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JEAN-JACQUES ROUSSEAU : SON CARACTÈRE.

Publié le 25/06/2011

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Jean-Jacques Rousseau, romancier français, naquit à Genève le 28 juin 1712. Sa vie jusqu'à la quarantième année, et même toute sa vie, fut un roman. Déclassé dès l'enfance, vagabond, homme de tous métiers, depuis les plus honorables jusqu'aux pires, graveur et laquais, musicien et industriel forain, presque secrétaire d'ambassade et, plusieurs fois, favori soudoyé de grandes dames, point mendiant, mais quelquefois un peu voleur, à travers tout cela rêveur, artiste, infiniment sensible aux beautés naturelles et aux plaisirs simples, sans un grain d'ambition, n'écrivant point, ne rimant point , de temps en temps lisant avec fureur, toujours regardant avec délices le ciel, les verdures et les eaux, ou caressant avec extase un rêve intérieur ; c'est ainsi qu'il arriva jusqu'i l'âge mûr. — C'est la vie de jeunesse et l'éducation d'un Gil fias sensible, imaginatif et passionné. Il pouvait en sortir un « neveu de Rameau « de la pire espèce. Il en sortit un déséquilibré, mais non point un homme vil. Le fond était bon, non le fond moral, qui n'existait pas, mais le fond sensible. Rousseau avait très bon coeur. Faible, et sans aucune espèce d'énergie morale, il était bon, compatissant, charitable, et, très réellement et non pas seulement en phrases, « fraternel «.

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« pleins de beaux sentiments, ne veulent de lui que son affection ; s'apercevoir trop tard qu'ils exigent la soumissiondans l'école et la discipline dans le rang, et qu'ils sont très durs pour qui vit et pense d'une façon indépendante :voilà une de ses premières expériences.L'orgueil aidant, et l'imagination romanesque, il en vint très vite à détester cette société humaine pour laquelle, jene dirai point il n'était pas fait, mais, ce qui est bien pis, pour laquelle il était fait, au contraire, de par sessentiments tendres, et à laquelle quarante ans de vie vagabonde ne l'avaient point préparé.

Un misanthrope denaissance n'eût pas souffert des petites misères sociales ; un homme candide, et tendre, et orgueilleux , souffraitautant de l'amour naturel qu'il avait pour le monde que des blessures qu'il en recevait, et de l'un et l'autre réunis,jusqu'au désespoir.

- Ajoutez sa maladie, qui était de celles qui développent l'irritabilité et la mélancolie ; ajoutezson intérieur dont il souffrait sans que son orgueil lui permît d'en convenir, ni sa bonté de s'en plaindre, ni safaiblesse de s'en délivrer ; et vous comprendrez ce trouble mental qui n'était un mystère pour aucun des amis deRousseau, et qui n'est pour les médecins rien autre chose que la manie des persécutions et la folie des grandeurs,affections qui vont presque toujours ensemble et s'entretenant l'une l'autre ; et voilà le dernier état moral deRousseau.N'oubliez point d'ailleurs que la complexion première, à travers toutes les vicissitudes de la vie, est chez nous siforte que le goût de Rousseau pour les amitiés mondaines, et les protecteurs et les bienfaiteurs, persistait encore etmalgré tout, jusqu'au terme ; que, jusqu'à la fin de sa vie, il rechercha ces dépendances affreuses et adorées dont ilfut toujours dégoûté et toujours épris ; que le passage continuel d'un transport de confiance à un accès dedésenchantement et de colère secouait jusqu'à la briser sa frêle machine, et l'inclinait de plus en plus aux humeursnoires et aux chagrins profonds ; et tout ce qu'il y a d'amertume mêlée d'illusions douces dans les ouvrages de cesingulier philosophe n'aura plus rien qui vous étonne.Ses ouvrages en effet sont lui-même, et, ce qui est plus rare, ne sont rien que lui.

Il est avant tout un hommed'imagination : tous ses ouvrages sont des romans.

Il a fait le roman de l'humanité , et c'est l'inégalité; le roman dela sociologie, et c'est le Contrat; le roman de l'éducation, et c'est l'Emile ; un roman de sentiment, et c'est laNouvelle Héloïse ; le roman de sa propre vie, et c'est les Confessions.

— Et dans chacun de ces romans il s'est mistout entier, tendresse et orgueil, illusions de tendresse et illusions d'orgueil, sa tendresse lui traçant un idéal debonheur simple, de vertu facile et d'épanchement et d'embrassement fraternel; son orgueil le mettant en guerreviolente et implacable contre la société réelle qui l'a mal accueilli, à son gré, et lui persuadant d'en faire la satireardent, d'en prendre toujours le contre-pied, et de la démolir pour la refaire ; — d'où résulte un optimistemisanthrope, un Sedaine satirique, un François de Sales qui est un Juvénal, et un révolutionnaire plein d'esprit depaix et d'amour, le tout dans un romancier de génie.. »

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