence entre ce qui luiappartient, le monde et ce qui n'est pas lui.

Levinas affirme que le règne du même est le règne de la guerre.L'irruption d'autrui dans mon monde, me confronte avec ce que je ne peux maîtriser.

Autrui me résistera toujours.Même sous la menace, il peut user de sa liberté et refuser de me donner ce que je lui demande.

Autrui est donc cequi interrompt l'illusion de puissance et la violence de l'individu.S'ouvrir à autrui est donc un gage d'humilité, la prise de conscience que je ne suis pas le centre du monde, que jene suis unique et seul au monde.

Ainsi, comme l'explique Freud, le petit enfant est persuadé que tous ses désirsseront assouvis selon le principe de plaisir, c'est à travers ce que les autres lui accordent ou lui interdisent qu'ilprend conscience qu'il ne lui est pas tout permis de faire, en quelque sorte, qu'il n'est pas le maître du monde.Respecter autrui, c'est alors le poser comme limite à mon droit naturel d'user de toutes choses et des autres à monprofit.

Autrui me destitue de mon amour-propre et de l'égocentrisme.

Dans un premier temps, l'individu s'éprouve lui-même par l'introspection, dans la solitude de sa conscience et sil'autre intervient, c'est généralement pour entraver sa liberté et son bonheur.

Mais nous vivons dans un monde où larencontre de l'autre est perpétuel, nous partageons le monde avec autrui.

L'homme est un être social, d'une partparce qu'il a besoin de l'aide des autres pour subsister mais aussi parce que sans l'autre, l'homme ne peut pasréellement prendre conscience de lui-même, seul la médiation par autrui lui permet de savoir ce qui lui appartient etce qui lui est étranger.

Mais, d'autre part, de par ce fait même, l'homme a une obligation envers autrui, celle durespect.

Et la confrontation avec ce dernier lui permet de trouver l'humilité et d'abandonner l'idée qu'il est le maîtredu monde.

Cette limitation par l'autre de ma puissance est la seule condition pour me faire devenir pleinementhumain.. »

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