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LES ROMANS AU XVIIe SIECLE

Publié le 27/06/2012

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Le genre romanesque en prose est à peu près une création du xviie siècle. Entre 1550 et 1610, il n'y a rien. Auparavant, le roman se distinguait mal du conte. Les Sérees de Guillaume Bouchet (1584-1608) sont des conversations autour d'un thème, pleines de verdeur populaire, mais alourdies de souvenirs livresques. Le Moyen de Parvenir (1610) de Béroald de Yerville est encore une conversation désordonnée, faite d'anecdotes et de plaisanteries grossières. L'histoire comique de Francion (1623), de Charles Sorel (1597-1674), sorte de roman picaresque où défile une société fort variée, est plutôt une succession d'épisodes; aucun effort de construction; le seul héros sert de lien entre les nouvelles successives. L'intérêt, qui n'est pas négligeable, est dans le réalisme des peintures et l'audace philosophique de la pensée directrice. Sur ce point, Sorel annonce Balzac et ses Treize, affranchis des lois sociales.

« 142 HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE sodes; seule l'influence des Anglais, et en particulier de Richardson, permettra l'éclosion d'un réalisme bour­ geois qui sera vraiment romanesque, et non plus constitué par des « scènes de genre >> juxtaposées.

Mais les deux mots réalisme et romanesque continueront longtemps à s'opposer.

La préciosité crée le roman sentimental; son thème est l'histoire d'un amour, ou de plusieurs amours liées au premier par les ressorts de la jalousie; un tel roman est, de plus, volontiers didactique; plus concret que le Roman de la Rose, il en garde néanmoins l'esprit ins­ tructif; en même temps qu'une histoire qui se veut passionnante et émouvante, il est un code de la vie amoureuse et de la vie sociale.

Dès 1595, une demi­ douzaine de tels romans exaltent la fidélité des héros, victorieux de mille traverses; mais l'imagination y est pauvre et la psychologie très superficielle.

Infiniment supérieure apparaît l'Astrée (1607-1627).

L'auteur, d'Urfé (1567-1625), est un poète galant, vaillant officier d'ailleurs, qui s'est immortalisé par cet immense roman dont le succès fut prodigieux jusqu'au milieu du siècle et s'est poursuivi jusqu'au milieu du siècle suivant.

C'est un roman pastoral, long de plus de cinq mille pages, qui rassemble tous les éléments du genre pastoral espagnol et italien.

Le cadre du roman est le Forez, où l'auteur avait vécu pendant sa jeunesse; il se passe auve siècle après J.-C., mais seuls quelques rappels de la religion druidique viennent donner un semblant de couleur historique à ces bergers dont les moutons ne sont qu'un prétexte à vivre loin des contraintes et des laideurs de la ville.

L'intrigue essentielle, les amours du berger Céladon et de la ber­ gère Astrée, se complète de diverses intrigues plus ou moins rattachées à la première.

L'ensemble est extrê­mement complexe, mais cette complexité n'exclut pas une grande nonchalance dans la conduite des événe­ ments.

L'intérêt n'est pas là; il réside dans le fond psychologique.

Tous les aspects de l'amour idéal sont présentés, discutés, dans des conversations ou des lettres, analysés avec finesse, sinon avec pénétration.

Dans le monde confus de la vie sentimentale, le rationa­ lisme classique apporte là une subtile lumière.

Il manque à l'auteur d'introduire la notion de temps que Proust apportera le premier dans le roman; il lui manque. »

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