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Y a-t-il du positif dans la guerre ?

Publié le 07/01/2006

Extrait du document

Car la GUERRE ne consiste pas seulement dans la bataille et dans les combats effectifs ; mais dans un espace de temps où la volonté de s'affronter en des batailles est suffisamment avéré : on doit par conséquent tenir compte, relativement à la nature de la guerre, de la notion de durée, comme on en tient compte, relativement à la nature du temps qu'il fait. De même en effet que la nature du mauvais temps ne réside pas dans une ou deux averses, mais dans une tendance qui va dans ce sens, pendant un grand nombre de jours consécutifs, de même la nature de la guerre ne consiste pas dans un combat effectif, mais dans une disposition avérée, allant dans ce sens, aussi longtemps qu'il n'y a pas d'assurance contraire. Tout autre temps se nomme la paix. C'est pourquoi toutes les conséquences d'un temps de guerre où chacun est l'ennemi de chacun, se retrouvent aussi en un temps où les hommes vivent sans autre sécurité que celle dont les munissent leur propre force et leur propre ingéniosité. Dans un tel état, il n'y a pas de place pour une activité industrieuse, parce que le fruit n'en est pas assuré : et conséquemment il ne s'y trouve ni agriculture, ni navigation, ni usage des richesses qui peuvent être importées par la mer ; pas de constructions commodes ; pas d'appareils capables de mouvoir et d'enlever les choses qui pour ce faire exigent beaucoup de force ; pas de connaissances de la face de la terre ; pas de lettres ; pas de société ; et ce qui est le pire de tout, la crainte et le risque continuels d'une mort violente ; la vie de l'homme est alors solitaire, besogneuse, pénible, quasi animale, et brève. »  b)    Les hommes ne trouvant pas d'avantage à cet état, il leur est préférable de le quitter. Texte : Spinoza, Traité théologico-politique, chapitre 16, traduction Charles Appuhn. « Il n'en est pas moins vrai, personne n'en peut douter, qu'il est beaucoup plus utile aux hommes de vivre, suivant les lois et injonctions certaines de la Raison, lesquelles tendent uniquement, comme nous l'avons dit, à ce qui est réellement utile aux hommes. En outre il n'est personne qui ne désire vivre à l'abri de la crainte autant qu'il se peut, et cela est tout à fait impossible aussi longtemps qu'il est loisible à chacun de faire tout ce qui lui plaît, et qu'il n'est pas reconnu à la Raison plus de droits qu'à la haine et à la colère ; personne en effet ne vit sans angoisse parmi les inimitiés, les haines, la colère et les ruses, il n'est personne qui ne tâche en conséquence d'y échapper autant qu'il est en lui. Que l'on considère encore que, s'ils ne s'entraident pas, les hommes vivent très misérablement et que, s'ils ne cultivent pas la Raison, ils restent asservis aux nécessités de la vie (.

Analyse du sujet :

l        Ce sujet est au premier abord surprenant : on considère généralement la guerre uniquement comme un mal.

l        Mais, en prêtant plus attention au sujet, on s'aperçoit que celui-ci n'entend pas nier directement que la guerre puisse être un mal. Il ne s'agit pas de se demander si la guerre est positive, mais s'il y a « du « positif dans la guerre, c'est-à-dire certains éléments positifs, cela n'impliquant pas que la guerre soit, en elle-même positive, et encore moins qu'elle soit souhaitable. Un tel questionnement, s'il n'est pas appelé par le sujet, n'en est cependant pas exclu : il n'est pas interdit (du moins en théorie), d'arriver à l'idée selon laquelle la guerre est intrinsèquement quelque chose de positif, de bon et de souhaitable.

l        Qu'est-ce que la guerre ? On ne parle pas seulement de guerre au sens de soldats sur un champ de bataille, mais aussi de « guerre psychologique «, de « guerre froide « (l'intérêt de la guerre froide est qu'il s'agit d'une guerre dans laquelle on ne se bat pas, même si le combat n'est pas exclu à un moment ou à un autre, mais on sortira alors de la guerre froide), etc. Les guerres sont par ailleurs très variées : de l'épée aux armes nucléaire, les moyens de combat peuvent varier.

Problématisation :

Les hommes sont naturellement enclins à se battre. Pourtant, tout le monde semble reconnaître que la guerre est une mauvaise chose. Quels avantages les hommes peuvent-ils alors en tirer ? N'est-il pas paradoxal de dire qu'il pourrait y avoir du positif dans la guerre ? Mais alors, si tout le monde doit nécessairement reconnaître que la guerre est mauvaise, pourquoi encore faire des guerres ? Ne peut-on pas trouver du positif dans la guerre ?

 

« Texte : Spinoza, Traité théologico-politique, chapitre 16, traduction Charles Appuhn. « Il n'en est pas moins vrai, personne n'en peut douter, qu'il est beaucoup plus utile aux hommes devivre, suivant les lois et injonctions certaines de la Raison, lesquelles tendent uniquement, comme nousl'avons dit, à ce qui est réellement utile aux hommes.

En outre il n'est personne qui ne désire vivre à l'abride la crainte autant qu'il se peut, et cela est tout à fait impossible aussi longtemps qu'il est loisible àchacun de faire tout ce qui lui plaît, et qu'il n'est pas reconnu à la Raison plus de droits qu'à la haine et àla colère ; personne en effet ne vit sans angoisse parmi les inimitiés, les haines, la colère et les ruses, iln'est personne qui ne tâche en conséquence d'y échapper autant qu'il est en lui.

Que l'on considèreencore que, s'ils ne s'entraident pas, les hommes vivent très misérablement et que, s'ils ne cultivent pasla Raison, ils restent asservis aux nécessités de la vie (...) et l'on verra très clairement que pour vivre ensécurité et le mieux possible les hommes ont dû nécessairement aspirer à s'unir en un corps et ont faitpar là que le droit que chacun avait de Nature sur toutes choses appartînt à la collectivité et fûtdéterminé non plus par la force et l'appétit de l'individu mais par la puissance et la volonté de tousensemble.

» 2.

Pourtant, ce sont les intérêts antagonistes des hommes qui leur permettent de développer leursfacultés. a) Le hommes restent cependant en état de concurrence au sein de la société, concurrence cependant contenue par les lois. Texte : Kant, Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, proposition 4, traduction Muglioni. « L'homme a une inclination à s'associer, parce que dans un tel état il se sent plus qu'homme, c'est-à- dire qu'il sent le développement de ses dispositions naturelles.

Mais il a aussi un grand penchant à seséparer (s'isoler) : en effet, il trouve en même temps en lui l'insociabilité qui fait qu'il ne veut tout régler qu'à sa guise et il s'attend à provoquer partout une opposition des autres, sachant bien qu'il incline lui-même à s'opposer à eux.

» b) C'est cette concurrence qui permet à l'homme de développer ses facultés. Texte : Kant, Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, proposition 4, traduction Muglioni. « Or, c'est cette proposition qui éveille toutes les forces de l'homme, qui le porte à vaincre son penchantà la paresse, et fait que, poussé par l'appétit des honneurs, de la domination et de la possession, il setaille une place parmi ses compagnons qu'il ne peut souffrir mais dont il ne peut se passer.

(...) Sans cespropriétés, certes en elles-mêmes fort peu engageantes, de l'insociabilité, d'où naît l'opposition quechacun doit nécessairement rencontrer à ses prétentions égoïstes, tous les talents resteraient cachés engerme pour l'éternité, dans une vie de bergers d'Arcadie, dans une concorde, un contentement et unamour mutuel parfaits ; les hommes, doux comme les agneaux qu'ils paissent, ne donneraient à leurexistence une valeur guère plus grande que celle de leur bétail (...) ». On peut aussi penser au développement des sciences et des techniques pendant la guerre. 3.

Faut-il pour autant vouloir la guerre ? La guerre ne doit rester qu'une étape et une menace. a) Les États se trouvent dans la même situation que les individus, ce qui empêche le développement de la raison humaine. Texte : Kant, Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, proposition 7, traduction Muglioni. « Le problème de l'établissement d'une constitution civile parfaite dépend du problème de l'établissement d'une législation qui règle les relations extérieures des États et ne peut être résolu sans lui.

À quoi sert de travailler à une constitution civile réglée par des lois entre des particuliers, c'est-à-direà l'organisation d'une communauté ? Car la même insociabilité qui a contraint les hommes à cette tâcheest à nouveau la cause qui fait que chaque communauté fait preuve dans les relations extérieures d'Étatà État d'une liberté sans entrave ; par suite il faut que chacun attende de l'autre les mêmes maux quiopprimaient les hommes isolés et les forçaient à entrer dans un état civil réglé par la loi.

» b) Mais l'état de guerre pousse les États à s'unir. Texte : Kant, Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, proposition 7, traduction Muglioni. « La nature a donc à nouveau utilisé l'incompatibilité d'humeur des hommes, celle même des grandessociétés et des grands corps politiques composés des créatures de cette sorte, comme moyen pourtrouver, dans leur antagonisme inévitable, un état de calme et de sécurité ; ainsi, par les guerres, par. »

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