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L'OEUVRE DE LA BRUYÈRE

Publié le 28/03/2012

Extrait du document

(1645-1696)

«Le monde est vieux et l'on vient trop tard.«. Pris à la lettre, ce mot, plein d'amertume, vaut pour son auteur. Né en 1645, homme d'un seul livre, Les Caractères, qui paraît en 1688, La Bruyère vient tard dans un monde qui s'est fait sans lui. Soutenu par une admiration sans réserve pour les Anciens, fidèle à la leçon des grands écrivains du siècle, son classicisme est d'arrière-saison. Toutefois, et peut-être à son insu, cet écrivain apportait à la littérature une note nouvelle et originale en reflétant dans sa lumière la plus crue la grande misèr.e de la monarchie absolue. Fils d'un contrôleur général des rentes à l'Hôtel de Ville de Paris, il prépare une carrière d'avocat. Ayant acheté une charge de trésorier général à Caen, qui lui assure un revenu modeste, il séjourne à Paris où, rentier célibataire, il consacre tout son loisir à l'étude et à la méditation. Il fait figure de philosophe chrétien, jouit de la faveur de Bossuet qui le recommande pour une place de précepteur dans la famille du prince de Condé, une des plus en vue du royaume (1684)....

« 402 MANUEL.

D'HISTOIRE.

LITIERAIRE DE LA FRANCE avec le parti des Anciens dans ie grand débat idéologique qui passionnait alors le monde intellectuel.

C'est aussi pour parti­ ciper, en polémiste, à un autre débat, religieux celui-ci et ouvert par Bossuet contre Fénelon, qu'il rédige les Dialogues sur le quiétisme, favorables à la stricte orthodoxie.

Mais cette œuvre est interrompue par la mort brutale de son auteur en 1696.

Un livre lui a donc valu la célébrité.

La Bruyère présente son œuvre comme la continuation d'un ouvrage ancien : Les Caractères de Théophraste traduits du grec, avec les caractères et les mœurs de ce siècle.

Peu importe ce philosophe grec du Ill' siècle (ap.

J.C.) que La Bruyère adapte en se servant de traductions latines.

Les développements de Théophraste sur la dissimulation, la flatterie ou l'avarice, ses portraits généraux d'un • coquin., d'un • grand parleur.

ou d'un • vilain homme.

sont un peu pour lui ce que les apologues d'Esope étaient pour La Fontaine : la caution ancienne et respectable d'un projet moderne et périlleux: dépeindre les caractères et les mœurs de ce siècle.

A vrai dire le projet n'a pas pris tout de suite une ·forme bien arrêtée.

Le livre que nous lisons aujourd'hui avec· ses 400 pages s'est fait peu à peu, d'une édition à l'autre.

La première édition ne comportait pas 420 pensées; mais à partir de ra 4• réédition (en 1689), l'auteur développe, complète, ajoute d'une réédition à l'autre et finalement porte à 1.119 le nombre des • remarques • 1 dans la s• édition.

La 9" et dernière édition de son vivant, encore • revue et corrigée ., ne contient pas d'additions nouvelles.

Homme d'un livre, avons-nous dit.

Il serait donc plus juste de dire livre d'une vie d'homme, et mesurer ainsi la signification du témoignage.

Celle-ci est complexe, contradictoire.

La.

Bruyère s'est proposé de fàire œuvre de «phi­ losophie,.

; et pour lui «le philosophe consume sa vie à observer les hommes, et il use ses esprits à en démêler les vices et le ridicule», afin de " les rendre meilleurs».

1.

Les Caractères sont un , livre entière­ ment composé de • remarques • (c'est le terme utili.sé par l'auteur lui-même dans la préface}, groupées et numérotées dans seize chapitres.

Ces • remarques • sont de longueur inégale et de nature diverse : elles vont d'une maxime en quelques mots à un portrait ou à une dissertation de plu­ sieurs pages.

Comme l'observe Roland .

Barthes le terme de • fragment • convien· drait mieux.. »

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