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Réduction phénoménologique — Notion d'intentionnalité chez Husserl

Publié le 23/12/2009

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husserl

a) La philosophie de Husserl est en vérité, l'opposé d'un réalisme absolu. Le réalisme absolu, autrement dit l'attitude qui consiste à ne saisir que des objets, à ignorer le sujet pensant, est pour Husserl une attitude naïve, préphilosophique. C'est précisément l'illusion banale et dangereuse, le préjugé courant qu'il dénonce sous le nom d'« attitude naturelle «. La conscience naturelle, celle qui n'est pas philosophiquement éduquée, ne connaît que des objets. je vois ce fauteuil, cette lampe autour de moi ; de même le savant dans son travail observe-t-il des faits, les analyse-t-il. Dans la vie quotidienne, dans le travail scientifique, nous avons devant nous des objets et nous avons tendance à oublier qu'il n'y a d'objets que pour un sujet pensant, un sujet d'abord dissimulé justement parce qu'il n'est pas lui-même un objet, qu'il est ce devant quoi il y a des objets. Le spectacle des objets nous fait oublier ce spectateur invisible — qui est nous même, qui est la conscience pensante — Et précisément depuis Descartes la fonction première de toute philosophie est de corriger cet oubli, de révéler à. elle-même cette conscience constituante pour laquelle et par laquelle il y a des objets.

  1. EDMUND HUSSERL : RECHERCHES LOGIQUES
  2. EDMUND HUSSERL : LA CRISE DES SCIENCES EUROPEENNES ET LA PHENOMENOLOGIE TRANSCENDANTALE
  3. EDMUND HUSSERL : MEDITATIONS CARTESIENNES
  4. EDMUND HUSSERL : IDEES DIRECTRICES POUR UNE PHENOMENOLOGIE
  5. Edmund HUSSERL: Leçons pour une phénoménologie de la conscience intime du temps
  6. HUSSERL: La philosophie comme science rigoureuse

 

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« chose qui est le contraire de la vertu, puisqu'il nie l'« essence vertu » en l'expliquant par l'égoïsme.

Au contraire,lorsque Platon dans le deuxième livre de la République s'interroge sur la nature de la justice, montrant qu'elle estautre chose que l'intérêt, que la puissance, il fait une réduction eidétique, il dégage l'essence de la justice.

Demême Scheler montre que les valeurs sont des essences qui se dévoilent dans l'expérience concrète.

L'essence dela bravoure ne se réduit pas au souvenir que j'ai de Bayard, à ce contenu psychologique, anecdotique, pas plus quel'essence de la parabole ne se réduit à la figure approximative tracée au tableau noir, mais à travers le dessin je visela parabole, à travers l'histoire de Bayard je vise une valeur, la bravoure : à la réduction psychologique qui disqualifieles essences par leur origine, Husserl oppose donc la réduction eidétique qui dégage l'essence en sa vérité.d) La phénoménologie apparaît donc tout le contraire d'une description empirique : il s'agit en fait de l'intuition desessences.

N'est-ce pas là revenir à un certain platonisme ? Les « idées » dont parle Husserl seraient-elles lesessences éternelles, objectives de la philosophie de Platon ? En ce cas nous serions devant un réalisme de l'Idée, lesujet pensant s'effacerait devant l'objet, lumière donnée dans l'Être, ou pour parler en termes husserliens la « noèse» ( acte de l'esprit pensant) serait sacrifiée au « noème », objet pensé.

La philosophie de Husserl peut-elle seramener à un réalisme des essences, à un platonisme ? Réduction phénoménologique — Notion d'intentionnalité chez Husserl a) La philosophie de Husserl est en vérité, l'opposé d'un réalisme absolu.

Le réalisme absolu, autrement dit l'attitudequi consiste à ne saisir que des objets, à ignorer le sujet pensant, est pour Husserl une attitude naïve,préphilosophique.

C'est précisément l'illusion banale et dangereuse, le préjugé courant qu'il dénonce sous le nom d'«attitude naturelle ».

La conscience naturelle, celle qui n'est pas philosophiquement éduquée, ne connaît que desobjets.

je vois ce fauteuil, cette lampe autour de moi ; de même le savant dans son travail observe-t-il des faits,les analyse-t-il.

Dans la vie quotidienne, dans le travail scientifique, nous avons devant nous des objets et nousavons tendance à oublier qu'il n'y a d'objets que pour un sujet pensant, un sujet d'abord dissimulé justement parcequ'il n'est pas lui-même un objet, qu'il est ce devant quoi il y a des objets.

Le spectacle des objets nous fait oublierce spectateur invisible — qui est nous même, qui est la conscience pensante — Et précisément depuis Descartes lafonction première de toute philosophie est de corriger cet oubli, de révéler à.

elle-même cette conscienceconstituante pour laquelle et par laquelle il y a des objets.b) C'est par le doute méthodique et universel que Descartes, on s'en souvient, s'efforce de nous arracher à l'objetpensé — toujours douteux — pour nous révéler le sujet pensant, l'acte même de douter dont l'existence estindubitable.

Ce moment du cogito est présent aussi dans l'itinéraire husserlien.

Mais Husserl remplace le doutecartésien par une attitude plus subtile, plus nuancée, qui est la simple « mise entre parenthèses » du monde, l'«époché » en grec, l'« Einklammerung » dans l'allemand husserlien.La mise entre parenthèses du monde est d'une certaine façon une conversion moins radicale que le doute cartésien,d'une certaine façon plus radicale.

Moins radicale puisqu'il ne s'agit pas comme chez Descartes de nier la réalité dumonde extérieur (pour Descartes l'affirmation de la substance, de la chose n'est pas mise entre parenthèses, elleest seulement déplacée : le monde dans la deuxième Méditation n'existe plus, tandis que le moi se connaît commesubstance, comme chose pensante, res cogitans ) Husserl se contente de suspendre la « thèse générale del'existence du monde », de la mettre hors circuit.

Il ne nie pas radicalement l'existence du monde extérieur.Mais le champ de cette mise entre parenthèses est .finalement plus vaste que chez Descartes.

Non seulement,comme Descartes, Husserl met entre parenthèses l'affirmation de la réalité substantielle des évidences eidétiques,c'est-à-dire des objets mathématiques eux-mêmes, mais il se garde d'affirmer la substantialité de l'ego, de le définircomme une chose.

Il se garde aussi de fonder la valeur de la pensée sur l'Être divin, évitant ainsi le fameux cerclecartésien (la pensée me conduit à Dieu qui garantit la valeur de ma pensée).

C'est pour ma pensée qu'il y a l'idée deDieu, et je ne peux savoir encore si c'est par Dieu que ma pensée existe.c) La mise entre parenthèses de toute existence substantielle est donc très exactement une réductionphénoménologique, car mon expérience s'y trouve proprement « réduite » à ce qui est donné, à ce qui apparaît, àce qui se manifeste authentiquement.Or qu'est-ce qui est vraiment donné ? Est-ce comme dans la deuxième Méditation le cogito dans sa solitude insulaire? Pas le moins du monde.

Car je ne me saisis pas seulement comme « moi pensant » je me saisis comme pensantquelque chose, le cogito m'est donné avec son cogitatum.

Car il demeure vrai — à l'intérieur de la parenthèsephénoménologique — que je pense quelque chose.

Toute conscience dit Husserl est conscience de quelque chose.Le donné immédiat, le « phénomène » livré à l'intuition originaire n'est pas « ego cogito » mais « ego cogitocogitatum ».

Toute conscience vise un objet et c'est cette visée que Husserl appelle à la suite de Brentano «intentionnalité ».

A vrai dire cette notion d'intentionnalité remonte à la philosophie scolastique, mais chez lesphilosophes du Moyen Age elle est tributaire d'une métaphysique réaliste : chez ces philosophes l'intentionnalité estla présence à l'esprit par la sensation, d'êtres réels extérieurs à la conscience.

Husserl se garde de toute affirmationde cet ordre.

Il constate seulement que toute conscience vise un objet, étant entendu que cet objet n'est pasautre chose qu'un objet pour la conscience, qu'un objet relatif à la visée intentionnelle de la conscience.

Ce n'estpas un retour au réalisme, c'est plutôt dans un style kantien un idéalisme transcendantal.Husserl écrit dans un excellent article de vulgarisation qu'il a donné dans l'édition de 1927 de l'EncyclopaediaBritannica « Notre mise entre parenthèses exclut le monde simplement là du champ de conscience du sujet et luisubstitue le monde éprouvé — perçu — remémoré — jugé — pensé — évalué...

Ce n'est plus alors le monde ou unequelconque de ses régions qui apparaît, mais le sens du monde ».

On peut alors affirmer que la phénoménologiedépasse à la fois le réalisme et l'idéalisme.

Elle dépasse l'idéalisme puisque toute conscience vise un objettranscendant autrement dit extérieur à elle, elle dépasse le réalisme puisque toute signification renvoie à uneconscience transcendantale, donatrice de sens.

Même le sujet connu par introspection est objet pour un jetranscendantal « Le moi et le nous que nous appréhendons impliquent un je et un nous cachés auxquels ils sontprésents.

» C'est pour cela que Husserl rejette toute « vie intérieure » au sens réaliste et bergsonien du mot.

Il n'y. »

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