Peut-on faire son devoir par habitude ?
Publié le 31/05/2012
Extrait du document
«
d’adaptation aux situations plus particulières , inhabituelles .
Dans une société
pragmatiste pour laquelle ne vaut que ce qui est utile, régie par la règle de l’économie du
minimum de disposition civique pour le maximum d’ efficacité, il faut gagner du temps
pour devenir le plus préformant.
Aussi l’habitude d’obéir spontanément à la moral e
conventionnelle est- elle incontestablement sociale.
Il n’en demeure pas moins qui si morale il y a, envers soi, envers autrui, envers
tous les autres, dans le respect r esponsable de soi, des autres, elle doit se fonder sur
l’autonomie de la conscience morale.
Les formules de politesses, le civisme dit
« citoyen », ne disparaît- il pas moralement, au sens de l’ensemble des obligations, au
profit de pur s reflexes sociaux qui relèvent de l’éducation reprise sous le mode de
l’habitude ? Dès que nous avons pris l’habitude d e la sociabilité a minima , du civisme de
bon sens , on n e ressent plus au- dedans d e nous l’obligation.
C’est -à -dire cette fo rce
intérieure qui nous dicte ce que nous devons faire.
Car il est un fait qu’obéir à la morale
de convention nous met à l’abri de toute sanction, de tout reproche.
Mais suffit-il d’obéir
à la morale conventionnelle pour se dire homm e d e bien ? Quel mérite avons -nous d e
nous plier av euglément à la morale sociale ? Se courber d evant les règles sociales, n’ est -
ce pas fair e abnégation de notr e propre singularité ? Et plus profondément, d e r e nonc er
purem ent et simplement à nos devoirs ? Pascal n’a pas tord lorsqu’il déclare que « La
vraie morale se moqu e d e la morale » ( Les Pensées ), signif iant que la morale coll ective
perd son s ens et qu’ elle n’a plus de si gn ification individuelle .
« La vraie morale »
requiert lib erté comme fardeau et valeurs morales p ersonnelles à soutenir.
Le
conformisme n’ est pas mauvais e chose puisqu’il p erm et d e s’élev er librement vers des
valeurs plus hautes personnalisées car nous sommes toujours ancrés dans des situations
particulières.
En effet, le conformisme, trop souvent dénié par les conformistes eux -
mêmes qui se pensent comme originaux, comme marginaux, procède se lon des valeurs
morales les plus hautes : l’intégrité, l’ honnêteté, ou le profond respect devant soi pour
autrui.
Kant a bien vu qu’il ne f allait pas confondre « agir conform ément au devoir » et
« agir par devoir ».
Agir conformément au devoir est un acte motivé par l’habitude, « agir
par devoir » est une action qui se ve ut conforme à ce que nous jugeons conforme aux
devoirs que nous nous imposons uniquement par devoir .
Pour illustrer cette distinction
cruciale entre « agir conformément au devoir » et « agir par devoir », le penseur
allemand prend l’ exemple suivant : le commerçant qui rend « honn êtement » la monnaie
à toute sa clientèle, agit -il ainsi p arce qu’il a l’habitude d’ être effectivement « honnête »
ou agit- il ainsi par intérêt, pour conserver sa clientèle ? Dans l e premier cas , il serait
honnête, bien qu’ assez vaguement, donc du côté de la moralité, mais dans la deuxième
situation, il n’y serait plus, puisque l’intention qui oriente son attitude n’a plus rien de
moral.
Il faut donc distinguer l’action « faite par devoir » de celui qui se contente d’ agir
« conformément au devoir ».
La premièr e a ction est sans équivocité agir p ar devoir pour
l e devoir d’agir , la seconde est conforme au devoir dans l’intérêt du commerçant.
Aussi,
se conformer au devoir n’est- il le fait que d e l’habitude alors qu’agir par d evoir, c’est agir
par et pour l e d evoir indépendamment des conséqu enc es.
Dès lors se pos e la question
d e savoir si c elui qui agit en fonction des devoi rs est sincère ? Mais y a-t-il eu une action
purement morale, c’est -à -dire une action moral e pour la pureté de la moralité ? Le.
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