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GENET: LES PARAVENTS (Analyse et fiche de lecture)

Publié le 22/02/2012

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Dans ses Notes pour jouer les Paravents, il prophétise : «Le théâtre à l'italienne ne fera pas de vieux os». Et de réclamer des «théâtres de dix mille places» où une partie du public serait sur scène, pour y prendre rang de «figurants immobiles et silencieux» dont certains seraient travestis «en détenus de droit commun, masqués et enchaînés, gardés par des gendarmes armés».
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« montre aussi l'affrontement des forces sur le terrain de la guerre, l'affrontement des personnalités à l'intérieurdu clan arabe. Les autres héros de la pièce sont «les paravents» eux-mêmes.

Peinturlurés par les acteurs au fur et à mesureque se déroule l'oeuvre, déplacés selon les scènes pour figurer des aires de jeu, ils marquent aussi la frontièredu monde de la vie à celui de la mort.

Dans la dernière partie de l'ouvrage, les personnages, un à un, lestraverseront pour se retrouver ensemble — militaires français et «résistants» arabes — dans un univers où lesluttes des vivants paraissent tout à coup ridicules — suprême amoralité ! Seuls Saïd et Leïla ne les rejoindrontpas.

Où sont-ils ? «dans une chanson ?» C'est sur cette question que se clôt la pièce. L'Homme D'UN RITUEL 3. Sur la façon de monter la pièce, de concevoir jeu, décor, déplacements et costumes, l'auteur a multiplié les noteset les indications : il souhaitait qu'en toute chose le «cérémonial théâtral» fût respecté, afin d'éviter que l' oeuvrene sombre dans le réalisme.

Masques, maquillages violents, vêtements signifiants, outrances dans le parler sont derègle...

Les personnages des Paravents sont des «types», des «figures».

La poésie de certaines scènes (La Mère dialoguant, au cimetière, avec un mort fraîchement enterré) doit garder son caractère évocateur, presque tragique.Là encore, Genet (que la messe, dans sa forme latine traditionnelle, impressionnait tant) se montre l'homme d'unrituel.

Il indique même, dans certaines scènes, par un soulignement du texte, les endroits où les répliques despersonnages doivent se chevaucher ! Ces répliques, comme tous les dialogues de la pièce, sont rédigées dans un style qui, à l'opposé de certainesécritures «avant-gardistes» de l'époque, conserve une parfaite cohérence aussi bien qu'un total respect de lasyntaxe.

Admirablement imagée, très évocatrice, constamment musicale, cette langue fait des Paravents, ainsi que le dit encore Marcel Maréchal, «un chant d'amour à la langue française».

Loin d'être une langue quotidienne, elle«décale» simplement les propos en les poétisant, ce qui, là encore, éloigne l'oeuvre d'un quelconque réalisme et luidonne sa dimension, reconnue par beaucoup, de «cathédrale littéraire».

La parole n'est pas seulement énoncé defaits ou de sentiments, discours chargé de sens : elle porte sa puissance en soi. Cette dimension poétique singulière n'attente pas au caractère éminemment subversif de l'oeuvre.

Bien après la finde la guerre de décolonisation algérienne, Les Paravents choque encore.

En novembre 1991, Marcel Maréchal, montant cette pièce au Théâtre de la Criée de Marseille, s'est vu la proie de menaces verbales et physiques.

Il nedéplairait sans doute pas à Genet de savoir qu'il peut gêner encore.. »

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