Devoir de Philosophie

RONSARD: Les Amours (Fiche de lecture)

Publié le 21/11/2010

Extrait du document

ronsard

«Comme on voit sur la branche au mois de Mai la rose

En sa belle jeunesse, en sa première fleur,

Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,

Quand l'Aube de ses pleurs au point du jour l'arrose:

La grâce dans sa feuille, et l'amour se repose,

Embaumant les jardins et les arbres d'odeur:

Mais battue ou de pluie, ou d'excessive ardeur,

Languissante elle meurt feuille à feuille déclose.

Ainsi en ta première et jeune nouveauté,

Quand la terre et le ciel honoraient ta beauté,

La Parque t'a tuée, et cendre tu reposes.«

(Sur la mort de Marie, sonnet 4, v. 1-11)

ronsard

« Mon sang s'émeut, et d'un penser fertile Un autre croît, tant le sujet m'est doux.

[...] Et toutefois je me plais en ma braise. D'un même mal l'un et l'autre est bien aise, Moi de mourir, et vous de me tuer.» (Amours de Cassandre, sonnet 100, v.

1-4 et 12 14) Loin de l'exigence moderne de sincérité et d'originalité, l'époque de Ronsard ne séparait pas l'artifice et l'émotion :un poème devait être composé selon des règles, comme un morceau de musique, et ces règles venaient de latradition de la poésie courtoise et plus spécifiquement de Pétrarque. 2.

L'INSPIRATION MYTHOLOGIQUE En redécouvrant la culture antique, les poètes de la Renaissance retrouvent également l'accès au monde de lamythologie.

La référence à tel ou tel héros mythique est un moyen de donner aux mots une signification plusprofonde.

Cassandre, par exemple, n'est pas uniquement la jeune fille noble rencontrée à la cour: c'est aussi laprêtresse d'Apollon qui a prophétisé en vain la chute de Troie, avant d'être capturée par le Grec Agamemnon.

Lesallusions à l'histoire mythique permettent ainsi un jeu subtil d'identification et de différence entre le monde ancien etle cas personnel.

Ronsard construit son sonnet 4 autour d'une référence à la guerre de Troie, mais c'est pourdistinguer la fougue guerrière des Grecs partis à la conquête d'Ilion de sa propre passivité ; il n'est pas un amantconquérant, mais une victime touchée par la flèche de Cupidon : «Un camp armé pour esclave te rendre Du port d'Aulide en ma faveur ne part, Et tu ne vois aupied de ton rempart Pour t'enlever mille barques descendre.» (Amours de Cassandre, sonnet 4, v.

4-8) 0> Les références à la mythologie ne se restreignent pas à Cassandre.

Cupidon, le dieu de l'amour, et les Muses,déesses des arts et des sciences, sont également présents.

La dame est comparée à Méduse dans ses moments deplus grande cruauté (sonnet 8).

Le poète, quant à lui, prend successivement les figures de la Pythie, lorsqu'il restesans voix (sonnet 27), ou d'Apollon (amoureux de sa prêtresse Cassandre) qui enchantait sa douleur avec sa lyre(sonnet 36), et même de Jupiter: le dieu des dieux est ainsi évoqué dans ses métamorphoses pour exprimer le rêved'une nuit érotique (il s'agit ici de la métamorphose de Jupiter en pluie d'or qui tombe sur Danaé) : «Je voudrais bien richement jaunissant En pluie d'or goutte à goutte descendre Dans le giron dema belle Cassandre Lors qu'en ses yeux le somme va glissant.» (Amours de Cassandre, sonnet 20, v.

1-4 3.

LA RECHERCHE DU NATUREL Les Amours de Marie diffèrent sensiblement du précédent par l'expression Désormais, Ronsard ne cherche plus tant à idéaliser ce qu'il évoque qu'à donne] l'impression de naturel, plus adéquate au nouvel objet de ses soins.

Dans leson net de la Belle Matineuse, par exemple, le regard conquérant de Cassandre 1 - laissé place aux yeux clos et langoureux de la dormeuse, la silhouette de glacé s'est transformée en un corps plus sensuel.

À la soumissiondévote du poète succède désormais l'intimité gaillarde : «Marie, levez-vous, ma jeune paresseuse : Jà la gaie alouette au ciel a fredonné, Et jà le rossignol doucement jargonné, Dessus l'épine assis, sa complainte amoureuse.

[...] Mais le dormir de l'Aube, aux filles gracieux, Vous tient d'un doux sommeil encor les yeux sillée. Çà! çà ! que je les baise et votre beau tétin Cent fois, pour vous apprendre à vous lever matin.» (Amours de Marie, 19, v.

1-4 et 11-14) L'expression évolue également pour dire des sentiments plus graves.

Dans la dizaine de poèmes réunis dans le recueilSur la mort de Marie, Ronsard mêle au regret de Marie Dupin le souvenir de la défunte Marie de Clèves, maîtresse. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles