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La technique permet-elle d'assurer le salut de l'homme ?

Publié le 15/10/2005

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technique
  L'essence de la technique est le danger, mais tant que ce danger reste dans l'ombre, il n'y a aucune raison pour que la domination de la technique cesse. En le démasquant et en le stigmatisant, Heidegger prépare les conditions d'une libération de l'homme à l'égard de l'emprise de la technique. Cette libération ne veut pas dire un abandon pur & simple des choses techniques, mais une modification de notre rapport avec elles. Au lieu d'être fascinés par elles, nous pouvons, tout en nous en servant normalement, conserver une certaine distance à leur endroit. « Nous pouvons dire « oui » à l'emploi inévitable des objets techniques, mais en même temps « non », en ce sens nous les empêchions de nous accaparer et ainsi de fausser, brouiller et finalement vider notre être ». Cette attitude qui consiste à dire à la fois oui et non au monde technique est ce que Heidegger appelle « sérénité » , « égalité d'âme ». Libéré des mirages de la technique, l'homme est alors disponible pour entendre l'appel de l'être ou de l'avènement dont le rapport technique à la réalité ne peut que le détourner. Les beaux-arts peuvent au sein de l'époque de l'extrême obscurcissement de l'être, reconduire les mortels égarés sur la terre dévastée par la technique dans le domaine de la vérité de l'être et préparer les conditions d'un nouvel enracinement.  L'art n'est à même, toutefois, de remplir cette fonction « salvatrice » que si l'homme est capable d'entrer dans une relation suffisamment originaire à l'oeuvre d'art, ce qui suppose se soit déjà libéré de l'emprise de la technique. On ne quitte donc la technique qu'en accomplissant un « saut », celui-là même à la faveur duquel la pensée parvient  à sortir du domaine de la métaphysique dont la technique est issue.
technique

« cartésienne, en établissant une différence radicale de nature entre corps & esprit.

Ce qui relève du corps n'estqu'une matière inerte, régie par les lois de la mécanique.

De même en assimilant les animaux à des machines,Descartes vide la notion de vie de tout contenu.

Précisons enfin que l'époque de Descartes est celle où Harvey découvre la circulation sanguine, où le corps commence à être désacralisé, et les tabous touchant la dissection, àtomber. Car ce qu'il y a de tout à fait remarquable dans le texte, c'est que le projet de domination technicienne de la nature ne concerne pas que la nature extérieure et l'exploitation des ressources naturelles.

La « philosophie pratique » est utile « principalement aussi pour la conservation de la santé ».

Le corps humain lui aussi, dans ce qu'il a de naturel, est objet de science, et même objet principal de la science.

« S'il est possible de trouver quelque moyen qui rende les hommes plus sages et plus habiles qu'ils n'ont été jusqu'ici, je crois que c'est dans la médecinequ'on doit le chercher. » La véritable libération des hommes ne viendrait pas selon Descartes de la politique, mais de la technique et de la médecine.

Nous deviendrons « plus sages & plus habiles », nous vivrons mieux, en nous rendant « comme maîtres & possesseurs de la nature ».

La science n'a pas d'autre but. La technique peut nous sauver. C'est grâce à la technique que l'homme a pu vaincre la millénaire fatalité qui pesait sur lui : la famine.

En remplaçant la pénurie par l'abondance, la technique crée le bonheur, donc fait le bien.

Des Encyclopédistes àVictor Hugo, il y a cet argumentaire de l'optimisme : l'homme est méchant parce qu'il est malheureux, et malheureuxparce que misérable.

Supprimons la misère, alors le bonheur se substituera au malheur, et le bien au mal.

De fait, lespays les plus corrompus, ceux qui sont déchirés par les guerres civiles, sont presque toujours les moins riches.

Ord'où vient la richesse ? Des engrais, des machines.

La technique est une puissance ; or la puissance est la liberté même.

Plus un homme est puissant, plus il est libre.La voiture, la télévision, l'ordinateur nous ouvrent l'espace et le temps, le monde de la nature et celui des hommes.Les petits cercles de jadis (ceux du village, de la famille, du métier) qui enfermaient l'être humain et l'empêchaientde penser et de vivre, sont brisés.

La technique est la destination de l'homme.

La technique ne supprime pas le travail.

Elle le déplace et le crée.

La très faible productivité des paysansd'autrefois est assimilable, par une économie moderne, à une activité de non-travail.

De plus, en délivrant l'êtrehumain des tâches purement mécaniques (répétition de gestes identiques) la technique lui laisse ce qu'il y a de plusnoble en lui : la pensée.

Il est difficile de tirer une conclusion à partir d'arguments aussi contrastés.

Chacun, selon sa conception (ou sespréjugés) choisira de mettre l'accent sur tel facteur et de diminuer l'importance des autres. Dans un second temps, il faudra montrer que loin de sauver l'homme, la technique peut causer notre perte. Dans la Genèse, Dieu préfère les offrandes d'Abel le pasteur à celles de Caïn le cultivateur : on peut lire dans cetépisode une condamnation de la technique.

Laquelle pousse les hommes au péché d'orgueil, comme on va le voiravec l'histoire de la tour de Babel.

L'orgueil, théologiquement, a un sens fort : il consiste dans le désir d'égaler Dieu.

La technique, en effet, est fille de la volonté de puissance ; et il n'est pas de puissance exercée sans violence.Violence double : contre le milieu naturel, l'homme se comporte en prédateur (il rase les forêts, extermine lesanimaux sauvages, etc.), contre le milieu humain, l'homme se comporte en bandit (sans la technique, pas de guerremondiale ni de camp de concentration).

La technique, ainsi que l'avait décelé Rousseau, est créatrice d'inégalités.

Elle discrimine de fait ceux qui possèdentles machines et ceux qui ne les possèdent pas, ceux qui savent s'en servir et ceux qui ne savent pas s'en servir.

Siles inégalités tendent aujourd'hui à croître dans le monde, cela est en grande partie dû aux nouvelles techniques(l'informatique induit des transferts énormes de richesses et met au chômage des millions d'hommes).

La technique menace les libertés en enfermant la vie humaine dans des réseaux de plus en plus serrés.

Désormaisles actes laissent une trace : dans aucune dictature du passé, le contrôle et la surveillance des citoyens n'ont étépoussés aussi loin (on sait ce que tel dépense, regarde à la télévision, où il va, etc.).

La technique ne bouleverse pas seulement nos modes de vie — elle détermine jusqu'à nos 'manières de penser, decroire et d'espérer.

Elle est, par nature, impérialiste, s'introduisant entre les fibres les plus serrées de nosexistences.

La voiture, la télévision, l'ordinateur ne sont plus de simples moyens : ils dessinent le cadre de notre vieen même temps qu'ils le remplissent.

Partout la technique a imposé ses valeurs : la vitesse, la performance, l'utilité,l'efficacité...

Spontanément, on les jugera partout bonnes, sans critique.

Enfin, on pourra dire que l'homme doit sauver la nature, menacée par la technique.. »

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