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La guerre peut-elle être juste ?

Publié le 28/09/2005

Extrait du document

Bien définir les termes du sujet :
- « La guerre « : le terme "juste" renvoie ici au fait que la guerre est une action qui peut porter préjudice aux individus ou groupes. Il ne s'agit donc pas d'une simple disposition avérée au combat, mais d'un conflit ouvert d'une lutte armée entre deux Etats, individus ou groupe d'individus. Elle oppose des ennemis, c'est-à-dire des entités ayant des intérêts contraires, et a en général pour but la défense, la conservation, ou la possession.
 - « Etre juste « : Parler d'une chose ou d'un événement en demandant s'il est juste revient à poser une question morale. Autrement dit, il s'agit de savoir si la chose dont il est question – ici la guerre – est conforme à la justice ou à l'équité, si elle respecte les droits de chacun.
Construction de la problématique.         
           Le sujet ne tente pas ici de trancher une bonne fois pour toute si la guerre est ou non juste. Il s'agit simplement de savoir si dans certaines circonstances elle l'est ou non. Quoi qu'il en soit, le terme "juste" ne renvoie pas ici à une justice institutionnelle. En effet, la guerre ne concerne pas les lois, il ne s'agit pas de savoir quelle est la position de ces dernières sur ce type d'événement. La guerre fait s'affronter des hommes, et se solde toujours par la domination d'un groupe sur l'autre : le vainqueur étant celui qui se détermine comme celui qui a raison. Sa violence et son caractère destructeur l'entraînent à nier le droit des individus, à les menacer de mort, et à considérer que ce pour quoi elle se bat est supérieur aux existences individuelles.
           Se pose donc la question de savoir au nom de quoi on peut nier les droits de chacun, et menacer sa vie. Qu'est-ce qui est supérieur aux existences individuelles et qui mérite le sacrifice des individus ?
 


« Toute guerre, quelles que soient les atrocités qui y sontcommises, est justifiée par un dessein secret de la raison. Lorsque nous considérons ce spectacle des passions et lesconséquences de leur déchaînement, lorsque nous voyons la déraisons'associer non seulement aux passions, mais aussi et surtout auxbonnes intentions et aux fins légitimes, lorsque l'histoire nous metdevant les yeux le mal, l'iniquité, la ruine des empires les plus florissantsqu'ait produits le génie humain, lorsque nous entendons avec pitié leslamentations sans nom des individus, nous ne pouvons qu'être remplisde tristesse à la pensée de la caducité en général.

Et étant donné queces ruines ne sont pas seulement l'oeuvre de la nature, mais encore dela volonté humaine, le spectacle de l'histoire risque à la fin deprovoquer une affliction morale et une révolte de l'esprit du bien, si tantest qu'un tel esprit existe en nous.

On peut transformer ce bilan en untableau des plus terrifiants, sans aucune exagération oratoire, rienqu'en relatant avec exactitude les malheurs infligés à la vertu,l'innocence, aux peuples et aux Etats et à leurs plus beaux échantillons.On en arrive à une douleur profonde, inconsolable que rien ne sauraitapaiser.

Pour la rendre supportable ou pour nous arracher à sonemprise, nous nous disons: Il en a été ainsi; c'est le destin; on n'y peutrien changer; et fuyant la tristesse de cette douloureuse réflexion, nous nous retirons dans nos affaires, nos buts et nos intérêts présents, bref, dans l'égoïsme qui, sur la rivetranquille, jouit en sûreté du spectacle lointain de la masse confuse des ruines.

» HEGEL 1) Le spectacle de l'histoire provoque un triple mouvement de désolation, qui conduit de la tristesse àl'affliction pour atteindre la douleur profonde.

Hegel dépeint avec minutie ces étapes.2) Se réfugier dans l'égoïsme (nos affaires, nos buts, nos intérêts) est une solution possible pour échapper àcette réflexion née de la contemplation des ruines du passé. 1.

Le premier mouvement de tout ce passage marqué par l'emphase oratoire (et la répétition des « lorsquenous ») débouche sur la tristesse que nous, observateurs associés à Hegel, ne pouvons manquer d'éprouver «à la pensée de la caducité en général ».Certes , ayant le recul des observateurs qui regardent de loin la suite des événements humains, « nousconsidérons » ce qui apparaît comme un spectacle.

Ayant le réalisme des observateurs, nous sommescapables de comprendre les mécanismes qui font réellement agir les hommes.

Ici, pas de place àl'entendement, mais le champ est laissé libre aux passions ; pas de mesure, mais le déchaînement.Alors que la raison s'oppose à la passion (et la freine, sinon l'enchaîne), l'histoire nous montre l'association dela déraison (la folie) et la passion.

Ce qui, somme toute, va de soi.

Mais, plus fou encore, ce qui est bien (lesbonnes intentions, les fins légitimes) est perverti par la déraison : ce sont les bonnes intentions et les finslégitimes qui produisent le mal et l'illégal.

Tout à l'heure nous devinions les hommes dans la multiplicité de leursactions individuelles, maintenant, c'est l'histoire abstraite qui commande et nous considère comme desspectateurs (« l'histoire nous met devant les yeux »).

Les personnages du théâtre deviennent des entités : lemal, la corruption des moeurs (« l'iniquité »).

Le décor : la ruine des empires.

L'histoire, avec ses ruines, esttoujours plus forte que l'homme avec ses empires.

Enfin nous entendons les plaintes bruyantes (« leslamentations ») des individus qui pleurent sur la ruine de leurs cités, tout comme Jérémie pleurait sur ladestruction de Jérusalem par les Chaldéens.La contagion des cris de douleur, présents ici-même (« nous l'entendons »), est plus forte que le spectacle.Nous-mêmes ne pouvons « qu'être remplis de tristesse ».

C'est le moment de la réflexion, nourrie desmouvements précédents, exprimant la pensée la plus générale : tout menace d'être ruiné.

Cette « pensée dela caducité en général » reprend de manière laïque « la vanité des vanités, tout est vanité » de L'Ecclésiaste.Le second mouvement nous conduit à l'affliction morale.

Il désigne les acteurs de l'histoire, d'une part lanature, d'autre part les hommes (avec leur volonté du mal).

D'où un double sentiment humain, d'une partl'affliction morale, d'autre part une révolte.

Il est possible de faire autrement.

Certes nous pouvons pleurer surles ruines provoquées par une nature à la fin toujours plus forte que l'homme, mais pour ce qui est del'homme, et de ses exactions, une autre histoire est sans doute possible.Bien qu'un instant nous puissions en douter (« si tant est »), le spectacle du monde ne nous a-t-il pas apprisqu'il n'y a pas, dans tout ce que nous avons vu, d'esprit du bien.

Alors échapperions-nous à la règlecommune.

Oui, sans doute, les sentiments qui sont les nôtres (tristesse, affliction, douleur) témoignent denotre moralité.Le troisième mouvement, où nous passons du spectacle au tableau, est encore plus terrifiant.

Loin de l' «exagération oratoire » - qui emporterait peut-être l'adhésion, mais qui, manipulatrice, est ici parfaitementinutile – il suffit, dit Hegel, seulement (« rien qu'en ») de relater (c'est le propre de l'histoire d'être une relationavec exactitude...

Autrement dit, ce qui pourrait être décrit est exact.

Plus de dénonciation de la nature,comme responsable des ruines.

Mais une accusation portée cette fois uniquement contre l'homme.

Car c'estbien une activité humaine qui « inflige » délibérément...

Triomphe du mal, avec son cortège de malheurs, duvice sur la vertu, de la perversion contre l'innocence.

Et qui fait de l'histoire un malheur généralisé, où tout. »

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