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Faut-il vivre en pensant à la mort ?

Publié le 04/03/2005

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« Ne méprise pas la mort, mais fais-lui bon accueil, comme étant une des choses voulues par la nature. » Marc-Aurèle, Pensées pour moi-même, IIe s. apr. J.-C. « Dès qu'un humain vient à la vie, il est déjà assez vieux pour mourir. » Heidegger, Être et Temps, 1927. « [La] condition nécessaire à la possibilité même d'une évolution, c'est la mort. Non pas la mort venue du dehors, comme conséquence de quelque accident. Mais la mort imposée du dedans, comme une nécessité prescrite, dès l'oeuf, par le programme génétique même.

« vaut donc arrêter de discourir sur elle.

La pensée classique, celle qu'incarne Descartes, occupée àappréhender la réalité au moyen d'idées «claires et distinctes», ne s'est pas attardée à définir une notion quin'a aucun contenu rationnel. "Le philosophe ne pense à aucune chose moins qu'à la mort et sa philosophie est une méditation dela vie, non de la mort" SPINOZA La philosophie de Spinoza est une ontologie optimiste : pour lui perfection et réalité, vertu et puissance sontmême chose.

Le bonheur absolu existe ici-bas dans la communion intellectuelle avec l'essence des choses.

Nil'erreur, ni le mal, ni la mort n'offrent la moindre prise à une pensée positive ; ils ne se définissent qu'à partirde l'Être dont ils sont défaut, privation ; la pensée de la mort est contradictoire, c'est une pensée folle carprétendre penser le rien revient très exactement à ne rien penser ; chacun de nous est une essenceparticulière affirmative qui tend obstinément à « persévérer dans son être »; et il faut bien comprendre que ce« conatus », cet effort vers la plénitude de l'existence n'a rien à voir avec un peureux et douillet instinct deconservation.

[L'homme est la seule créature qui, parmi toutes les espèces vivant sur terre, a conscience de sonexistence.

Il se sait mortel.

Voilà qui pose le plus grave des problèmes: qu'est-ce la vie au regard de la mort ?] La vie est courteHorace, dans ses Odes, a écrit ces mots célèbres: Carpe diem.

Ce qui signifie: «profite du jour présent».

C'estparce que je sais que je ne suis pas immortel que je réfléchis sur le temps qui passe, que je me demande ceque je dois faire de ma vie pour ne pas regretter, au jour de ma mort, de n'avoir pas vécu ce que je devaisvivre. La mort, comme néant, enrichit la vie.Semblablement, c'est parce que la mort, comprise comme néant, nous dévoile l'absurdité de la vie, que cettedernière pourra être authentiquement vécue, dans la conscience et la révolte : « Il s'agissait de savoir si lavie devait avoir un sens pour être vécue.

Il apparaît ici au contraire qu'elle sera d'autant mieux vécue qu'ellen'aura pas de sens.

Vivre une expérience, un destin, c'est l'accepter pleinement [...].

Vivre c'est faire vivrel'absurde.

Le faire vivre, c'est avant tout le regarder.

Au contraire d'Eurydice, l'absurde ne meurt que lorsqu'ons'en détourne.

L'une des seules positions philosophiques cohérentes, c'est ainsi la révolte [...] Cette révoltedonne son prix à la vie » (A.

Camus, Le Mythe de Sisyphe, Gallimard, coll.

Idées, pp.

76-77).

Ainsi, c'est dansle sentiment de notre finitude et la capacité que nous avons de faireface à notre propre mort que nous puisons la force et l'énergie de vivre pleinement et authentiquement la viequ'il nous est donné de vivre, car « la vie de l'esprit n'est pas la vie qui s'effarouche devant la mort et sepréserve pure de la décrépitude, c'est au contraire celle qui la supporte et se conserve en elle» (Hegel,Phénoménologie de l'esprit, p.

48, trad.

J.-P.

Lefebvre). La conscience de la mort comme stimulantL'animal n'a pas besoin de se poser de questions.

Il existe et se contente d'exister.

Il ne se demande paspourquoi il est né et pourquoi il est voué à disparaître.

Le drame de l'homme, qui est aussi à l'origine de sesplus profondes angoisses et de ses plus grandes méditations, réside dans le fait qu'il a conscience de la mortalors même qu'elle lui est inconnaissable. Vie et mort sont indissociablesPourquoi la vie a-t-elle «inventé» la mort ? Le biologiste répondra qu'elle représente un avantage.

Elle favorisel'évolution et la sélection adaptative des espèces.

Chaque génération donne naissance à des individusgénétiquement nouveaux qui, après s'être reproduits, vont disparaître, laissant place à d'autres individus.Comprendre la vie reviendrait donc à saisir l'intérêt que la mort représente pour elle.. »

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