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La conscience nous libère-t-elle ?

Publié le 16/10/2010

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conscience

 « Toute conscience est conscience de quelque chose «, écrit Husserl dans ses Méditations cartésiennes . Cela veut dire que la conscience n'est pas clôturée sur elle-même. Au contraire, elle n'apparaît que dans ces relations qu'elle entretient avec le monde, qui lui donne les possibilités d'être de telle ou telle forme (par exemple une conscience perceptive, si l'objet est présent là devant nous, ou une conscience imageante s'il est absent et qu'il faut s'en refaire une image dans notre esprit).   

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« regard et ses actions sur les choses trouvent une ampleur sans précédent, grâce à cette prise de distanceprovenant de la conscience.

Mais si la prise de conscience peut être libératrice, nous pouvons nous demander sic'est toujours le cas, et même s'il n'existe pas une tendance inverse qui ferait de la conscience une caused'enfermement. 2.

La conscience, signe d'un enfermement. A.

L'impossibilité de s'harmoniser avec son corps et avec autrui.La conscience, si elle peut être libératrice, peut aussi être synonyme d' enfermement .

Nous en voyons uneillustration si nous revenons à la conception qui est celle de Descartes.

Les deux principales conséquences de saphilosophie de la conscience sont, en effet, d'aboutir à une séparation du corps et de l'âme , et à une très grandedifficulté pour intégrer la présence d'autrui dans cette conscience individuelle.

La séparation du corps et de l'âmeprovient de cette formulation sur laquelle débouche l'expérience du cogito : « Je pense, donc je suis.

» Si l'hommepeut tout mettre en doute, et si la seule chose qui résiste à ce doute c'est le fait que je suis en train de douter, oude penser, cela entraîne l'idée que l'homme doit se définir, avant tout, par ses capacités d'être pensant et réflexif.La pensée seule est susceptible de me donner uneCertitude quant à mon existence, pensée qui peut elle-même se connaître bien plus facilement que ce qui vient ducorps.

La pensée de moi-même, ou de toute autre chose, lorsqu'elle devient une intuition intellectuelle, peutm'assurer de la vérité d'une telle pensée, tout simplement parce qu'il est impossible de penser à cette chose d'uneautre manière, comme lorsque j'évoque l'essence d'un triangle, qui ne peut que correspondre à une figure dont lasomme des angles est égale à deux droits.

Par opposition, la pensée de mon corps reste confuse , incertaine, etdépend de ce qui vient me toucher en dehors de ma volonté.

Ainsi, l'homme n'est-il plus qu'un pur esprit, et tout cequi vient du sensible se voit dévalorisé.

De la même manière, la présence d'autrui est écartée, ou du moins nes'impose pas comme une évidence ou une chose connue.

L'expérience du cogito me garantit de l'expérience que jepeux faire, et que chacun peut faire pour son compte.

Mais c'est une expérience qui ne m'assure que de moi-même .C'est moi qui pense, ou qui doute, et si un autre peut le faire tout aussi bien que moi, ce sera sa propre expérience,à laquelle je ne pourrais jamais me substituer.

Ainsi, nous aboutissons à des consciences séparées, enfermées enelles-mêmes, et dans une véritable vision solipsiste.

Autrui ne peut pas être pris en considération, car c'est d'abordet avant tout ma propre subjectivité qui intervient. B.

La conscience, source d'obsessions et de culpabilité.Ces défauts de la conscience réflexive, chez Descartes, apparaissent bien dans la critique que peut en faire Leibniz,notamment dans sa préface des Nouveaux Essais sur l'entendement humain .

Il y montre notamment que laconscience, telle que l'envisage Descartes, conduit à l'impossibilité de renouveler sa pensée.

L'exigence d'uneconscience transparente à elle-même fait que ce à quoi je pense doit se redoubler de la pensée de cette pensée.

Jedois penser que je pense, et ainsi à l'infini, sans jamais pouvoir passer à une nouvelle pensée.

Le résultat est donccelui d'une idée fixe , obsessionnelle, qui m'empêche d'en sortir.

Cet enfermement de la conscience en elle-même serévèle encore mieux si nous envisageons la conscience morale.

En effet, celui qui revient sur ses actes passés ytrouvera certainement quelques défauts au niveau intentionnel.

Le regret, ou le remords, découlera de ce regardrétrospectif.

Il en naîtra un sentiment de honte, ou de culpabilité, qui va devenir une véritable torture pour celui quiest incapable d'oublier.

En se rappelant sans cesse sa faute, il ne pourra envisager aucun avenir.

Il restera bloquésur son passé, et ne pourra même plus vivre au présent.

Cet enfermement aura pour conséquence une véritableaction d'autodestruction, pouvant conduire au désir du suicide.Nous voyons donc que la prise de conscience n'est pas forcément ce qui mène à une libération.

Elle peut aucontraire rendre impossible une sortie de moi-même et une véritable rencontre avec ce qui n'est pas moi (le mondeou autrui).

Mais si la conscience peut aboutir à cela, c'est peut-être parce qu'il n'est envisagé qu'un seul aspect dela conscience (comme Descartes qui prend la conscience réflexive pour toute la conscience), ou qu'un seul usagede celle-ci. 3.

La nécessité de faire intervenir différents degrés de conscience. A.

La différence entre consciences spontanée, intentionnelle et réflexiveMais cela veut dire que la conscience n'est pas entièrement d'ordre réflexif, ou du moins qu'elle ne l'est pasimmédiatement.

Avant la prise de réflexion intervient une conscience corporelle , ou spontanée, qui déjà me guidedans tous mes mouvements.

Nous n'avons plus à craindre, ici, de nous enfermer dans notre conscience tropréfléchie, puisque au contraire nous restons ouvert sur le monde qui fait naître en nous des perceptions, ni d'aboutirà une séparation trop importante entre l'esprit et le corps.

C'est aussi ce que la tradition philosophique de laphénoménologie appelle la conscience intentionnelle .

Celle-ci se caractérise par sa relation au monde.

« Touteconscience est conscience de quelque chose », écrit Husserl dans ses Méditations cartésiennes .

Cela veut dire quela conscience n'est pas clôturée sur elle-même.

Au contraire, elle n'apparaît que dans ces relations qu'elle entretientavec le monde, qui lui donne les possibilités d'être de telle ou telle forme (par exemple une conscience perceptive, sil'objet est présent là devant nous, ou une conscience imageante s'il est absent et qu'il faut s'en refaire une imagedans notre esprit).. »

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