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PUIS-JE ÊTRE SÛR DE NE PAS ME TROMPER ?

Publié le 13/03/2004

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HTML clipboard Il semblerait d’abord ne faire aucun doute que je puisse être certain de n’être pas dans l’erreur. Qui en effet n’a jamais affirmé ou nié avec certitude ? Que cette certitude soit le fruit de la confiance en autrui, des sens, ou du raisonnement, elle n’en est pas moins réelle. La famille de Jean-Claude Romand n’a-t-elle pas accordé une confiance aveugle en ce proche  qu’elle pensait parfaitement connaître ? Le personnage de Neo dans le film Matrix des frères Wachowski n’est-il pas assuré de la réalité de son vécu ? De même la réflexion qui s’appuie sur la raison et qui respecte les règles de la logique, n’emporte-t-elle l’adhésion ?

HTML clipboard Existe-t-il un critère à partir duquel je sois certain d'échapper à l'erreur ? Evidence, certitude ? Force même de l'idée vraie ou de la vérité ? Le problème est celui du critère de la vérité.

« toujours être dans le vrai.

S'il soupçonnait un tant soit peu la présence possible de l'erreur, il nuancerait sonaffirmation, évitant ainsi de se fourvoyer.

L'erreur n'est donc possible que par sa ressemblance avec la vérité, maissi le vrai et le faux ont ainsi la même apparence, comment les distinguera-t-on? Lorsque je crois avoir raison, nesuis-je pas dans l'erreur, puisqu'il m'est déjà arrivé de devoir réviser mes certitudes? L'existence d'une seule erreurrend donc problématique toute affirmation : ne puis-je donc jamais être sûr de ne pas me tromper? [I.

Se préserver de l'erreur par une démarche méthodique.] [1.

L'erreur est un acte du sujet.]Si l'erreur n'est tout d'abord pas consciente de soi, il y a cependant bien un moment où je m'en rends compte : leproblème de l'erreur ne se pose que parce que je suis sorti de mon aveuglement.

C'est en réfléchissant sur cettelibération que l'on découvrira à quelles conditions il est possible d'atteindre la certitude.

Comment s'opère la prise deconscience de l'erreur? Si elle est seulement l'oeuvre du temps, qu'est-ce qui me garantit que demain je ne perdraipas les illusions d'aujourd'hui tout comme aujourd'hui, j'ai été dégrisé de celles d'hier? Je serais ainsi emporté au grédes apparences changeantes sans pouvoir m'assurer de mes pensées.

C'est le cas, en particulier, si comme on le ditparfois, l'homme est le jouet d'une passion qui l'aveugle, ou d'un inconscient qui commande secrètement ledéroulement de ses pensées.

Dans une telle perspective, il n'y a plus à proprement parler de vérité car ce qui paraîttel n'est peut-être que l'effet de dispositions subjectives passagères.

S'il n'y a plus de vérité, il n'y a plus d'erreurnon plus, mais seulement des illusions invincibles qui se chassent les unes les autres.

La question même de ladélivrance à l'égard de l'erreur perd tout sens, puisque l'idée de vérité est une chimère.Il n'y a d'erreur que si la vérité est possible.

Or, la vérité n'est possible que si je peux m'assurer d'elle.

Que m'imported'être habité par les plus belles vérités si je ne puis savoir avec certitude qu'elles sont vraies? L'homme doit doncêtre capable de sortir par lui-même de l'erreur dans laquelle il est tombé.

L'éveil à la vérité n'est pas une illuminationextérieure, un chemin de Damas : il suit un itinéraire qu'il m'appartient d'emprunter.

Si je trouve ainsi en moi lacapacité de m'élever vers la vérité à partir de l'erreur, c'est donc que cette dernière ne demeure que par monconcours.

Bien que j'en sois la victime, c'est à moi qu'elle est imputable.

Le paradoxe de l'erreur est donc que letrompé est, en quelque manière, aussi le trompeur.

Si l'illusion me trompe, en revanche, dans l'erreur, c'est moi quime trompe.

C'est parce qu'il en est ainsi que l'erreur, n'étant pas une fatalité, peut être surmontée.

Je ne puis doncaccéder à la certitude de ne pas me tromper que sous la condition de la liberté.

Nous entendons ici par liberté, lepouvoir qu'a l'esprit de dire non.

Quel que soit le degré d'évidence de l'idée qui me sollicite, je puis toujourssuspendre mon jugement, afin de m'assurer que je ne vais pas commettre une erreur.

Nous retrouvons là laconception cartésienne de la liberté telle qu'elle est définie à l'article 39 des Principes de la philosophie : la libertéest présupposée dans notre pouvoir de douter.

Descartes explicite cette idée dans la IV' des Méditationsmétaphysiques intitulée précisément « Du vrai et du faux ».

On ne peut se délivrer de l'erreur qu'à condition desupposer dans tout jugement intellectuel deux moments logiquement distincts.

Tout d'abord, on ne peut affirmer quece que l'on « voit » par notre esprit.

Cette capacité à voir (ou l'ensemble des choses qu'il y a à voir), on l'appelleral'entendement.

Si l'entendement intervenait seul dans la connaissance, nous ne pourrions jamais nous assurer contrel'erreur, puisqu'en tenant des propos erronés nous ne ferions que suivre ce que nous représente l'entendement.L'entendement étant la lumière dont nous pouvons tirer tout savoir, nous n'aurions plus rien à espérer si la lumièreelle-même devenait source de ténèbres.

C'est pourquoi, une seconde faculté doit intervenir dans le jugement : lavolonté.

C'est par elle que nous affirmons, que nous donnons notre acquiescement à ce que l'entendement nousreprésente.

L'erreur n'est donc pas imputable à l'entendement, mais à la volonté et c'est pourquoi il est possible dene pas se tromper.

La forme par excellence de l'erreur sera donc ce que Descartes appelle la précipitation : il y aprécipitation lorsque la volonté devance l'entendement et affirme ce dont elle n'a pas encore une vision assez claire.Cette structure du jugement se retrouve également dans le cas où il ne s'agit pas d'une connaissance purementintellectuelle : la volonté est alors appelée à se prononcer sur la perception sensible.

Qu'il s'agisse donc deconnaissances empiriques (touchant le sensible) ou non (concernant l'entendement seul), l'erreur est à chaque foisidentique : elle consiste à affirmer ce qu'on ignore.

Pour être sûr de ne pas se tromper, il faut donc retenir sonjugement tant que les conditions requises pour la certitude ne sont pas réunies. [2.

La nécessité d'une méthode.]On peut donc être sûr de ne pas se tromper puisque l'erreur, comme la vérité, est un acte de ma volonté.

Encorefaut-il pour cela prendre les précautions nécessaires.

La première est de ne rien affirmer gratuitement mais dejustifier chaque idée par une argumentation appropriée.

La forme la plus haute de cette argumentation sera lapreuve : on démontrera la vérité d'une proposition en la déduisant par une chaîne de raisons d'une évidencepremière.

Cependant, même un raisonnement, en apparence bien construit, peut être faux ainsi que le montrel'exemple du sophisme.

Il est donc nécessaire de contrôler la correction de la déduction par des règles de logique; ilest d'autre part indispensable de situer la procédure de la preuve au sein d'une démarche méthodique de l'esprit.Qui veut éviter l'erreur considérera tout d'abord les règles de la logique formelle (formelle signifie abstraction faite detout contenu particulier).

La logique énonce les conditions générales de la validité d'une proposition ou d'uneinférence.

Par exemple, pour démontrer la réciproque d'une proposition donnée (« Q P » est la réciproque de « P Q»), il est toujours équivalent de démontrer la contraposée (non P non Q).

Cependant, le caractère formel qui donneà la logique sa valeur est aussi ce qui en fait les limites : on peut raisonner de manière correcte sur des idéesfausses.

Il ne suffit donc pas d'énoncer les conditions formelles de la vérité; il faut aussi indiquer par quelle voiel'esprit pourra remplir cette forme vide par un contenu véritable.On le pourra en donnant à sa pensée une méthode.

Le mot méthode vient d'un mot grec signifiant « chemin ».

Il. »

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