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Y a-t-il un objet du désir ?

Publié le 27/02/2008

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Y a-t-il un objet du désir ?

« cristaux.

Lorsqu'on aime, on commence par désirer , ce qui correspond au fait de plonger la branche dans l'eau.

Puisle désir invente des qualité à l'être désiré, ce qui correspond à la formation des cristaux.

Et c'est seulement par unelogique rétrospective, lorsque nous demandons pourquoi nous aimons plutôt telle personne plutôt que telle autre quenous sommes victimes d'une illusion d'inversion.

Nous prenons pour la cause de notre désir ce qui n'est que laconséquence : nous croyons que nous aimons une personne pour des qualités dont notre amour l'a paré.

Ainsi « ilsuffit de penser à une perfection pour la voir dans celle qu'on aime ».

En ce sens on peut dire que l'objet se réduitalors à une projection du désir du sujet.

L'ob-jet est bien jeté devant le sujet, mais c'est parce que le sujets'illusionne sur u objet dont il est la source principale.Néanmoins le désir a beau procéder du sujet, il n'en reste pas moins que cette projection du sujet le transcende entendant vers des objets concrets ; comment expliquer que l'objet n'est pas essentiel au désir lorsqu'il tendeffectivement vers les objets ? III L'obscur « objet » du désir _ Il faut peut être distinguer deux types d'objet : le premier serait celui des qualités objectives et des chosessensibles, ce qui s'offre effectivement au désir du sujet tandis que le second lui resterait inaccessible.

C'estseulement de ce deuxième type dont on pourrait dire qu'il est objet du désir au sens où il le cause et l'oriente.

Ainsiau fragment 148 des Pensées (édition Lafuma), Pascal explique que « tous les hommes recherchent d'être heureux ».

Le bonheur serait l'objet unique du désir de tous les hommes.

Or personne n'accède au bonheur car ilsignorent tous quel il est depuis la chute causée par le péché originel.

Aussi puisque le véritable objet du désir est lebonheur, ils essaient de combler cet objet absent par une multiplicité d'objets présents et contradictoires, mais envain.

En effet « ce gouffre infini ne peut être rempli que par un objet infini et immuable, c'est-à-dire par Dieumême ».

Ainsi Dieu est le véritable objet du désir des hommes qui le désirent à travers une foule d'objets inadéquatsà leur désir infini.

Par conséquent, cet objet du second type rend toute satisfaction du désir impossible et voue leshommes au malheur._ Si l'on transpose cet obscur objet du désir au sein de la problématique amoureuse, on peut comprendre pourquoi ledésir que l'amoureux a de son aimée n'est jamais satisfait.

Nous nous moquions de l'amoureux qui croit voir desqualités que son désir fabrique et nous imputions l'intégralité de son désir au sujet, mais qui nous interdit de penserque l'amoureux aime parce qu'il voit une réalité que personne ne voit ? L'amour serait alors orienté par un objet dusecond type inaccessible et infini que serait la personne elle-même au-delà de ses qualités objectives.

Plutôtqu'aveugle, l'amour jouirait donc d'une clairvoyance qui lui permettrait de voir la beauté propre d'une personne, quien tant qu'objet immédiat possèderait un physique disgracieux.

Ainsi le désir amoureux naîtrait d'un objetinobjectivable dans la mesure où il ne pourrait jamais s'offrir aux sens, et il vivrait d'une insatisfaction féconde quile contraindrait à tenter, par delà les objets( au sens premier) et même parfois en dépit de ces derniers, des'approcher toujours plus près d'un objet(au sens second) à jamais inaccessible : l'autre en tant qu'ipséité, c'est-à-dire en tant qu'il est lui-même et personne d'autre.

Par conséquent, l'ipséité serait cet obscur objet d'un désir qui,ne pouvant être par nature satisfait, rendrait l'homme joyeux plutôt que malheureux.

Conclusion : La spécificité du désir réside bien plus dans le sujet que dans l'objet compris comme ce qui est jeté devant lui.

Mais si le désir se porte vers un objet inaccessible comme dans l'amour, on peut alors affirmer que c'estl'objet qui définit le désir, mais seulement en tant qu'il est perçu par un sujet aimant.. »

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