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Y a-t-il des actes impardonnables ?

Publié le 06/01/2006

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«  - Peronne, Seigneur, répondit-elle!!!? «  - Moi non plus, lui dit Jésus, je ne te condamne pas. Va, désormais, et ne pèche plus. »   ARENDT Hannah, La condition de l'homme moderne   « La découverte du rôle du pardon dans les affaires humaines fut l'oeuvre de Jésus de Nazareth. »   Dans quelles situations respectives, dans quel rapport, se trouvent la conscience fautive et la conscience offensée? Il semblerait que l'offensé ait une supériorité sur le fautif, à laquelle il renoncerait en pardonnant. Le pardon serait alors le geste d'un supérieur rétablissant l'égalité. Cependant, nous avons vu que pardonner c'est s'estimer à la hauteur du pardon. Le pardon est donc aussi le geste par lequel l'offensé se fait supérieur au fautif : il le remet d'une faute qui appartient à son passé à lui, le fautif, à son passé d'agent libre, il légifère sur elle. Le pardon est donc un geste de supériorité par lequel la conscience offensée rétablit l'égalité avec la conscience fautive.

• Peut-être y a-t-il lieu de différencier la question du « pardon « de celle de « la sanction «. Ne pas sanctionner est-ce nécessairement « pardonner « (et vice versa) ?  • Bien saisir que les deux sujets ne sont nullement identiques.  - L'un (le pardon) nous invite (implicitement) à nous poser des questions du type : « Qu'est-ce que le pardon ? Quels problèmes spécifiques pose-t-il ? Relevant de quels domaines (psychologique, moral, métaphysique, religieux)? «  L'autre est beaucoup plus déterminé, circonscrit. Par exemple, entre autres, il y a lieu de noter qu'il est admis implicitement qu'il y a des fautes pardonnables. D'où le problème du pardon des fautes n'est pas posé de façon générale : en fait ce qui est en question c'est de savoir il y a des critères (relatifs aux types de fautes) qui permettraient d'établir et de distinguer ce qui serait de l'ordre « pardonnable « et ce qui n'en serait pas.

« ARISTOTE Ethique à Nicomaque,(IV, 7-8) « La magnanimité a rapport à de grandes choses, comme semble encorel'indiquer son nom.

Mais de quelles grandes choses s'agit-il? C'est là ce quenous devons tout d'abord saisir.

Peu importe d'ailleurs que nous examinions ladisposition en elle-même ou l'homme qui répond à cette disposition. « On pense d'ordinaire qu'est magnanime celui qui se juge lui-même digne degrandes choses, et qui en est réellement digne; car celui qui, sans en êtredigne, agit de même, est un homme sans jugement, et au nombre des gensvertueux ne figurent ni les hommes sans jugement, ni les sots.[...] Ainsi, l'homme magnanime, d'une part est un extrême par la grandeur de ce àquoi il peut prétendre, et d'autre part un moyen par la juste mesure où il setient, puisqu'il ne se juge digne que de ce dont il est effectivement digne,alors que l'homme vain ou l'homme pusillanime tombent dans l'excès ou dans ledéfaut. « [...] L'homme magnanime, puisqu'il est digne des plus grandes choses, nesaurait qu'être un homme parfait : en effet, meilleur est l'homme et toujoursplus grands sont les biens dont il est digne, et celui-là est digne des plus grands biens qui est parfait.

Par conséquent, l'homme véritablement magnanime doit être un homme de bien.

Et onpensera qu'à la grandeur d'âme appartient tout ce qu'il y a de grand dans chaque vertu.

Il serait absolument contraire au caractère d'un homme magnanime à la fois de s'enfuir à toutes jambes et de comettre une injustice :dans quel but commettrait-il des actes honteux, lui pour qui rien n'a grande importance ? Et, à examiner chacunedes vertus, il paraitraît absolument ridicule que l'homme magnanime ne fût pas un homme de bien, pas plus qu'il neserait digne d'être honoré s'il était pervers, puisque l'honneur est une récompense de la vertu et que c'est auxhommes de bien qu'il est rendu.

La magnanimité semble donc être un ornement des vertus, car elle les fait croître etne se rencontre pas sans elles. « [...] Par nature, il aime à répandre des bienfaits, mais il rougit d'en recevoir, parce que, dans le premier cas, c'estune marque de supérioroté et, dans le second cas, d'infériorité.

Il sera enclin à rendre plus qu'il ne doit, car decette façon le bienfaiteur originaire contractera ne nouvelle dette envers lui et sera l'obligé.

En outre, le magnanimesemble ne garder en mémoire que ceux à qui il a fait du bien, à l'exclusion de ceux qui l'ont lui-même obligé : carcelui qui reçoit un service est l'inférieur de celui qui le lui rend, alors que l'homme magnanime souhaite garder lasupériorité. [...] Il est sans rancune : ce n'est pas une marque de magnanimité que de conserver du ressentiment, surtout pourles torts subis, il faut mieux les dédaigner.

» L'objet de cette première partie est la recherche de ce qui rend le pardon possible, de ses conditions de possibilité.Il apparaît que le pardon n'est possible que comme choix, parmi une série d'attitudes également possibles : lavengeance, la punition, l'indifférence, etc...S'il y a, alors, des actes impardonnables, quelle attitude face à l'actepeut prétendre au titre de meilleure attitude ? Quelle serait l'attitude juste ? La solution d'Aristote consiste àprésenter le pardon comme l'exercice d'une vertu, la magnanimité.

Comme toute vertu, la magnanimité est soumise àune règle qui la modère.

Or, la justice exige parfois, et ce d'autant plus que l'exercice de la vertu s'enracine danscelui du politique, qu'une punition soit infligée au coupable.

De quels cas s'agit-il ? Le texte d'Aristote nous présentele pardon du magnanime comme le dédain d'une offense qu'on a commise à son encontre.

En revanche, lemagnanime prend le parti des causes qu'il croit justes, et cherche à soumettre les coupables à la Justice de la Cité.A ce stade de la dissertation, nous avons départagé les actes pardonnables des actes impardonnables selon qu'ilsnuisaient à quelqu'un en particulier, auquel cas le pardon est une magnanimité surérogatoire, ou qu'ils représentaientune infraction à la Justice que l'offensé seul ne pourrait pardonner.

Un seond résultat et que ce partage s'oprèreaussi selon la raison : elle délimite, d'une part, les actes justes et injustes, et par là quels actes sont susceptiblesd'être pardonnés, et d'autre part, c'est elle qui enseigne au magnanime s'il est ou non à même de pardonner. Transition C'est en termes de grandeur que nous avons ainsi été amenés à penser la capacité à pardonner.

Est pardonnable est un acte si celui qu'il a offensé s'estime avec raison capable de le faire.

Comment opérer de tellesmesures, comment comparer des valeurs si imprécises ? Dans quelles situations respectives, dans quel rapport, setrouvent la conscience fautive et la conscience offensée? Comment mesurer la commensurabilité des deux ? II De la finitude humaine au pardon humain SAINT JEAN, Evangile « Les scribes et les pharisiens lui amènent alors une femme surprise en adultère et, la plaçant bien en vue, ils disentà Jésus : « - Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d'adultère.

Moïse nous a prescrit dans la loi de lapider cesfemmes-là.

Et toi, qu'en dis-tu?. »

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