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La poésie invite parfois au rêve. Est-ce le seul intérêt de la poésie pour le lecteur ?

Publié le 19/11/2009

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Y a-t-il d’autre utilité à la poésie comme art poétique que sa puissance à produire de l’imaginaire ? En reprenant la double dimension caractéristique, épistémologique et pratique, de la notion d’utilité, nous sommes désormais en mesure de structurer les enjeux de la problématique de l’énoncé autour de la question de l’articulation du langage et de la réalité. Car tel est fondamentalement le lieu d’opérativité de la poésie, et donc de son utilité éventuelle. Dès lors, le problème de  l’énoncé se ramène à celui de démontrer l’existence, ou non, d’une utilité théorique (cognitive) ou pratique (productive) de la poésie dans le rapport du langage à la réalité. Et de manière apparemment circulaire, demandons-nous précisément si en la fonction même de l’imaginaire poétique peut être un tel supplément à l’unique intérêt de la poésie. Il est évident que le cadre de notre réflexion sera celui de la philosophie.

« certaine de la pensée à elle-même ( Réponse aux secondes objections ) – indépendamment donc de l'existence de la réalité objective (l'idée de cercle n'est pas ronde, dixit Leibniz)).

Et les dualismes successifs, parce que fondés surune épistémologie digitalisée et arbitraire, sont incapables de rendre compte de la nature ni de prouver l'existencedu lien reliant la conscience pensante au monde réel, autrement qu'en faisant référence à Dieu (Descartes,Malebranche, Berkeley, Leibniz… ).

(Il est à ce propos pas neutre pour notre problème que l'opérativité du lien de laraison au monde soit assuré, dans la Critique de la raison pure (Kant), par la faculté schématiste qu'est l'imagination, projetant sur l'extériorité du monde les schèmes conceptuels de l'entendement)).

La formulation la plusaigüe de ce problème nous est donnée par l'œuvre de Wittgenstein où dans son Tractatus , la connaissance philosophique, scientifique et logique est limitée par l'impossibilité de démontrer rationnellement le rapportd'adéquation de la pensée au monde par le biais de l'expression linguistique.

Cela seulement se montre, ou sepostule, mais jamais ne se dit ni se démontre.

Car le rapport d'adéquation est proprement (pour Wittgenstein)l'indicible et partant, doit imposer le silence (à la raison)… Et il est en un certain sens du ressort du pouvoir del'expression poétique de montrer dans le langage même de l'imaginaire, le lien opéré par le langage, entre pensée etréalité, autrement dit de la pensée au réel, et vice-versa (en relation au silence, le recours de Wittgenstein à l'idéaldu dire poétique est explicite, et dès lors on dit de la poésie qu'elle est dire du silence, etc.

; pensez également à laDichtung heideggerrienne).

L'art poétique, en tant que technique de l'imaginaire structurée par un ensemble de règles qui déterminent sa réalisation pratique, produit , dans l'extérieur, par le langage, la possibilité pour le monde d'être pensé par l'esprit dans le langage, c'est-à-dire la possibilité pour le monde d'exister dans le langage.

Larêverie poétique elle-même produit la possibilité pour le monde d'être intelligible à la pensée dans le langage.

Car ceque montre la poésie est précisément que la construction de l'intelligibilité logique du monde, produit de la figure delangage qu'est la métaphore, procède d'un acte de langage, et n'est possible que par lui.

Le monde se révèle dans lapoésie, n'être que le produit d'une construction linguistique ; le monde se révèle par la poésie n'être rien de plus nid'autre qu'une construction linguistique.

Le monde n'est pas hors du langage qui le dit, et sans le langage, il n'estpas : voilà ce que dit l'imaginaire poétique.

Mais cela va plus loin, il produit parfois son propre effacement commelangage disant le mode pour laisser ce dernier apparaît véritablement comme sensation matérielle du présent(l'évanescence des ‘petites machines à rêver' que sont les Romances de Verlaine), ou encore il exhibe le procédé même de la construction linguistique du monde (la déconstruction mallarméenne du langage dévoile les trucs dupoète prestidigitateur, et fauteur d'illusions).

Voilà l'utilité de l'invitation du poème au rêve : produire la possibilité(linguistique) pour le monde d'exister.

Telle est son effectivité pragmatique : faire être le monde (comme langage).

* Conclusions - L'art poétique comme technique de l'imaginaire théorise et produit le rapport de la pensée au monde via lelangage.

L'intérêt pour le lecteur est la prise de conscience du fonctionnement de ce rapport par l'acte réflexifqu'est l'exercice de la lecture.

C'est là, comme technique de l'imaginaire, l'unique utilité de l'art poétique.

Mais elleest tout.

Et sans elle rien n'est.. »

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