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Au nom de quoi peut on revendiquer le droit d'être puni ?

Publié le 13/08/2005

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droit
Si l'idée de droit équivaut à un désaveu de la violence, la violence est présente à la source même du droit, dans son exercice et notamment dans les sanctions prévues contre ceux qui violent le droit. Ainsi le droit pénal ne punit-il la violence des citoyens qu'en exerçant la violence à son tour. Mais le droit transforme la violence en force par un processus de rationalisation, de légalisation et de légitimation. On ne confondra donc pas sanction et vengeance, de même que la peine de mort ne saurait être assimilée à un seul assassinat de la part de l'Etat. Certes, plus les lois sont justes et moins la contrainte est nécessaire. Mais le droit doit avoir force de loi s'il ne veut pas rester lettre morte et se réduire à une belle intention. La sanction semble alors justifiée par la possibilité permanente, inscrite dans la notion de loi elle-même, de la transgression, de la désobéissance, qui renvoient à l'égoïsme ou à la méchanceté de l'homme. Le problème est alors posé du droit de punir, de la violence pénale, de la sanction juste : pourquoi punir et de quelle manière ?
droit

« Texte de Hegel « La vengeance se distingue de la punition en ce que l'une est une réparationobtenue par un acte de la partie lésée, tandis que l'autre est l'oeuvre d'unjuge.

C'est pourquoi il faut que la réparation soit effectuée à titre de punition,car, dans la vengeance, la passion joue son rôle et le droit se trouve ainsitroublé.

De plus, la vengeance n'a pas la forme du droit, mais celle del'arbitraire, car la partie lésée agit toujours par sentiment ou selon un mobilesubjectif.

Aussi bien le droit qui prend la forme de la vengeance constitue àson tour une nouvelle offense, n'est senti que comme conduite individuelle etprovoque, inexpiablement, à l'infini, de nouvelles vengeances.

» 1.

La thèse de Hegel - En tant qu'acte de droit, la punition s'oppose rigoureusement à la logique purement passionnelle de la vengeance .

Ce texte justifie l'opposition de la vengeance et de la punition qui ne sont pas de même natureet qui renvoient à deux logiques différentes.

La punition, comme acte de droitet réparation légale, n'a rien à voir avec la vengeance, fondée sur la logiquepassionnelle et rattachée à l'arbitraire. 2.

Expressions - « Un acte de la partie lésée » : une réaction de la victime qui, ayant subi un préjudice, veut obtenir réparationelle-même. - « Le droit se trouve ainsi troublé » : le droit, défini comme ensemble de règles qui rend possible la cohésion et laconcorde d'un groupe, ne peut s'affirmer que dans le silence des passions.

Le droit est la détermination rationnelledes normes de la vie commune et requiert l'avènement, en chaque individu, de la raison. - « Un mobile subjectif » : le mobile, c'est ce qui pousse à agir, à mettre en mouvement.

Le mobile peut relever soitde l'affectivité, de la subjectivité, soit d'un examen réfléchi et rationnel.

Est subjectif un mobile qui relève de lasubjectivité, c'est-à-dire de l'affectivité propre à chaque homme, considéré dans la particularité de son existence etde ses réactions. 3.

Commentaire - Le précepte du droit est que « nul n'a le droit de se faire justice soi-même ».

S'il peut sembler paradoxal d'interdire à la victime de l'agression toute riposte qui ne relève pas de la légitime défense, la fondation d'un Etat dedroit est incompatible avec l'acceptation de la possibilité d'une telle riposte, qui conduirait à transformer l'ensemblede la société en un champ clos de luttes incessantes, de « vendetta » (la vengeance entraîne des vengeances en chaîne et à l'infini).

Pour que la punition soit normée par la seule loi, il faut qu'elle soit affranchie de toute passion. - Pour conjurer la violence paroxystique et échapper à la loi du plus fort, il faut placer les rapports entre les hommessous la juridiction d'un Etat de droit, où doit prévaloir la norme de ce qui doit être, conformément à une exigence dejustice.

Toute infraction, après avoir été dûment établie et caractérisée, doit être sanctionnée conformément à laloi , et non selon l'appréciation personnelle ou le désir de vengeance de la victime.

Placer ainsi toute punition sur leplan de la loi, c'est lui assurer sa force et sa légitimité : nul n'en peut contester le principe ou l'application (sauf surle plan et par les moyens du droit) dès lors qu'elle s'impose à tous de la même façon.

Cette rationalisation de laviolence par le droit aboutit historiquement à une rationalisation progressive des sociétés qui tendent à devenir demoins en moins violentes et à régler leurs différends par les dispositions rationnelles du droit. - C'est ce que montre l'historien Jean-Claude Chesnais, dans Histoire de la violence : contrairement à ce que prétend la rumeur ambiante, nos sociétés ne sont pas menacées par une irrésistible ascension de la violence.

L'idéed'une poussée continue de la grande criminalité est fausse : seules la petite et la moyenne délinquance ontaugmenté.

Le recul séculaire de la violence s'explique par l'émergence de la rationalité : érosion des institutionsmédiévales, mise en place de l'Etat moderne avec son appareil répressif (police, justice) et ses moules sociaux(l'école et l'armée); la lente disparition de la rareté (c'est la misère qui explique en partie la barbarie de certainscrimes, comme le suggèrent les chroniques médiévales abondant en récits de famines qui dégénèrent en carnagesanthropophagiques), la révolution démographique (diminution de la mortalité qui a abouti à une valorisation de la viehumaine).

Les sociétés villageoises anciennes pratiquent la violence sanglante : elles ne connaissent d'autres formesd'expression que la vengeance privée. - De même, Norbert Elias, dans La civilisation des moeurs, met-il lui aussi en évidence le déclin historique de la violence, dû, selon lui, à une tendance séculaire à la maîtrise des pulsions , qu'il nomme “civilisation des moeurs”, età la monopolisation par l'Etat de la “violence légitime”.

L'agressivité est, au fil des siècles, lentement maîtrisée, elle aété “affinée”, “civilisée”, comme toutes les autres pulsions sources de plaisir.

C'est à peu près au XVe siècle que lesmoeurs commencent lentement à perdre de leur caractère pulsionnel. - Dès lors, la punition légale ne peut plus relever d'une logique de la vengeance, quand bien même, comme l'a. »

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