Michel BUTOR, (Essais sur le roman, le livre comme objet)
Publié le 13/02/2012
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L'auteur vient de montrer que le livre n'est aujourd'hui qu'un moyen entre autres de conserver la parole et qu'il tend à devenir un simple objet de consommation vite périmé.
«
RESUME/ANALYSE 67
« FiDie la cJemlèn paae, le Uvre ne senlt bon qu'à jeter; œ•
papier, cette eucre qui •teat, des épluchures.
Tout œla pour provoquer l'achat d'un auta Uvre qu'on espère IUIII&i vite
expédié.
Telle est la peute sur laqnelle dsque de glluer aqlourd'hui le
coiiiiDei'ÇIIIlt du livre, dauger si preuant qu'on a pu voir dans
ees demlènl années un ~teur fort eonnu édleter pour sa maison la règle suivante : tout ouvrage qui n'était point épuisé dans l'année senlt Inéluctablement pDonné(l), tel un mar
chand de coUflchea ne voulant pas s'encombrer d'ardeles
périmés.
Les plus lntelllgena et les pl111 couraaeux de ses aides
avalent
beau lui remontzer qu'D y avait là, quant au Uvre, quelque sottise, qu'une telle sévérité à l'épnl de sa propre
production
était sans doute jusdfiée pour la plupart des petla romans qu'D avait proposés aux prb: de fln d'année, mals que
les essais, par exemple, en partleuller lonqu'lls étaient traduia
d'une langue étrangèn, avalent besoin d'un œrtaln temps pour atteindre lentement mals drement leur public, n ne
voulait rien entendre, proclamant que telles étalent les règles
actuelles
de l'Industrie.
Qu'on est loin, on le volt, du scrlpta manent(2).
n faut recoiiJIIIitre en effet qu'une Immense partie du commer
œ actuel
de la Ubralrle mule sur des obJea de consommation ultra-nplde : les Journaux quotidiem, périmés dès la parution
du numéro suivant.
L'habitude d'écrire pour ees feuiDes
amène presque
fatalement à encouraaer les Uvres que l'on n'a pu besoin de reUre, que l'on absome d'un seul coup, qui se
lisent vite, se
jugent vite, s'oubUent vite.
Mals D est évident
qu'alon le Uvre comme tel est eondamné à disparattre au profit
des
magazines illustrés, et surtout des JIUIIazlnes ndio-dlffas& ou télévisés.
L'éditeur Incapable de considérer son métier com
me auta chose qu'une branche du Jolll'llallsme coupe la branche sur laquelle 0 est auls.
SI œtte histoire n'a vraiment
pas besoin d'être relue, s'D est absolument Inutile
de revenir en
amère, pcnuquol ne pas l'écouter par l'lntermédialre d'un transistor, d'un magnétophone ou d'un plck-up, JoUment dite
par un acteur au goti du Jour qui restituera à tous les moa leur Intonation?
C'est évidelbment
le développement de œte concurrence au
Uvre qui 110t1s obUge à repenser celui-ci lODI tous ses aspeca..
»
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