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Désirer, est-ce nécessairement souffrir ?

Publié le 08/01/2013

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               Il existe un lien étroit entre les termes de désir et de souffrance, bien qu’ils aient l’air opposé dans leur définition respective, d’où une dimension paradoxale de ce lien. Selon Platon, le désir est ce dont quelqu’un « ne dispose pas et qui n’est pas présent ; ce qu’il n’est pas lui-même, ce dont il manque : tel est le genre de choses vers quoi tend son désir et  son amour. « Il apparaît donc que le désir est indissociable de l’Homme et de sa nature. En théorie, lorsque nous atteignons l’objet de notre désir, nous ne devrions rien éprouver d’autre qu’une sensation d’apaisement, de plénitude. Or, l’expérience a prouvé à chacun d’entre nous que cette atteinte ôtait à l’objet du désir, dans la plupart des cas, son caractère désirable. Et c’est dans cette insatisfaction inattendue que résident toute l’ambigüité du désir, ainsi que la souffrance. Vouloir ce qu’il ne possède pas conduit-il assurément l’Homme à la déception, à la douleur ? Pour le savoir, nous étudierons dans un premier temps certains aspects du désir qui nous font tendre vers une réponse affirmative ; nous expliquerons ensuite que le désir n’est pas qu’une source de souffrance, dans la mesure où il est ce à quoi l’Humanité dans son ensemble aspire ; enfin, nous prolongerons cette réflexion en nous intéressant au but final que nous recherchons au travers de nos désirs.

« profondément imprégnées.

Et fatalement, bien que nous nous croyons libérés de ces principes, ils ressurgissent dans notre sens de la morale, et peuvent prendre la forme d'une mauvaise conscience, par exemple.

C'est ainsi que la doctrine bouddhiste édicte Quatre Nobles Vérités, qui bannissent le désir: tout est douleur, la cause de la douleur est la soif (le désir), il existe une cessation de la douleur, la Voie est la cessation de la douleur.

Le Bouddhisme recherche ainsi l'extinction du désir, la délivrance, dans la mesure où désirer revient à voul oir autre chose que ce qui est, ce qui n'est autre que de la souffrance.

N'importe quelle satisfaction donne lieu à la satiété, laquelle provoque soit le dégoût, soit le désir à nouveau.

Lorsque l'on s'interroge sur un certain texte de Platon, dans Gorgias, qui propose deux styles de vie au travers de la métaphore de tonneaux (les tonneaux sains représentent une vie tempérée; les tonneaux percés, une vie dans l'excès), on s'aperçoit que l'éthique de vie prônée par Calliclès est tentante et attrayante, mais elle nous semble aussi malsaine.

« Ce dont je parle, c'est de vivre dans la jouissance, d'éprouver toute les formes de désir, et de les assouvir.

» Cette fameuse jouissance nous met dans le mal -être, parce que nos esprits l'associent à la faute, au péché.

Il est rassurant de se plonger dans la vie tempérée préférée par Socrate, dans laquelle nous avons satisfait nos désirs, pour éviter le manque et la souffrance.

C'est une vie de plaisir, puisqu'on ne manque plus de rien, que les seuls désirs restants sont vertueux et faciles à satisfaire.

Il est difficile d'adopter la définition de désirer selon Calliclès, qui serait: vivre, car d'anciennes mœurs prônent l'interdiction de ce désir, ce qui reviendrait à prôner l'interdiction de la vie, et cela serait évidemm ent absurde.

Par ailleurs, pour nous autoriser l'assouvissement de certains désirs, nous avons parfois besoin d'une « contrepartie » de malheur ou de douleur, comme si notre conscience n'arrivait pas à être apaisée dans une jouissance pure et durable.

D'au tres doctrines, anciennes, et pas directement religieuses, vont dans ce même sens: le jansénisme, qui est pour une vie austère, pleine d'une vertu rigide, et le stoïcisme, selon lequel la vertu doit être la seule source de bonheur, et non pas le plaisir.

Le désir est donc responsable de certaines de nos souffrances, parce qu'il est mimétique que cela nous empêche d'en jouir pleinement, d'où le fameux sentiment d'insatisfaction, et parce que nous gardons en tête des principes religieux qui font obstacle à c ette même jouissance.

Cependant, le désir n'est pas qu'un mal pour l'Homme.

En second lieu, il nous faut expliquer ce qui fait que le désir a en réalité un impact positif sur nos vies.

Pour ce faire, nous verrons qu'il est l'essence même de l'Homme, puis nous aborderons le sujet de la privation.

On a parfois tendance à considérer que nos désirs ne sont que des pulsions malsaines, qui sont la preuve de notre faiblesse.

Néanmoins, n'est -il pas vrai que ce sont eux qui sont à l'origine des innovations, des créations de l'Homme, et ainsi de son évolution? Spinoza donne une valeur positive au désir.

A ses yeux, c'est le moteur de nos vies, il définit tout ce qui est vivant.

En effet, tous les êtres ont un point commun: ils essayent sans cesse de continuer à êt re, et pour cela, ils puisent leur force dans leur essence même.

Lorsqu'il ne concerne que l'esprit, cet effort est appelé Volonté; mais lorsqu'il concerne également le corps, il devient Appétit, et c'est ce dernier qui constituerait l'essence même de l'Ho mme.

On peut ainsi dire que le désir ne dépend pas du jugement: c'est le jugement qui dépend du désir.

Pierre V ianson -Ponté, dans Le Monde, vante les avantages du désir au travers d'un article nommé « La France s'ennuie »: « On ne construit rien sans entho usiasme », dit -il.

Le désir permet pour lui d'« ouvrir des horizons, susciter des élans, même s'il doit y avoir un peu de bousculade, des réactions imprudentes.

».

Le père de la célèbre théorie de l'évolution atteste également (et Schopenhauer, ainsi que Spinoza le confirment) que le désir est bien le moteur de la survie de notre espèce, de notre conservation.

En ce sens, le désir serait une sorte d'instinct primitif, qui par exemple, justifierait l'amour par la nécessité de se reproduire.

Cela est plausible, mais Nietzsche n'est pas totalement d'accord avec cette affirmation, en rappelant qu'aujourd'hui, « la survie de l'espèce humaine est largement assurée, pourtant l'Homme ne cesse pas moins de désirer.

» Nous ne serions plus poussés par un désir de simpl e conservation, mais par un désir encore plus puissant, celui de l'expansion: « Un être vivant veut avant tout déployer sa force.

La vie même est volonté de puissance, et l’instinct de conservation n’en est qu’une conséquence indirecte et des plus fréquent es.

– Bref, ici comme partout, gardons -nous des principes téléologiques superflus, tels que l’instinct de conservation (nous le devons à l’inconséquence de Spinoza).

» Quoi qu'il en soit, même si certains points de vue s'opposent, c'est clairement le désir qui motive nos vies, c'est au travers de lui que s'accomplissent chacune de nos actions, bonnes ou mauvaises.

Souvent, nous associons le « besoin » d'assouvir un désir à un besoin d'accéder à du plaisir.

Cela, en. »

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