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LA NATURE DU CONCEPT

Publié le 16/03/2011

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   A) Thèses traditionnelles    Le Moyen Age s'est préoccupé de la nature du concept : treize thèses différentes furent proposées. Nous en conserverons trois :    1. Le réalisme; 2. Le conceptualisme; 3. Le nominalisme.    Ces thèses sont ici classées dans l'ordre croissant de scepticisme par rapport à l'existence du concept.    1° Le réalisme.    « Réalisme « est un mot piège; il s'applique à deux doctrines contraires.   

« Mais l'esprit peut poser à part l'idée : l'idée est un acte de l'esprit donnée avec le sensible et dégagée abstraitementde lui.

Il n'y a pas de monde des idées; les idées ne sont pas données dans l'intuition intellectuelle, mais peuventêtre dégagées par nous, elles sont des conceptions de notre esprit.

En dehors de l'esprit, il y a des chosescomposées d'une matière et d'une forme; il n'y a pas de matière sans forme première.

Ce qui est matière peut êtreforme : le bois dans la table est matière, dans l'arbre il est forme.

Cette union indissoluble est la réalité objective.

Leconcept est l'acte par lequel j'isole la forme d'arbre — car en réalité, il n'y a que des arbres particuliers. Le concept existe donc dans l'esprit, il est une création de l'esprit, et a la réalité d'un acte. 3° Le nominalisme. Le nominalisme sort de l'empirisme.

Les idées n'existent plus dans l'esprit car l'esprit est incapable d'opérerl'abstraction nécessaire pour penser à part la forme, l'idée : il n'y a pas d'idée abstraite.

C'est la thèse de Berkeley.Nous ne pouvons avoir l'idée d'une couleur qui ne serait ni bleue ni rouge, d'un cheval qui ne serait ni blanc ni brun,ni alezan ni percheron...

On pense toujours à un cheval en particulier; autrement dit, la pensée est toujours uneimage, c'est-à-dire une image particulière.

Séparée de l'image, l'idée n'est qu'un mot, le nom, qui permet de passerd'une image à l'autre.

L'opposition avec Platon est complète. Mais le nominalisme pur est inacceptable.

L'étiquette nominale qui s'applique aux cas particuliers n'existe pas parsimple convention.

Si le concept de triangle était arbitraire, non légitimé dans la réalité, on ne pourrait s'en servir.Tous les triangles sont appelés triangles : il faut qu'il y ait quelque chose de commun derrière l'étiquette pour quecela réussisse et pour que les images acceptent d'entrer dans les mêmes concepts.

Pour que nous puissionsassocier le nom général à n'importe quelle image du même genre, il faut que nous ayons une idée de ce genre : uneidée générale.

Pour associer le mot cheval à tous les animaux qui sont des chevaux, il faut que nous sachions enquoi consiste l'espèce chevaline : c'est là une définition c'est-à-dire bien autre chose qu'une image, un condensé dejugements qui trouve son illustration dans des images. B) Essai de solution 1° Le réalisme semble impossible : qu'il y ait hors de l'esprit un monde d'idées pures est insoutenable.

Ces idéesimmuables d'ailleurs ne le sont pas réellement : les idées évoluent, par exemple l'idée de beauté.

L'empirisme a bienmontré qu'avoir l'idée d'homme, ce n'est pas contempler la nature humaine dans son abstraction et sa généralité.

Ence sens, l'empirisme a raison contre le réalisme. 2° Mais l'empirisme se trompe en réduisant l'idée à l'image (voir cours sur l'image) ou l'idée au mot.

Il y a une raisonobjective pour que plusieurs images aient la même étiquette : le concept est le point de rencontre de deux sériespossibles de jugements où l'homme est tantôt sujet, tantôt attribut.

Avoir l'idée d'homme, c'est être capable depenser : l'homme est doué de raison, un tel est un homme. Le concept en lui-même n'est rien; il évolue; mais il implique cette possibilité : comprendre un terme, c'est sentir defaçon confuse que l'on peut formuler à son propos un certain nombre de jugements.

En ce sens, l'empirisme a tortcontre le conceptualisme. 3° Mais le conceptualisme à son tour n'est pas sans reproche : c'est la doctrine la moins éloignée de la réalité, maiselle doit être retouchée : en effet elle oublie, l'image.

La pensée doit s'appuyer sur l'image; sans image, il n'y a qu'unembryon de pensée; la pensée n'est qu'une direction qui ne peut s'expliciter sans le secours de l'image. Ainsi, tout concept, dans la mesure où il s'actualise, s'accompagne d'images sans s'y réduire.

Mais il y a plus dans leconcept que dans l'image.

Il offre la possibilité de passer légitimement d'une image à l'autre.

Le concept de chevalest le fil qui permet de passer de l'image d'une sorte de cheval à une autre sorte.

En ce sens, le concept estimmatériel.

Pour que la pensée se développe, il faut des images, mais plusieurs images sont possibles : le conceptest la loi qui relie la série des images. Le concept n'est ni l'objet d'une intuition intellectuelle, ni un mot ou une image, ni une représentation achevée sansl'image, c'est un acte de l'esprit, une relation entre des groupes de termes; il n'est pas autre chose que l'acte parlequel on le pense. Le concept est une mise en relation d'un groupe d'individus et d'un groupe de qualités.

Comme toutes les relations, ilne se voit pas.

Le concept est même une pluralité de relations possibles, un nœud de relations dont on n'utilisequ'une; nous actualisons un des rapports qui constituent le concept; les autres rapports restent virtuels.

Dans lapensée courante, nous ne prenons pas le concept total : pour connaître tous ses rapports, il faut lire le dictionnaire.

En somme, le concept est : — un résumé de jugements antérieurs;. »

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