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Les sciences progressent-elles vers la vérité ?

Publié le 15/11/2005

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  Introduction S'il est un progrès qui paraît peu contestable (si la notion de progrès a un sens sérieux), c'est bien dans l'accumulation des savoirs scientifiques à quoi aboutit le développement des sciences modernes. Cela signifie-t-il que ces dernières s'avancent vers la vérité, c'est-à-dire vers une vérité qui pourrait être considérée comme absolue ou définitive? Ne vaut-il pas mieux penser que la vérité scientifique elle-même est en fait à toujours réélaborer? 1. Connaissance, réalité et vérité - Rappeler que tous les problèmes rencontrés par la philosophie classique à propos de la vérité viennent d'une confusion entre cette dernière et la réalité. - Tant que l'on a admis (de Platon jusqu'au criticisme kantien) que la connaissance avait pour but de coïncider avec la réalité (quelle que soit la conception de cette coïncidence, notamment sous l'aspect de la copie), on s'est heurté à des difficultés insurmontables. - A l'inverse, la distinction opérée depuis Kant entre vérité et réalité, distinction admise par les scientifiques eux-mêmes (cf. Einstein) permet définitivement de mieux situer les ambitions de la connaissance scientifique : elle a pour tâche de constituer des vérités à partir des informations que nous pouvons recueillir sur les phénomènes. Ce qui a pour conséquence que la vérité ne doit plus être considérée comme capable d'atteindre l'absolu (la métaphysique relève de la pensée, non de la connaissance). II.

■ L'opinion commune, spontanément, associe science et vérité (le savant est celui qui possède la science, c'est-à-dire une connaissance vraie), et considère que le progrès des sciences est un progrès vers une vérité toujours plus étendue et plus parfaite.  ■ Toutefois, qu'entendons-nous exactement par « vérité « ? On pourrait assurément dire à propos d'elle ce qu'Augustin disait du temps : « Qu'est-ce ? Si personne ne me le demande, je le sais ; mais si on me le demande et que je veuille l'expliquer, je ne le sais plus «. Mais comment pouvons-nous dire que les sciences progressent vers la vérité si nous ne savons pas ce qu'est la vérité ? C'est pourquoi il nous faut chercher à la définir, et, cette définition éventuellement trouvée, examiner s'il y a un sens à parler d'un progrès des sciences vers la vérité.   

« techniques et d'opérations intellectuelles.

Si la vérité est « opératoire », le critère de la vérité ne sera-t-il pas fourni par le succès pratique de l' « opération » ? C'est ce point de vue « pragmatique » que nous allons examiner à présent. — A l'inverse, la distinction opérée depuis Kant entre vérité et réalité, distinction admise par les scientifiques eux-mêmes (cf.

Einstein) permet définitivement de mieux situer les ambitions de la connaissance scientifique : elle a pourtâche de constituer des vérités à partir des informations que nous pouvons recueillir sur les phénomènes.

Ce qui apour conséquence que la vérité ne doit plus être considérée comme capable d'atteindre l'absolu (la métaphysiquerelève de la pensée, non de la connaissance). II.

La vérité scientifique Si l'on admet que les sciences progressent vers la vérité, cela sous-entend:• que leur addition serait capable de composer une vérité homogène;• que cette dernière offrirait la possibilité d'atteindre un état stable etdéfinitif du savoir (sans que l'on sache forcément quand);• que les sciences connaîtraient ainsi une «fin» — lorsque la vérité globale serait atteinte.On constate au contraire:• que l'évolution des sciences modernes contredit le principe de leur totalisation dans un savoir unifié: les champsscientifiques divergent en cours de développement et de spécialisation de plus en plus prononcée, au lieu deconverger;• que l'hypothèse d'un état définitif du savoir se substitue simplement au concept de «réalité» et fait naître lesmêmes difficultés;• que l'histoire des sciences s'annonce interminable — ne serait-ce que dans la mesure où la mise au point d'unenouvelle vérité scientifique locale équivaut à la découverte d'un grand nombre d'ignorances jusqu'alorsinsoupçonnées. III.

Caractère historique de la vérité scientifique — Dans chaque science, la vérité n'en finit pas d'être reconstruite.

On doit admettre que toute vérité scientifiqueest par définition provisoire. L'histoire des sciences physiques est celle de leur révolution permanente.

Les théories n'ont qu'une valeur provisoire.

Des faits « polémiques » surgissent qui les contredisent, qui obligent à des révisions.

Tout succèsscientifique ouvre plus de questions qu'il n'en clôt.

Faut-il pour autant sombrer dans le scepticisme et affirmer qu'iln'y a rien qui vaille vraiment ? Comment distinguer, dès lors, la véritable science de la métaphysique ou des pseudo-sciences comme l'alchimie ou l'astrologie ? Et que penser des sciences humaines ? La psychanalyse, la théorie del'histoire de Marx peuvent-elles prétendre légitimement à la scientificité ? Popper , dans « Logique de la découverte scientifique » propose un critère de démarcation, capable d'établir, de manière concluante, la nature ou le statut scientifique d'une théorie.

Il écrit : « C'est la falsifiabilité et non la vérifiabilité d'un système qu'il faut prendre comme critère de démarcation.

En d'autres termes, je n'exigerai pas d'un système scientifique qu'il puisseêtre choisi, une fois pour toutes, dans une acception positive mais j'exigerai que sa forme logique soit telle qu'ilpuisse être distingué, au moyen de tests empiriques, dans une acception négative : un système faisant partie de lascience empirique doit pouvoir être réfuté par l'expérience.

» A l'époque de Popper , on affirmait généralement que ce qui distinguait la science des autres disciplines, c'était le caractère empirique de sa méthode.

Autrement dit, en multipliant les observations et les expériences, lesavant en tirait, en vertu du fameux principe d'induction, des lois qu'il considérait comme nécessaires etuniversellement valides.

Partant de là, les néopositivistes soutenaient que tout ce qui n'est pas vérifiable est« métaphysique » et doit être éliminé de la science.

Or, comme le souligne Popper , l'induction, qui consiste à inférer une règle universelle à partir d'une multitude de cas particuliers et donc des théories à partir d'énoncés singuliersvérifiés par l'expérience, est une démarche logiquement inadmissible : « Peu importe le grand nombre de cygnes blancs que nous puissions avoir observé, il ne justifie pas la conclusion que tous les cygnes sont blancs. » Aussi Popper affirme-t-il qu'aucune théorie n'est jamais vérifiable empiriquement et il distingue trois exigences auxquelles devra satisfaire ce qu'il appelle un « système empirique » ou scientifique : « Il devra, tout d'abord, être synthétique, de manière à pouvoir représenter un monde possible, non contradictoire.

En deuxièmelieu, il devra satisfaire au critère de démarcation, c'est-à-dire qu'il ne devra pas être métaphysique mais devrareprésenter un monde de l'expérience possible.

En troisième lieu, il devra constituer un système qui se distingue dequelque autre manière des autres systèmes du même type dans la mesure où il est le seul à représenter notremonde de l'expérience.

» La troisième exigence est la plus décisive.

Comment, en effet, reconnaître le système qui représente notre mondede l'expérience ? La réponde de Popper est la suivante : par le fait qu'il a été soumis à des tests et qu'il y a résisté. Cela signifie qu'il faut appliquer une méthode déductive.

En d'autres termes, si nous ne pouvons exiger des théoriesscientifiques qu'elles soient vérifiables, nous pouvons exiger d'elles qu'elles soient mises à l'épreuve.

Il s'agit pourcela de déduire de la théorie examinée des énoncés singuliers ou « prédictions » susceptibles d'être facilement testés dans l'expérimentation.

Une théorie qui ne résiste pas aux tests sera dite « falsifiée » ou « réfutée » par. »

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