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Connaissez-vous Albert CAMUS ?

Publié le 12/06/2009

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La pensée d'Albert Camus n'est pas réductible à une formule simple car il n'est pas l'homme des certitudes élémentaires. Le propre de Camus est d'avoir cherché sincèrement et honnêtement des réponses à des questions essentielles. Une des raisons des malentendus que sa pensée a fait naître est que chacune de ses oeuvres, bien loin d'être son dernier mot, n'est qu'une étape dans une recherche dont Camus ne savait pas encore où elle le mènerait. Néanmoins cette œuvre est maintenant close (nous ne dirons pas qu'elle est achevée car Camus est mort prématurément à l'âge de quarante-sept ans). Il est donc possible aujourd'hui de retracer l'itinéraire de Camus. L'absurde Qu'est-ce que l'absurde? C'est le sentiment que le monde est dépourvu de sens et que l'existence n'a pas de justification. Camus n'a pas inventé l'absurde. C'est un courant de pensée dont le point de départ se trouve chez Pascal. Celui-ci a été le premier à ressentir l'injustice d'un monde qui condamne l'homme à mort sans le voir et sans l'entendre (« Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie «). La « misère de l'homme sans Dieu « est une première approximation de l'absurde. Pascal surmonte cette angoisse par un pari : pour pallier les insuffisances de la raison, et pour répondre au silence des cieux, il fait appel à la volonté humaine. Nous verrons que Camus fera de même. Après Pascal, c'est Kierkegaard, le philosophe danois, qui donne à l'absurde une expression plus ample et plus durable. En effet l'angoisse de Pascal semble abolie par le pari; celle de Kierkegaard survit à sa foi. Par la suite, Dostoïevski, sans adhérer personnellement à l'absurde, l'approche par l'intermédiaire du personnage d'Ivan dans Les Frères Karamazov. Celui-ci déclare : « si Dieu n'existe pas, tout est permis «.

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« ailleurs, l'absurde a ici de plus graves conséquences car le héros est un empereur et non un homme moyen et,puisqu'il dispose d'une force illimitée, son désespoir métaphysique répandra la mort sur le monde entier.

Caligula estune allégorie de Hitler.

Nous trouvons dans cette pièce ce qui manquait au roman de L'Étranger : une réfutationintérieure à l'oeuvre.

Les personnages de Chéréa et de Scipion, tout en comprenant l'intuition première de Caligula,désavouent les conséquences que celui-ci en tire.

La mort de Caligula marque l'échec de sa tentative et soulignel'erreur de sa démarche.

L'Étranger aussi mourrait, mais la condamnation qui le frappait ne l'atteignait pas dans savérité alors que le poignard qui tue Caligula ne s'égare pas : il frappe le mal comme mal.La Peste ne laisse plus subsister aucune ambiguïté : ce roman est une fable métaphysique.

La peste,traditionnellement, représente le mal.C'est elle qui frappe les Grecs devant Troie en châtiment d'un sacrilège.

C'est elle que nous voyons chez LaFontaine (Les Animaux malades de la peste) figurer la vengeance divine.

Dans l'oeuvre de Camus, certains, commeles Grecs et les animaux de la fable, imputent ce mal à la justice de Dieu.

C'est le cas du père Paneloux; c'est à luisurtout que s'oppose le Dr Rieux.

Celui-ci sait que ce mal est, sinon sans cause, du moins sans justification, doncqu'il est absurde.

Lui-même a renoncé aux illusions révolutionnaires de Tarrou car on ne guérit pas le mal en faisantle mal.

Il comprend, mais sans l'approuver, la tentative de Grant qui cherche à oublier sa condition malheureuse enpoursuivant la chimère de la perfection artistique; il sait qu'il faut combattre le mal et non le justifier ou le fuir.

Lecombattre, même sans espoir de vaincre jamais, au nom de simples valeurs humaines qui, si elles ne sont pasinscrites dans le ciel, ont d'autant plus besoin de l'homme pour s'affirmer. La révolte Dans Le Mythe de Sisyphe, Camus définit l'absurde comme étant une contradiction entre les aspirations humaines etle démenti que leur inflige le monde.

L'absurde n'est donc ni dans le monde ni dans l'homme mais dans leurconfrontation.

Cette définition nouvelle va donner à l'absurde sa solution.

En effet il n'y a contradiction que parcequ'il y a de la part de l'homme exigence de valeurs et refus d'accepter que ces valeurs soient niées par le monde.L'absurde implique donc la révolte; or la révolte est le contraire du nihilisme.

Se révolter, dit Camus dans L'Hommerévolté, c'est dire oui en même temps que l'on dit non; c'est dire oui à la justice pour dire non à l'injustice.

Larévolte pose donc des valeurs; elle n'est pas nihiliste; elle proteste contre le nihilisme du monde.

Ces valeurs quepose la révolte ne sont pas des valeurs individuelles, elles ne sont pas subjectives, car elles ne peuvent avoir lavertu d'accuser l'injustice que si elles sont d'une certaine façon universelles.

Universelles ici signifie non pasuniversellement réalisées mais universellement reconnues comme valeurs.

L'absurde ne peut donc conduire ni audécouragement ni à la capitulation devant le mal, puisqu'il présuppose la révolte qui est elle-même refus du mal.Ni l'Étranger ni Caligula ne sont de vrais révoltés.

Tout au contraire : leur attitude consiste à recevoir leur loi dumonde et non à essayer de lui imposer la leur.

« Les hommes meurent et ne sont pas heureux », dit Caligula; au lieude se révolter contre cette nécessité, il l'accepte et se fait à la fois son complice, son allié et son instrument; allantplus loin que le destin lui-même, il répand partout la mort et le malheur.

Curieuse logique qui consiste dans un premier temps à s'indigner du mal, et dans un second temps à s'autoriser de son existence pour le commettre sansretenue.

C'est la logique du terrorisme.

Là en effet se trouve la perversion de la révolte : lorsqu'elle se met à l'écolede ce qu'elle dénonçait et troque l'indignation contre le cynisme. Révolte et révolution Dans Les Justes, Camus nous montre que c'est à cette trahison que conduit souvent la révolution.

Devant l'épreuvede l'attentat à commettre, le départ se fait entre ceux qui refusent d'ajouter le mal au mal (les Justes) et ceux, plusnombreux, qui justifient le mal par le mal (les justiciers).C'est dans L'Homme révolté que Camus confronte ces deux notions.

En effet si la révolution semble accomplir larévolte, trop souvent elle la trahit en voulant la clore.

La révolte ne peut être que permanente; elle ne saurait avoirni issue ni victoire.

Elle est refus du réel, exigence de l'absolu, elle ne peut prétendre sa tâche achevée que si ellese renie elle-même.

La révolte vise des valeurs, c'est à elles seules qu'elle dit oui; au monde, elle continue de direnon.

Mais la révolution fait l'inverse; elle dit oui au monde qu'elle engendre et, pour cela, elle doit dire non auxvaleurs.

La raison d'État, pour qui la fin justifie les moyens, est l'alibi de cette trahison.

Terrorisme et révolutionparticipent de la même essence : le nihilisme.

Entendons par là la négation des valeurs.

Mais la contradictionsubsiste car, sans valeurs, ni l'un ni l'autre n'ont de justification. Vers un nouveau stoïcisme Camus est parti des angoisses post-chrétiennes et il semble revenir au cours de son itinéraire vers les moralespréchrétiennes.

En effet, si la mort de Dieu provoque un tel désarroi dans les esprits d'aujourd'hui, pourquoi ne pasdemander à ceux qui ont vécu avant le christianisme le secret de leur humanité et de leur sérénité? Camus, que rienne prédisposait dans sa culture première à se tourner vers la Grèce, revient néanmoins vers elle de plus en plusnettement à mesure que son oeuvre se développe.

Les titres mêmes de ses ouvrages l'indiquent : Le Mythe deSisyphe, L'Exil d'Hélène, etc.

La splendeur de la nature méditerranéenne lui enseigne une sagesse qui est celle desAnciens.

A la démesure moderne, d'essence romantique, il oppose la mesure classique,héritage de l'Antiquité.

Au néant, au mal, au règne de la force, il oppose les valeurs humaines qu'il faut d'autant plusdéfendre qu'elles sont plus fragiles.

Il est moins important, dit-il, de changer le monde que de le préserver.

Dans lesLettres à un ami allemand, Camus écrit : « L'homme doit affirmer la justice pour lutter contre l'injustice éternelle,créer du bonheur pour protester contre l'univers du malheur...

Je continue à croire que ce monde n'a pas le senssupérieur.

Mais je sais que quelque chose en lui a du sens et c'est l'homme parce qu'il est le seul être à exiger d'enavoir.

». »

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