Pierre BOUTAN La Langue des messieurs : histoire de l'enseignement du français à l'école primaire

[Armand Colin, coll. « Formation des enseignants », Paris, 1996, 256 p., 13,70 ¤, ISBN : 2-200-01356-6] •Le titre de cet ouvrage est emprunté aux souvenirs d'un vieil instituteur, C. Lignières, qui, au soir de sa vie, écrivait : « Le français que nous, enfants, apprenions à l'école nous paraissait être la langue des messieurs, des professeurs, des préfets, des ministres, quelque chose de supérieur et de très difficile qu'il fallait apprendre à l'école ». La mise en place d'un enseignement du français s'est accompagnée de débats incessants. Faut-il utiliser sa langue maternelle pour apprendre la langue nationale ? La réponse sera non. Quel français apprendre aux enfants du peuple? « La langue de tout le monde et de tous les jours », une langue unique, celle des bons écrivains. En privilégiant l'oral ou l'écrit ? Plutôt l'écrit, mais en corrigeant l'expression orale. En enseignant la religion, la morale et les valeurs ? C'est ce que pense Ferdinand Buisson, qui veut former chez l'enfant « une âme noble, pure et droite, éprise du beau et du bien, capable d'aimer Dieu, l'honneur et la patrie ». À mesure que ces questions se clarifient, le français devient une discipline scolaire ; d'abord, apprendre à lire, puis apprendre la grammaire et l'orthographe, enfin pratiquer des activités écrites, lettre, dialogue, narration.