A la table du Roi-Soleil la fraîcheur et la légèreté d'une nouvelle cuisine
Publié le 30/08/2013
Extrait du document
Des mets finement baptisés et cuisinés
A la table du roi, les mets riment désormais avec poésie. « Matelote d'ailerons de dinde à la financière «, « faisandeaux grillés en caisse sauce gibier «, « perdreau rouge à la crapaudine «, « compotes de cailles au foie «, « noix de veau piquée, glacée à l'essence servie froide «, « buissons de tartelettes «, « fusées d'abricots à la crème «... Le langage de la gastronomie et de la cuisine françaises se répand en infinies arabesques. Moutons, lapins et poulardes se parent de noms et d'ingrédients de plus en plus exubérants, qui excitent autant l'imagination que l'appétit. Ces circonlocutions, si elles séduisent Louis XIV comme les gens de qualité,
«
Légèreté et naturel
A l'instigation du roi, gros man
geur mais fin gourmet, la cui
sine
se fait plus légère.
Les
viandes ne
subissent plus les
cuissons multiple s chères aux
seigneurs féodaux
et aux Ro
mains.
A
présent , elles ne sont
plus bouillies avant d'être rô
ties et donnent ainsi le
meilleur de leur goût.
Les vins
ne
sont plus additionnés
d'épices et d'aromates .
Les
crus
de Bourgogne et le tout
nouveau champagne rempla
cent couramment les vins
blancs liquoreux.
Les compo
sitions salées-sucrées d'ori
gine orientale passent aussi
de mode , de même que les
viandes salées et fumées,
jugées «chairs ordinaires >>,
comme le porc, de moins en
moins apprec1e .
Naturelle,
telle est , avec caractère et ori
ginalité , la table de Louis XIV.
Le roi et ses cuisiniers veulent
avant tout des aliments de
qualité .
Le poisson destiné à
la table royale est acheminé
de nuit depuis les côtes de la
Manche pour être dégusté
dans la journée même .
L'anec
dote tragique de Vatel, rendue
légendaire par le récit de la grande
épistolière du règne
,
madame de Sévigné, témoi
gne du sérieux apporté par les
cuisinier s de France à leur
tâche.
En 1671, Vatel, maître
d'hôtel du prince de Condé,
grand maître
de la Maison du
roi , s' est donné la mort avec
son épée.
Déshonoré
par le
retard de la marée du jour et
pour n'avoir pu servir à temps
le repas de fête prévu par son
maître en l'
honneur de Louis
XIV à Chantilly .
Des mets finement
baptisés
et cuisinés
A la table du roi, les mets
riment désormais avec poésie .
« Matelote d'ailerons de dinde
à la financière », « faisandeaux
grillés en caisse sauce
gibier »,
« perdreau rouge à la crapau
dine », «compotes de cailles
au foie », « noix de veau pi
quée , glacée à l'essence servie
froide », «buissons de tarte
lettes », « fusées d'abricots à la
crème» ...
Le langage de la gas
tronomie et de la cuisine fran
çaises
se répand en infinies
arabesques .
Moutons , lapins
et poulardes se parent de
noms et d'ingrédients de plus
en plus exubérants ,
qui exci
tent autant l'imagination que
l'appétit.
Ces circonlocutions ,
si elles séduisent Louis XIV
comme les gens de qualité ,
L'ART DE LA TABLE
A SON ZÉNITH
En 1668, dans sa Relation de
la fête de Versailles, André
Félibien, historiographe des
Bâtiments du roi, s'en fait
l'écho.
Dans un cabinet de
verdure du parc, une fontaine et un bassin
attendent les convives.
« De
ce bassin sortaient cinq
tables en manière de buffets,
chargées de toutes les
choses qui peuvent composer une collation magnifique.
L'une de ces tables
représentait une montagne
où, dans plusieurs espèces
de cavernes, on voyait
diverses sortes de viandes
froides.
L'autre était comme la face d'un palais, bâti de
massepains et de pâtes
sucrées.
Il y en avait une
chargée de pyramides de
confitures sèches, une autre
d'une infinité de vases remplis de toutes sortes de
liqueurs, et la dernière était
composée de caramels.
Toutes ces tables étaient
couvertes d'une infinité de choses délicates et disposées d'une manière toute
nouvelle : leurs pieds et leur dossier étaient environnés
de feuillages mêlés de
festons de fleurs dont une était soutenue par des bacchantes.
»
suscitent l' ironie de Madame
Palatine, la fameuse
belle
sœur du roi, à la langue si bien
pendue.
Madame, qui n'oublie
pas les nourritures rustiques
de son Allemagne natale, re
grette avec verve les jambons
fumés bavarois
et les choux
servis avec des saucisses .
En
1714, à la fin de sa vie, elle
observe amèrement : « Quoi
que je sois ici depuis quaran
te-trois ans, je n'ai pu encore
m '
habituer à la détestable cui
sine
de ce pays ! » Ce qui
n'empêchera pas la cuisine
française d'acquérir une re
nommée unique .
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