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Le beau naturel et le beau artistique. Doit-on les rapprocher ou les opposer ?

Publié le 12/01/2010

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   Introduction. — Le beau est une idée. Nous exprimons nos jugements tantôt par référence au beau naturel, tantôt par référence au beau artistique.    I. — Analyse de l'idée de beau.    a) Sensibilité immédiate.  b) Sensibilité et activité créatrice.  c) Le plaisir (aspect subjectif).    II. — Le beau et la création artistique.    a) Il n'y a pas de beau naturel.  b) Le comportement esthétique conscient.  c) Universalité du beau (nécessité).    III. — Du beau artistique au beau naturel.    a) L'inutilité du beau.  b) L'intégration de l'expérience artistique à la perception.  c) La découverte de la nature et de sa beauté.  Conclusion. — L'homme embellit la nature.   

« activité qui transforme les matériaux naturels en objets humains.

En un sens, il y a là un phénomène qui n'est pasnaturel, comme le soulignent les termes d'artisanat ou d'art, lorsqu'ils suggèrent quelque chose d'artificiel.La notion du beau ne peut donc pas, comme le veulent les théories « naturalistes », ressortir au domaine du naturel.L'expérience du beau arrive à travers une longue élaboration et la subjectivité humaine y devient dominante etconstruit le beau, comme aussi, à travers une culture et une civilisation, s'enrichissent et se transforment lesnotions d'agréable ou de désagréable, et gagne en complexité le plaisir même.

De la même façon que les êtres, lesobjets, les situations prennent à travers l'activité intellectuelle au sens le plus large du mot qui les transforme enreprésentations, des physionomies morales, de même nous pouvons dire que le beau n'est pas dans les choses, lesêtres ou les situations mais qu'il s'intègre à la vision de ceux-ci, lorsque les comportements esthétiques sontdevenus conscients.On peut rendre compte ainsi du passage de ce que Kant appelait le deuxième moment du jugement de goût, c'est-à-dire l'agréable, qui n'est rien d'autre que ce qui plaît à quelqu'un en particulier, au beau qui exige un passage, plusou moins à l'universel, à une universalité de suffrage, plus ou moins à une idée commune ayant valeur d'idéeobjective, puisque représentant une subjectivité universelle, une subjectivité nécessaire.

Là encore, l'histoire del'art nous laisse à la fois l'impression d'un beau absolu atteint à tel ou tel moment de la création artistique del'humanité et l'idée d'une universalité atteinte.

Mais, en même temps, nous percevons que l'art d'une périodehistorique ne peut être refait (copié) sans perdre aussitôt sa qualité artistique.

Le beau qui peut être perçu dans lesoeuvres du passé, sert à chaque moment d'éducateur, a enrichi notre sentiment de la beauté, de telle sorte quecette beauté, est par l'activité créatrice, non pas à répéter, mais à recommencer, à réinventer.

C'est l'homme toutentier qui se réinvente dans la création artistique et qui se mesure à lui-même dans la contemplation et lajouissance devant les oeuvres d'art.Sans doute est-ce là une des raisons du caractère privilégié de l'expérience esthétique.

On a souvent caractérisé lebeau comme étant nécessairement inutile.

C'est une vue hâtive, et qui ne se souvient pas du long rapport entrel'activité créatrice pratique et l'activité artistique, celle-ci émergeant peu à peu de celle-là, mais qui tiennenttoujours l'une à l'autre par l'aspect artisanal (mis en oeuvre des matériaux) de tout art.Il est vrai, cependant, que l'activité esthétique se détache des autres formes d'activité qui ont une visée objective.Kant formule cette inutilité du beau par la célèbre notion de « finalité sans fin ».

Le beau produit par l'art ne sert àrien, sinon à donner à l'homme, dans l'expérience même, une conscience de soi, selon les formes d'un divertissementqui ramène l'esprit des nécessités objectives aux nécessités subjectives.Aussi n'est-il pas étonnant que la notion de beau se reverse du domaine de la création artistique au domaine de lanature.

Nous exigeons des représentations que nous donne la nature qu'elles se conforment à des règles deproportions, d'harmonie, d'unité dans la diversité ; c'est une expérience pleine de fraîcheur, en apparence,précisément parce que nous avons l'impression de nous rencontrer dans la nature elle-même, de retrouver, enquelque sorte, notre être naturel.

C'est sans doute un effet de miroir, comme on le voit dans les expositions ditesd'art brut, où nous nous émerveillons de rencontrer des objets non traités par la main humaine et qui ressemblentétrangement à des objets artistiques, sans nous apercevoir que si ces objets ne sont pas traités par la main, dumoins le sont-ils parNéanmoins, observant cette nature ou cette réalité, avec cet oeil esthétiquement formé, nous la découvronsprécisément parce que, disposant d'un instrument d'analyse plus complexe, nous savons mieux voir et mieux jouir duspectacle naturel.

Nous le retrouvons comme si nous avions réussi à lever les voiles qui obscurcissaient notre visionantérieure.

Nous la retrouvons avec un émerveillement qui laisse penser que le spectacle naturel était, en réalité,plus riche que nous ne l'avions cru, et qu'il y a, dans le réel (non artistique), de nouvelles beautés à puiser, denouvelles significations à découvrir.

+Le rapport de l'homme et de la nature sur le plan esthétique apparaît commetout aussi inépuisable qu'il l'est sur le plan de la connaissance, où la science trouve dans son savoir le ressort de sarecherche.Il nous a paru peu admissible d'aller chercher le beau dans la nature comme une qualité des objets.

Il nous paraîtclair que la notion du beau, précédée au reste des mouvements de la sensibilité et de l'activité où se forgent des «prénotions », relève du domaine de l'activité artistique et qu'en conséquence il ne peut exister de beau naturelqu'en relation avec la notion du beau artistique.

L'homme embellit la nature, mais souvent, c'est en repartant de lanature que l'homme refaçonne et transforme son idée de la beauté.. »

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