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De l'état de nature à l'état civil

Publié le 22/02/2012

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PRESENTATION DU "DISCOURS SUR L'ORIGINE ET LES FONDEMENTS DE L'INEGALITE PARMI LES HOMMES" DE ROUSSEAU Ce texte constitue la réponse de Rousseau (1712-1778) à une question proposée par l'Académie de Dijon sur la source des inégalités. Rousseau y avance une critique radicale de tous les théoriciens du Droit Naturel et du Contrat en montrant que ces concepts ont été utilisés pour fonder en raison une imposture et un asservissement. La philosophie politique a, selon lui, toujours été de connivence avec les puissants. C'est pour rompre avec cette tradition que Rousseau s'attaque au problème des inégalités en s'interrogeant non seulement sur ses origines mais sur ses fondements.

« A.

L'état de nature L'homme de l'état de nature est physiquement semblable à nous, plus robuste, il ne se sert que de son corps et n'apas d'outils.

Il est plus craintif qu'agressif, et plus farouche que craintif.

Solitaire, hormis pour les exigences de lareproduction de l'espèce, il ne médite pas et n'a pas de langage.

Sans relations morales avec ses semblables, c'est un animal ni bon ni mauvais, parce que ignorant du bien commedu mal.

Parce qu'il se contente d'écouter ses désirs immédiats, il ne les déforme pas en passions et en vices sousl'effet de la raison ; le besoin assouvi s'éteint en lui sans s'enflammer dans l'imagination.

C'est que le jeu naturel del'amour de soi et de la pitié le retient de mal faire.

Les difficultés qu'il rencontre dans cet état déclenchent le perfectionnement qui l'empêche d'y rester : lamultiplication des hommes, signe du bien-être de l'état de nature, le dénature.

C'est que l'adversité développe laraison, rend indispensable la société et provoque l'apparition du langage. B.

L'état social primitif La première société, la plus naturelle, est la famille, qui devient déjà une institution contre-nature dès qu'elledéborde les fonctions de procréer et de nourrir les descendants jusqu'à leur sevrage.

Elle accompagne lasédentarisation, les premiers développements du langage et les premiers sentiments.

La réflexion déploie la connaissance de soi et, avec elle, l'orgueil d'une part, et l'honneur d'autre part.

La vie ensociété fait naître la notion d'un intérêt commun, et les premiers actes d'égoïsme et d'amour-propre.

Cet état socialprimitif, qui n'est plus naturel, est celui des peuples primitifs actuels. C.

L'état civil La sédentarisation entraîne le travail, puisqu'elle requiert l'agriculture ; la vie en commun développe le partage destâches entre les hommes.

Du travail organisé naissent donc la propriété et la notion de justice ; car c'est montravail qui me donne un droit sur ce que je cultive.

L'inégalité de la force et de l'ingéniosité fait les pauvres et lesriches ; le superflu des plus riches, qui est l'indispensable des plus pauvres, donne naissance au luxe et à l'oisiveté.Les nouveaux besoins ainsi créés deviennent des chaînes qui attachent les hommes les uns aux autres, en mêmetemps qu'elles les opposent.

La guerre entre les hommes rend nécessaire l'institution des règles de la société civile, lesquelles, figeant l'état defait, sont favorables aux plus riches.

Un chef est nommé pour maintenir l'ordre, et voici créés les premiersgouvernements ; pour être plus tranquilles, les hommes consentent à être moins libres.

Lorsque d'une puissancelégitime le chef fait peu à peu une puissance arbitraire, les hommes soumis à la tyrannie de la force retombent, parexcès de corruption, dans un nouvel état de nature bien éloigné de la pureté originelle. 3.

L'égalité A.

Inégalité et égalitéRousseau constate quatre sortes d'inégalités sociales entre les hommes : richesse, noblesse, puissance, méritepersonnel.

La première inégalité sociale qui apparaît est celle du mérite ; toutes les inégalités aboutissent endéfinitive à l'inégalité de richesse.

Il y a bien une inégalité originelle, physique et morale : certains ont plus de force,de volonté ou d'intelligence.

Elle est instituée par la nature, et ses effets sont inoffensifs hors de la société.

Aucontraire, l'inégalité sociale est instituée par l'homme, elle est non naturelle.

Fondée sur une convention, elle existede fait ; mais est-elle de droit ?Parce qu'il refuse de faire de l'inégalité naturelle le fondement de l'inégalité` instituée, bien qu'il en fasse l'origine*,Rousseau oppose l'inégalité instituée à l'égalité naturelle.

C'est que la supériorité de fait, ou mérite personnel, nedonne aucune supériorité de droit conventionnel (honneur, richesse ou puissance) ; la nature nous fait plus forts ouplus intelligents les uns que les autres, mais elle donne à chacun la même dignité et le même droit de n'obéir qu'àsoi-même. B.

La propriétéLa richesse quant à elle suppose la propriété ; cette dernière à son tour suppose une convention entre les hommes: que deviendrait en effet une propriété que je serais seul à reconnaître ? La propriété naît donc avec l'état civil ;elle en est l'origine, il en est le fondement : parce que la propriété va naître, des lois deviennent nécessaires pour lagarantir ; parce que ces dernières la garantissent, la propriété peut naître.La propriété naît du travail ; elle n'est pas une loi du droit naturel, mais du droit conventionnel.

Parce que touteinégalité se résout dans la propriété, parce que la richesse est la seule inégalité qui s'accroisse au-delà de la mortdes hommes, la propriété permet le développement extrême de l'inégalité ; c'est son institution qui fait, selon laconclusion du second Discours, qu' "une poignée de gens regorge de superfluités, tandis que la multitude affaméemanque du nécessaire".. »

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