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Le sceptique est-il un ignorant ?

Publié le 23/02/2011

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Le sceptique est-il un ignorant ? Pour tenter d'élucider cette question, il faut avant tout s'intéresser à ce que signifie être ignorant. On peut en donner une définition apophatique : ignorer, c'est ne pas connaître, ou plus encore ne pas reconnaître. Cette non-connaissance implique la notion d'une remise en cause de la connaissance. Or, si l'on se ramène à l'étymologie même du mot sceptique, qui vient du grec skeptikos et signifiant « qui examine «, on retrouve cette idée d'application d'un raisonnement par-rapport à la connaissance. Les sceptiques affirment qu'on ne peut rien affirmer comme véritable, et donc affirmer comme connaissance. Prenons le cas du plus absolu des sceptiques : il viendra rapidement à remettre en cause sa propre existence, le besoin de manger, de boire… Pourtant, le sceptique existe...

« pensée, et n'est-il pas conçu pour analyser toute information transmise et provoquer une réaction ? Toute ladifficulté réside alors dans le fait d'aller à l'encontre de ce processus naturel, tout comme il est difficile de lutterphysiquement contre les éléments, naturels eux aussi.

Cet effort est inclut dans la maïeutique de Socrate, qui toutcomme sa mère accouchait les femmes, accouchait les esprits… On ne peut alors plus assimiler aussifacilement le scepticisme à l'ignorance, puisqu'il permet de lutter contre certains aspects de cette ignorance. Si on ne peut déclarer le sceptique comme véritable ennemi de la connaissance, est-il pour autant le meilleur moyende l'atteindre ? Les avis divergent.Ainsi, dans les célèbres Méditations métaphysiques, publiées en latin en 1641, Descartes expose sa propre attitudeface à la connaissance.

Dans la première Méditation, Descartes adopte une attitude sceptique face à laconnaissance : il rejette tout ce qui lui paraît douteux, notamment les certitudes inculquées au cours de sonenfance, celles qui font appel aux sens, celles qui tout comme dans un rêve peuvent être des illusions, ou encorecelles dont l'origine est à rechercher dans l'existence d'un Malin Génie, divinité dont le but est de tromper.

Maisl'abîme qui sépare les sceptiques de Descartes est mis à jour dans la deuxième Méditation : pour lui, le doute ne doitpas être la fin, mais plutôt un moyen d'arriver à la certitude des connaissances, et surtout ne doit s'appliquer qu'àcelles-ci (il lui paraît inconcevable de ne pas se nourrir par exemple).

Le doute lui permet alors d'établir descertitudes : celle de son existence, de l'existence de Dieu etc.… On peut conclure que pour Descartes, le «scepticisme » est une première étape, une première attitude à adopter face à la connaissance.

Il s'agit de ce qu'ona appelé le doute méthodique, méthodique s'opposant au doute sceptique « conclusif »….Le philosophe David Hume (1711-1776), considéré comme l'un des plus éminent philosophe anglophone, s'oppose àDescartes par l'attitude qu'il considère à adopter face à la connaissance.

Il est le fondateur de l'empirisme moderne,qui fait de l'expérience sensible l'origine de toute connaissance.

Hume énonce que la connaissance de notre mondene peut être justifiée entièrement jusqu'à ses fondements, et par là valide le raisonnement des sceptiques.

Selon lui,la croyance dans la véracité d'une connaissance est provoquée par la perception d'une cause-conséquence quisemble toujours se vérifier.

C'est le principe de causalité, mais Hume rétorque que deux faits qui se sont toujourssuccédés ne se succéderont pas forcément toujours ! A nouveau Hume rejoint le scepticisme, mais ici il ne suspendpas véritablement son jugement, il rejoint Socrate en voulant affirmer les limites de la connaissance humaine, del'intelligence humaine.

Cet empirisme humien influencera fortement Kant, par là « réveillé de son sommeil dogmatique».En effet, Emmanuel Kant (1724-1804), philosophe allemand, dans la Critique de la raison pure tente de poursuivre letravail de Hume sur la connaissance notamment.

Il adopte une attitude typique du scepticisme en tentant derefonder les bases de la métaphysique, tel Descartes avec ses connaissances.

Kant énonce que l'homme est aucentre de la connaissance, il est actif dans la connaissance, et non pas passif par rapport à une réalité extérieure,c'est-à-dire finalement par-rapport à la connaissance.

Ainsi on ne peut accéder au noumène de l'objet, sa réalitépropre, mais seulement au phénomène de l'objet, sa réalité nôtre.

De même que Hume, Kant a conscience deslimites de l'intelligence humaine : il distingue ainsi la science, ce qui est accessible à l'homme, de la croyance, ce quile dépasse et à laquelle il peut adhérer ou non.

Il réfute par là-même toute forme de certitude sur le non-scientifique, comme l'existence de Dieu, tout en réfutant l'affirmation de sa non-existence : on peut y voir là uneforme de suspension, nécessaire si l'on souhaite rester dans la vérité, de son jugement.

Mais l'existence même desphénomènes par opposition aux noumènes affirme la possibilité de la connaissance véritable, allant ainsi à l'encontredu raisonnement adopté par les sceptiques selon lequel toute connaissance est fausse, douteuse.Enfin, dans le domaine scientifique, domaine par excellence de la connaissance et de l'attitude à adopter par-rapport à celle-ci, Isaac Newton, le pionnier de la mécanique classique, énonce le principe suivant : Il ne fautadmettre de causes que celles qui sont nécessaires pour expliquer les phénomènes.

», c'est-à-dire qu'il ne fautvalider comme connaissance seulement ce qui valide et est validée par conséquent par un phénomène.

Cela exclutdonc toutes les autres « connaissances » lorsqu'on s'intéresse à un phénomène précis.

Ainsi, selon Newton, laconnaissance n'est admissible que dans un système et perd de son importance et de sa véracité en dehors de cesystème… Ainsi, si par certains aspects le scepticisme peut s'assimiler à l'ignorance par la suspension du jugement et la remiseen cause de toute connaissance, il s'y oppose radicalement par l'attitude adoptée : le sceptique inscrit la non-connaissance dans une démarche, afin d'atteindre l'ataraxie via l'épochè, ce qui n'est pas le cas de l'ignorant quipeut souffrir de son manque de connaissance… Enfin, si le scepticisme ne semble pas être le meilleur deschoix face à la connaissance, son inscription dans un processus différent par-rapport à la connaissance permet detendre vers une certitude plus fine et solide, épurée.

Ainsi le résume Démocrite, philosophe de l'âge d'or grec : «Beaucoup de réflexion et non beaucoup de connaissances, voilà à quoi il faut tendre.

» Sujet désiré en échange :Le devoir du politique est-il de donner satisfaction à l'opinion publique?. »

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