Devoir de Philosophie

Comment les sciences sociales peuvent-elles rendre compte du phénomène de la rumeur ?

Publié le 16/08/2012

Extrait du document

Une autre psychosociologue, Pamela Donovan tente de dépasser les conceptions interactionnistes et anomistes en réinsérant le rôle actif de l’individu concerné par la rumeur. Sa première hypothèse est d’affirmer que l’histoire change le contenu de la rumeur mais aussi nos représentations de celle-ci, en d’autres termes, la rumeur n’est pas un phénomène intemporel. Selon elle, la rumeur fonctionne comme un canal parallèle de l’information, hors de la légitimité des canaux habituels, et rien n’implique ici qu’elle soit nécessairement fausse, ainsi l’ambigüité « structurelle « de certaines situations, désignée comme cause des rumeurs par les anomistes, est construite « de toutes pièces « par l’interaction entre ce qu’elle appelle les « démystificateurs « ou « sceptiques « et les « promulgateurs « ou « croyants. Elle tente ainsi de dépasser les analyses des rumeurs en termes de « vrai « ou « faux «, l’important c’est que les rumeurs soient réalistes, qu’elles apportent quelque chose : Une morale, un avertissement etc. Elle explique la rumeur comme persistante car ses différents protagonistes la construisent comme une sphère : Les discussions sont mobilisés par l’ambigüité d’une situation, ainsi les croyants mettent en garde contre les canaux légitimes d’information et les sceptiques décrédibilisent les croyants, ce qui crée une dynamique menant à une nouvelle ambigüité. 

« Michel-Louis Rouquette se réfère à la théorie des problèmes pour étudier la rumeur, il la considère comme une possible réponse à des « exigencessociocognitives qu'il s'agit de satisfaire en vue de maintenir ou de rétablir la stabilité du monde pratique ».

Cependant, il enracine le phénomène de la rumeur dansdes conditions socio-économiques.

La rumeur n'est pas immuable, elle répond aux mêmes influences que tous les phénomènes sociaux, et est appréciée différemmenten fonction d'aptitudes de sociabilité.

Cette proposition change l'approche de la rumeur en tant que phénomène objectif et indépendant de ses acteurs, elle estconstruite par les individus et donc sa nature change en fonction des individus qui la construisent.

Selon lui, l'apparition d'une rumeur signifie l'existenceconcomitante d'un problème mal définis plus ou moins bien perçu par les individus d'un group social définis.

Corrélativement, les transformations de la rumeur sontloin d'êtres aléatoires, d'êtres dépendantes de la crédulité, ou du niveau intellectuel de ses acteurs.

Son évolution est ordonnée, elle se précise, se rapproche de« l'expérience pratique de ses destinataires ».

On pourrait décrire cette évolution comme l'adéquation progressive entre la rumeur et ses acteurs.

« De même lasolution d'un problème mal définis n'est recevable que si elle est compatible avec les valeurs, les capacités d'actions et les intérêts du groupe auquel elle s'adresse.

Ceque tente d'expliquer l'auteur, c'est que considérer la rumeur comme un phénomène pathologique est une erreur, au contraire, elle s'inscrit dans le cadré de la réalitésociale, d'une sociabilité « normale ».

L'approche de Michel-Louis Rouquette permet un renouveau de l'analyse de la rumeur car il remet en cause son immuabilité etl'inscrit autant dans un perspective diachronique (d'un point de vue théorique) et socio-économique.Une autre psychosociologue, Pamela Donovan tente de dépasser les conceptions interactionnistes et anomistes en réinsérant le rôle actif de l'individu concerné par larumeur.

Sa première hypothèse est d'affirmer que l'histoire change le contenu de la rumeur mais aussi nos représentations de celle-ci, en d'autres termes, la rumeurn'est pas un phénomène intemporel.

Selon elle, la rumeur fonctionne comme un canal parallèle de l'information, hors de la légitimité des canaux habituels, et rienn'implique ici qu'elle soit nécessairement fausse, ainsi l'ambigüité « structurelle » de certaines situations, désignée comme cause des rumeurs par les anomistes, estconstruite « de toutes pièces » par l'interaction entre ce qu'elle appelle les « démystificateurs » ou « sceptiques » et les « promulgateurs » ou « croyants.

Elle tenteainsi de dépasser les analyses des rumeurs en termes de « vrai » ou « faux », l'important c'est que les rumeurs soient réalistes, qu'elles apportent quelque chose : Unemorale, un avertissement etc.

Elle explique la rumeur comme persistante car ses différents protagonistes la construisent comme une sphère : Les discussions sontmobilisés par l'ambigüité d'une situation, ainsi les croyants mettent en garde contre les canaux légitimes d'information et les sceptiques décrédibilisent les croyants, cequi crée une dynamique menant à une nouvelle ambigüité.

La partie la plus intéressante de son analyse repose sur la démonstration que la théorie anomique de larumeur est inappropriée car elle admet bien que les rumeurs apparaissent dans des contextes ambigües mais elle refuse l'explication selon laquelle c'est du à unmanque d'information.

Elle explique que le développement de l'information de masse crée aussi de l'ambigüité, ce n'est plus l'absence d'information qui produit larumeur mais sa surcharge.Dans les deux cas, avec d'un coté l'intégration de la rumeur dans un système économique et cognitif et de l'autre une démonstration sur l'évolution des contextes, onassiste à une remise en question de l'aspect intemporel de la rumeur que l'on retrouve chez les anomistes et chez les interactionnistes.Notre objectif a été ici de déterminer comment les sciences sociales peuvent-elles rendre compte du phénomène de la rumeur.

Pour cela, nous avons tenté de faireémerger une esquisse de deux tendances majeures du XXème siècle quant à l'étude de la rumeur et de deux auteurs remettant en cause l'immuabilité de celle-ci.

Lapremière, anomique, appréhende le phénomène de la rumeur par ses fonction et contenus, tente d'en expliquer l'origine par des causes pathologiques mais se focaliseuniquement sur la dimension macro-sociale du phénomène, en omettant les intentions des individus.

Dans un second temps, l'approche interactionniste définit larumeur comme un fait de sociabilité normal, tentant de la définir autours des interactions entre individus, qui eux-mêmes se débattent entre intentions individuelles etpression du collectif.

Malgré l'intégration de l'individu dans son analyse, cela n'a pas suffit à briser l'aspect intemporel de la rumeur.

Enfin, nous avons choisis deuxauteurs délaissant un peu les catégories de « vrai » et de « faux », se focalisant plus sur la dimension construite de la rumeur, que ce soit par son ancrage dans lasociabilité normale ou sa construction par ses différents protagonistes.

Malgré sa diffusion massive et sa présence datant d'un nombre incommensurable d'années, ilest important de toujours s'attacher à l'importance des différentes natures de la rumeur, de ses différentes formes.

Ceci dit, il serait intéressant d'aborder le phénomènede la rumeur d'un point de vue purement constructiviste en se laissant guider par cette proposition « La sociologie de la connaissance doit s'intéresser à tout ce quipeut être considéré comme « connaissance » dans une société, sans tenir compte de la validité ou de la non validité fondamentale d'une telle « connaissance » » --------------------------------------------[ 1 ].

Troisième Olynthienne, 5.

Pour une allusion au même épisode, voir Première Philippique, 10-11, Première Olynthienne, 13, et sans doute également Surl'ambassade, 288.[ 2 ].

http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/rumeur/70249[ 3 ].

Nicholas Difonzo et Prashant Bordia « Rumeurs, ragots et légendes urbaines : contextes, fonctions et contenus », op.

cit.

p.

23-45[ 4 ].

http://pascalfroissart.online.fr/1-extern/houdr-99.pdf[ 5 ].

Paméla Pamela Donovan « Vaines paroles ? », Diogène 1/2006 (n° 213), p.

74-106[ 6 ].

Gary Allport W., Leo Postman, 1947, The Psychology of Rumor, New York, Henry Holt and Co.[ 7 ].

Edgar Morin, La rumeur d'Orléans, Seuil, coll.

«L'histoire immédiate», Paris, 1969.[ 8 ].

Norbert Elias, John L.

Scotson, Logiques de l'exclusion, Fayard, 1997.[ 9 ].

Tamotsu Shibutani : Improvised News : a sociological study of rumor, Indianapolis, Bobbs-Merrill, 1966[ 10 ].

Michel-Louis Rouquette : Théorie des rumeurs et théorie des problèmes, Diogène 1/2006 (n° 213), p.

52[ 11 ].

Ibid[ 12 ].

Peter Berger et Thomas Luckmann, La construction sociale de la réalité.

Paris : Méridiens Klincksieck, 1986.

- IV, 288 p.,. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles