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L'homme peut-il être un objet scientifique comme les autres ?

Publié le 21/02/2011

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scientifique

 

• Si « l'homme « est l'objet de plusieurs sciences, cela ne signifierait-il pas que « l'homme « n'est pas à proprement parler un objet scientifique? Il est sans doute bon en effet de se demander si l'instauration d'une problématique proprement scientifique n'est pas solidaire de l'instauration d'objet(s) scientifique(s). • La constitution de « sciences humaines « n'aurait-elle pas eu comme condition des déplacements conceptuels affectant ce qui est effectivement l'objet de la recherche. — Quel est l'objet, en réalité, par exemple, de la linguistique, de la psychanalyse, de l'économie politique de Marx, de l'ethnologie de Lévi-Strauss, etc. — Autrement dit les sciences « de l'homme « ont-elles « l'homme « pour objet ou la langue, l'inconscient, le mode de production, la parenté, etc. • La notion « d'homme « peut-elle être un concept scientifique ou ne renverrait-elle pas nécessairement à un champ idéologique particulier émergeant à un certain moment.

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« l'expérimentation et à la mesure (épreuves de laboratoire, tests, psychométrie, etc.).Le souci de l'objectivité pure a même fait naître des formes de psychologie où l'on s'interdit toute référence à laconscience et toute interprétation objective, où l'on se borne à l'observation externe, qui rattache par une loi lesréactions aux situations dans lesquelles elles se présentent.

En d'autres termes, on étudie uniquement «ce quel'organisme fait ou ce qu'il dit», le langage pouvant être considéré comme un système de réflexes conditionnés, quise construisent de la même manière que les réflexes sialogènes chez les chiens de Pavlov.

C'est ce que nousappelons psychologie de comportement de l'école américaine du behaviorisme.

Pour les plus modérés, commeThompson, ce n'est qu'une hypothèse de travail.

«Un behavioriste ne nie pas qu'il existe des états mentaux ; ildécide simplement de ne pas en tenir compte.» Mais Watson, son chef de file, réplique : «Il n'en tient pas compte,au sens où la chimie ne tient pas compte de l'alchimie ; l'astronomie des horoscopes ; la psychologie de la télépathieou des manifestations spirites.

Le behavioriste ne s'en occupe pas parce qu'à mesure que -le courant de sa sciencedevient plus large et plus profond, ces vieux concepts sont engloutis pour ne jamais reparaître.» Un extrémiste del'Ecole, Givler, va même jusqu'à dire : «Donnez-moi un nerf et un muscle et je vous ferai un esprit.» La psychologien'est plus dès lors qu'un chapitre de la biologie.On ne voit pas l'intérêt d'une telle outrance et le principe méthodologique de Thomson a le mérite de circonscrire untype de recherche, qui n'empêche pas d'autres formes de psychologie de se développer de façon féconde à partird'autres principes.

C'est le cas de la psychologie des conduites inaugurée par Pierre Janet.

A la notion decomportement il substitue celle de conduite.

Un comportement a nécessairement une signification, en ce qu'ilrépond à une situation déterminée et correspond à une intention, consciente ou non, du sujet.

Ainsi l'introspectionapparaît comme indispensable à l'interprétation du comportement lui-même, et la conscience constitue «uneconduite particulière, une complication de l'acte, qui se surajoute aux actions élémentaires ».

Il semble que cetteconception, qui anime aujourd'hui la plupart des recherches psychologiques, ait l'avantage de respecter l'objectivitéscientifique en se fondant sur l'expérience sans pour autant faire abstraction de l'activité du sujet. § 2.

La sociologie comme science positive A.

Cuvillier définit la sociologie comme «la science des groupes humains réels et concrets, c'est-à-dire enracinésdans l'histoire».

Cette définition met heureusement l'accent sur cette idée que le concept fondamental de lasociologie est celui du groupe social, que ce groupe est quelque chose de réel et de distinct des individus qui lecomposent et non une pure abstraction, et enfin que le présent s'éclaire par le passé et s'oriente vers l'avenir, lasociologie n'étant pas une étude intemporelle des formes et des rapports sociaux.

C'est cette «réalité objective desfaits sociaux» que Durkheim voulait affirmer en prescrivant comme première règle, en des termes, il est vrai,équivoques, «de considérer les faits sociaux comme des choses».

Cette règle exprime simplement que ledéterminisme, postulat de toute science, s'applique à la sociologie.

En conséquence, il est légitime de parler de loissociologiques.

D'abord, des lois de structure, qui établissent entre les éléments d'un même type social descorrélations, comme le lien entre la puissance quasi absolue du chef de famille et le culte des ancêtres.

Ensuite,parce que les faits sociaux sont des faits historiques, des lois d'évolution, comme le passage des économies ferméesaux économies d'échange.

Enfin et surtout, parce que les faits sociaux sont des faits de groupe, des loisstatistiques, forme par excellence des lois sociologiques, qui éliminent l'individuel en tant que tel pour faire ressortirce qui est imputable au social lui-même.

Le déterminisme sociologique est d'ailleurs un déterminisme causal d'unecomplexité particulière, car les effets réagissent à leur tour sur leurs causes, la réciprocité des actions causalesétant un fait marquant de l'explication sociologique.

Ainsi, par ses méthodes mêmes, la sociologie n'a pas à faireétat de l'activité propre du sujet, et il lui est inutile d'admettre, avec A.

Comte, selon une outrance qui fait penser àcelle de certains behavioristes, que «l'homme proprement dit n'existe pas, qu'il ne peut exister que l'Humanité», il luisuffit de s'en tenir au déterminisme global des faits sociaux qui assure son objectivité. § 3.

Compréhension et sciences humaines Cette conception objective des sciences humaines, qui semble les assimiler aux sciences de la nature, a déclenché,avec l'Allemand W.

Dilthey (1837-1911) et son école, un mouvement de protestation qu'exprime bien sa célèbreformule : «Nous expliquons la nature, nous comprenons la vie psychique.» Les sciences de la nature sontexplicatives en ce qu'elles cherchent par l'analyse les relations invariables ou lois entre les phénomènes.

Les«sciences de l'esprit» sont compréhensives en ce qu'elles perçoivent du dedans par une synthèse primitive le jeudes forces psychiques et leurs résultats.Mais, pour séduisantes qu'elles soient, les vues de Dilthey paraissent reposer sur un postulat très discutable, selonlequel nous connaîtrions parfaitement les états internes du fait que nous les vivons.

Or, on peut se demander sivivre un état n'est pas tout autre chose que de le connaître, et s'il n'y a pas, aussi bien en psychologie qu'ensociologie, une illusion sur l'expérience immédiate du vécu.

C'est ce que dénonce G.-G.

Granger.

La connaissancescientifique laisse échapper, dit-on, ce qui est le plus spécifique de l'acte humain et de ses oeuvres.

Ainsi, «pour laréalité psychologique et sociale, on voudrait que le savant la saisisse telle que l'expérience immédiate nous la donne,c'est-à-dire comme un tissu de qualités».

Or, «la saisie de la qualité correspond au moment immédiat de laconnaissance.

Mais cette immédiateté est équivoque ».

La science a précisément pour tâche «de dissiper cetteéquivoque et d'instaurer un mode de pensée résolument objectif ».

En psychologie et en sociologie comme en toutescience, il s'agit de dépasser l'immédiat, le subjectif, pour aboutir à un savoir indépendant du sujet et de l'esprit.

Aufond, toutes les théories du vécu et de l'immédiat reposent sur une confusion entre le réel et le vrai.

Ce qui estdonné dans l'expérience, c'est la réalité de nos états vécus.

Mais la vérité est d'un autre ordre, celui de l'intelligible,qui n'est jamais donné.

Pour atteindre le vrai, cet intelligible, les méthodes des sciences humaines doivent êtreobjectives comme celles des sciences physiques et biologiques et, comme elles, elles ont à construire le réel.. »

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