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Dans quelles mesures l'identité des individus se transforme-t-elle lors de la socialisation secondaire ?

Publié le 03/07/2012

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Peter Berger et Thomas Luckman nous expliquent que la socialisation secondaire doit « traiter avec un moi déjà formé et avec un monde déjà intériorisé «. L’individu à l’âge adulte entame sa socialisation secondaire, ce n’est plus un être passif, il a intégré de nombreuses normes et valeurs durant sa socialisation primaire. La socialisation secondaire de l’individu ne se fait pas « ex nihilo « car l’individu est déjà formé à la société dans laquelle il vit. Selon Berger et Luckman les normes et les valeurs acquises pendant l’enfance sont durables et toujours présentes à l’âge adulte. Ils les décrivent comme très difficiles à changer et encore plus à supprimer. 

« camarade de jeu n’auront peut-être pas le même effet s’il ne possède pas une « importance significative » pour l’individu.

D’où l’importance (ou non ) du « modèle »de la première « maîtresse », de l’ami fidèle, de certains grands-parents …On parlera alors de socialisation médiée par des « autruis significatifs » (GH Mead).

Pourlui, l’autrui significatif est une personne qui accompagne concrètement, spatialement et affectivement l’enfant.A l’adolescence, ce sont les « pairs », par la complexité des processus d’intégration et d’identification qui vont jouer un rôle prioritaire en se substituant à l’influencedes parents.La pluralité de la socialisation primaire est encouragée par l’Etat et les services sociaux afin de réduire les effets de « détermination » des inégalités sociales.

En effet,les crèches, l’école maternelle, les lieux d’éducation informelle (associatifs) peuvent venir enrichir et diversifier la transmission du modèle familial (ou ethnique) enparticulier au niveau des familles dites « à risque ».Enfin, il n’est pas inutile de rappeler l’influence (parfois dramatique) des « industries culturelles » (Darmon).

Les médias, la musique et en particulier la télévisionsont impliqués dans une socialisation de masse.

La loi du marché ne rencontre plus de règles d’éthique pour limiter leur influence souvent néfaste sur la jeunesse.Quel est le cahier des charges de ces nouveaux vecteurs de socialisation ? Ne favorisent-ils pas parfois « l’abrutissement des masses » en jouant sur la vénalité,l’égoïsme et l’individualisme ? (cf Meirieu 2007).Pour B.Lahire, « on peut parler d’une jeunesse « sous une quadruple contrainte », à la fois scolaire, parentale des pairs et des industries culturelles ». II – Socialisation secondaire : Il est important de préciser que cette « lecture » théorique de l’évolution réelle des individus ne peut se réduire à des phénomènes de stades, de changementsidentitaires brusques, au passage d’un « état » à un autre.

Le processus de socialisation est continu tout au long de la vie de l’individu, il s’agit d’observer icil’influence seconde dans le temps d’autres acteurs et expériences de socialisation.La socialisation n’est cependant pas exclusivement primaire et tout ne se joue pas dans l’enfance.La socialisation secondaire va donc s’opérer, dans un temps second et à partir des expériences premières.

Il s’agit donc d’une « re-construction », d’une « altération »de l’identité et des habitus acquis. II – 1 Définition : « La socialisation secondaire consiste en tout processus postérieur qui permet d’incorporer un individu déjà socialisé dans de nouveaux secteurs du monde objectif desa société ».

Luckman et Berger 1992.« C’est l’intériorisation de sous-mondes institutionnels ou basés sur des institutions ».A une socialisation primaire puissante et affective succèdent des expériences moins prégnantes et plus rationnelles.

Les agents de la socialisation secondaire serontd’ailleurs plus « mobiles » ou diversifiés que ceux de la socialisation primaire (succession des enseignants, des intervenants sociaux, des pairs, …).Une autre caractéristique de cette socialisation secondaire est celle de la notion de « rôles sociaux ».

L’individu dans son travail par exemple va accepter unemodification partielle de ses habitus dans le cadre de l’espace professionnel, mais ceci ne va pas forcément changer ses modes de penser et d’agir plus personnels.Les principaux agents, les situations et les expériences de la socialisation secondaire peuvent-être aussi divers que l’obtention du permis de conduire, la rencontreamoureuse, l’activité professionnelle, le mariage, une responsabilité reconnue et distinctive, l’appartenance à un club sportif ou associatif…Ce sont des espaces decontraintes ou de développement potentiel, des situations problèmes que l’individu doit « affronter » et dans lesquelles ses choix et ses pratiques vont produire un« déplacement de l’habitus.

Selon les individus et les situations, une modification plus ou moins importante peut influer sur la socialisation primaire (évolution desvaleurs de référence, transformation des croyances, ..).

Il s’agit d’un « autre monde » qui influe sur l’identité sociale préalable et modifie à la fois les représentationset les pratiques. II – 2 Articulation socialisation primaire / secondaire : Comment s’effectue l’articulation entre ces deux processus et quelle est la cohérence entre ces intériorisations originelles et nouvelles ? Selon la synthèse bibliographique effectuée par Darmon, « les produits des socialisations antérieurs ne sont ni disqualifiés ni détruits par la socialisation secondaire,qui n’opère pas sur un vide social mais bien sur des individus détenant déjà des perspectives ».Face à une décision d’action, les deux types de socialisation, mais surtout les représentations et les habitus qu’ils génèrent, vont se trouver en interaction et parfois enconflit.

Ce n’est que par la nécessité de l’adaptation réussie, de l’efficacité du comportement choisi que va s’installer une nouvelle conduite appartenant à unesocialisation nouvelle.

(Ex : les pratiques d’autorité en classe). II – 3 Diversité des socialisations secondaires : • Socialisation professionnelle : Elle est à la fois formelle et informelle.

La formation professionnelle fait intervenir à la fois un cadre « normalisateur », un référentielde compétences ou de « gestes professionnels » reconnus par un milieu social.

Mais la socialisation se produit davantage dans les confrontations réelles au sein destâches de travail avec et contre les collègues.

Chaque groupe professionnel, chaque organisme possède des « cultures » et des pratiques spécifiques que l’individudoit intérioriser (ou qu’il rejette ou modifie).• Socialisation conjugale : La vie en couple amène des changements dans les habitus individuels antérieurs.

Les nécessaires concessions et compromis génèrent un« nomos » commun de référence et d’action (heure des repas, rituels et habitudes hebdomadaires,…).

Il s’agit d’une co-construction, d’une invention par la viecommune (F.de Singly)• Socialisation par les groupes et groupements : La recherche d’intégration à des groupes structurés ou non exige une modification de ses comportements antérieurs.Là encore, l’assimilation à une culture partagée par les membres du groupe va modifier les habitus : « 3e mi-temps du rugby, tenue vestimentaire des « rappeurs »,rhétorique langagière des militants d’un parti politique… III – Socialisation continue et transformation de l’individu : La réflexion doit s’ouvrir et travailler deux problématiques opposées :• Si la socialisation primaire est si puissante et déterminante, il n’est plus possible de penser des changements identitaires alors que la pratique quotidienne nousdémontre le contraire,• Si la socialisation est un processus évolutif qui change sans cesse, peut-on encore parler de socialisation ?Pour tenter de résoudre ce dilemme, il faut repréciser un cadre d’analyse :• Il existe une multiplicité d’agents (de lieux, d’expériences) de socialisation ,• Les plus évidents sont sans aucun doute les « institutions » (Famille, Ecole, Profession, Mariage, …).

Mais la socialisation ici ne se limite pas aux premiers mois,elle évolue tout au long du temps (après 30 ans de métier…, de mariage…)• Certains événements ou la volonté des individus/acteurs peuvent modifier à leur tour l’identité acquise (ex : divorce, licenciement, réussite, évènementspolitiques, ...) Ainsi la prise de « rôles » dans les décisions d’action à partir de la « négatricité » des acteurs entraine les acteurs à une modification de leur postureantérieure.

« La transformation de soi manifesterait une sorte d’arrachement aux pesanteurs sociales au cours duquel l’individu serait son propre socialisateur ».

C’està ce niveau que tente d’opérer les Analyses de pratiques professionnelles ou les groupes de paroles pour aider les acteurs à une prise de conscience et donc à uneintériorisation de principes d’action.• L’autonomie de l’acteur n’est cependant qu’apparente.

Elle ne s’exerce en fait que dans le cadre d’un « travail sur soi » (difficile) lui-même ancré dans desinfluences sociales et une histoire du sujet.• Le langage est défini comme le contenu et l’instrument le plus important dans le processus de socialisation.

Au sein de l’interaction avec autrui, les concepts, lesémotions, les prescriptions, la volition seront exprimés verbalement.

La parole « institue » les représentations implicites et « l’acte de parole » dénote l’intentionnalité. »

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