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Commentaire Composé : La Plaine d'Emile Verhaeren

Publié le 03/07/2011

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verhaeren

Emile Verhaeren est un poète belge flamand, d'expression française, né en 1855 et mort en 1916. Apres ses études, Verhaeren se voue aux lettres. Ses premières poésies s'orientent vers le naturalisme. En 1883, il publie un célèbre recueil intitulé Les flamandes dont la sensualité et le réalisme font scandale. Puis en 1893, il publia le premier volet d'une trilogie sociale qui comporte trois recueils : les campagnes hallucinées(1893), les villages illusoires (1895) ainsi que les villes tentaculaires (1895) (trois portraits sombres d'une société en mutation). Dans Les villes tentaculaires, le poète va évoquer l'extension des villes à la fin du XIX siècle. Une extension qui va d'ailleurs de paire avec la mort du monde rural. Selon ce poète, la ville ne cesse de dépasser ses limites et efface les campagnes qu'elle recouvre d'une noire immensité. Nous allons étudier les trente premiers vers du poème La plaine, qui est extrait des villes tentaculaires. La plaine est un poème liminaire dans lequel l'auteur va montrer un monde en profonde mutation, qui est traversé par de profond bouleversement. Notamment le monde rural de sa Belgique qui va complètement changé. Ici le choix du titre "la plaine" n'est pas anodin. De même le choix du poème liminaire renvoie le lecteur vers le volet de la trilogie sociale et met d'emblée l'accent sur la mort d'une civilisation. Dans un premier temps nous montrera qu'il s'agit bien d'un paysage en pleine mutation. Par la suite, nous verrons que ce poème réaliste est emprunt d'une vision mythique de l'âge d'or.

verhaeren

« Tout d'abord, le champ de vision est d'emblée entièrement occupé par l'image de la plaine.

Une plaine qui estd'ailleurs sur le point de s'éteindre.

Dans le premier quatrain, Verhaeren évoque la fin de la civilisation rurale.

A la findu premier quatrain, la triple répétition de l'expression " la plaine est morne"(une figure d'insistance) sonne le glas dela civilisation rurale.

Cette expression joue sur l'homophobie.

En effet, le survol en plan général de la plaine uniformenous introduit dans un espace irrémédiablement mort.

Puis l'expression "la plaine est morne et morte" au vers 4 vajouer sur la paronymie (c'est à dire sur la proximité sonore des adjectives morne et morte).

On peut remarquer danstoute la première strophe, que la tonalité est descriptive et plusieurs éléments connotent la mort.

Tel quel'expression " les pigeons vermoulus".

On peut alors remarquer que la réalité de l'exode rural s'inscrit dès l'ouverturedu recueil dans l'abandon par leurs habitant des fermes et l'abandon par les paysans des terres cultivable livré à"l'ortie" qui épuise au cœur les sablons et les oches" (vers 29).Ici, les fermes évoquent de manière indirecte la mortet plus particulièrement l'extinction du monde agricole.

Une extinction qui sera visible notamment à la toute fin denotre extrait avec l'utilisation du mot "pourriture" au vers 33. Dans un deuxième temps, on remarque que La plaine est un texte descriptif.

Un texte qui est d'ailleurs, focalisé sur la description de la plaine.

On va voir que le réalisme dont l'auteur fait prévôt va enfaite faire transfigurer parune vision mythique l'expression " la ville la mange".

La ville dont parle Verhaeren est un organisme vivant quiabsorbe la campagne et transforme ses habitants en ouvriers devenus des proies.

Puis au vers 20, il compare la villeà un monstre, " telle une bête énorme", "le ronflement s'étend".

Ces vers évoquent l'environnement tonitruant desusines.

On peut alors constater que Verhaeren utilise l'image du monstre pour montrer le surgissement de la ville. Enfin, Verhaeren décrit deux mondes diamétralement opposés.

Il évoque l'aube de la civilisation industrielle quiva s'opposer point pour point à la campagne.

Nous avons donc affaire à un texte structuré par une séried'oppositions qui sont totalement symboliques.

Tout d'abord le poète compare la lumière à l'ombre.

Des la quatrièmestrophe, une vision efface l'image de la plaine: le passé lumineux "ou s'étageaient les maisons et les vergers et lesarbres parsemés d'or" disparait sous un sombre présent qui vient recouvrir et obscurcir la totalité de l'espace .Puis,Verhaeren compare le silence de la campagne au "ronflement rythmique et dur" qui provient des usines.

Il vanotamment comparer l'horizontalité qui font référence aux vastes plaine à la verticalité où l'on peut apercevoir « àl'infini du sud au nord/ la noire immensité des usines rectangulaires ».

Ces trois oppositions ne sont pas tantréalistes mais symboliques.

* * * Nous venons de voir les différents changements qui ont affecté les campagnes durant le XIX.

Maintenant, nousallons voir qu'il s'agit bien d'un poème réaliste mais tout de même emprunt d'une vision mythique. Tout d'abord, l'imaginaire de Verhaeren puise dans plusieurs sources mythiques qui prêtent une force puissante àla critique de la modernité industrielle.

Dans ce poème, le dépérissement de la plaine évoque le mythe de l'âge d'orperdu et l'avènement de l'âge de fer.

On peut notamment y voir des références bibliques dans la deuxième strophelorsque le geste du semeur semble s'arrêté net à cause de l'action du diable « fauchant les blés évangéliques »(vers 7).

Ceci, va de toute évidence contre les dogmes de la religion.

Puis on peut constater des traces de lacolère divine dans la transformation infligée aux « arbres parsemés d'or » (vers15) sacrifiés en « un supplice d'arbresécorchés vifs » (vers 26). Puis, on peut voir a quel point l'homme vit un enfer.

L'homme en harmonie avec l'univers, ici présentécomme « un vieux semeur mélancolique» a déserté la plaine et s'est perdu dans un passé révolu.

La ville a maintenant prit possession des humains qui sont enfermés dans une atmosphère confinée, privés d'air, de repos etde lumière.

Tel est donc le témoignage de Verhaeren : l'homme est réduit à devenir une sorte de machine lui-même.Selon lui, les hommes marquent le désespoir qui est muré dans le silence couvert par le vacarme des machines. Enfin, Verhaeren emploie l'imparfait afin de mettre l'accent sur la disparition de l'exode rurale qui était une sorted'âge d'or.

L'imparfait décrit ici les caractéristiques de la campagne : "ou s'étageaient les maisons claires" vers 14, "ont effrayé le vieux semeur mélancolique dont le geste semblait d'accord avec le ciel " vers9.

En revanche, les versécrits au présent de l'indicatif qui font référence à l'urbanisation et plus particulièrement des usines, montre bien lamort de la campagne.

En effet, la vie a quitté les campagnes et donc son travail au grand air pour uneconcentration urbaine massive. En somme, Verhaeren nous présente l'apparition de la ville lors de la révolution industrielle comme un endroit noire etlugubre.

D'ailleurs Verhaeren a ressentit un profond désespoir en voyant disparaitre sa campagne belge lors del'apparition de l'industrialisation.. »

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