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La vie de Balzac dans sa relation avec l'oeuvre

Publié le 07/02/2011

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On pourra distinguer deux grandes périodes dans cette existence foisonnante, qui pendant longtemps cherche sa voie vers le succès. La date charnière est alors 1831, parution de la première œuvre importante, La Peau de chagrin. Certes, les événements de la vie n'expliquent pas le génie de l'écrivain, mais ils nous éclairent sur la genèse intime de quelques-uns des thèmes balzaciens.   

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« peu substantiel, une tasse de café pur, et je m'attelle à mon fiacre jusqu'à quatre heures ; je reçois, je prends unbain, ou je sors, et après dîner, je me couche. (Correspondance, 1833) Hormis quelques voyages, l'écrivain, talonné par le besoin, le goût immodéré du luxe et les créanciers, maintiendra lemême effort jusqu'au bout de sa vie.

Lorsqu'il évoque par la bouche de Vautrin s'adressant à Rastignac la contraintepénible du travail solitaire, il parle d'expérience, il a dû rêver bien souvent de moyens plus expéditifs de faire figureen société. Balzac et le grand amour.

La nature de la relation amoureuse que Balzac entretint avec «l'Étrangère» fournit une desclés de la personnalité de l'homme, qui s'exprime elle-même dans Le Père Goriot à travers le thème fondamental de lapassion. Les lettres à l'étrangère.

En 1832, Balzac reçoit la lettre d'une admiratrice polonaise qui signe «l'Étrangère» et nerévèle son identité qu'un an plus tard.

En homme d'imagination, l'écrivain se déclare amoureux dès sa troisièmeréponse, «Je vous aime, Inconnue», et il se forge une grande passion dans la pure tradition romantique.

Elle, c'estune aristocrate de Pologne, mariée en Russie, Mme Hanska, qui devient sa maîtresse en janvier 1834.

Il la retrouve àVienne en 1835, puis c'est l'éloignement pendant sept longues années, au cours desquelles l'écrivain s'ensorcelle lui-même dans une correspondance exaltée.

En 1841, elle est enfin veuve.

Il peut la retrouver à Saint-Pétersbourg en1843.

Voyages communs en 1845, deux séjours chez elle en Ukraine, mariage bien tardif, en mars 1850, trois moisavant la fin. L'amour comme création mentale : parmi ses conquêtes féminines, l'écrivain a donc choisi de s'investir avec le plusd'ardeur dans celle qui autorisait par l'absence physique et le recours à la correspondance la plus grande exaltationde l'imaginaire.

Son amour ruisselle de la tête du littérateur comme le plus immense des personnages de l'œuvre.Pendant dix-huit ans, l'expression de l'amour par l'écriture a constitué pour le romancier la réalité essentielle del'amour.

Car l'homme de pensée a écrit constamment à l'Étrangère, et sur le ton de l'amour fou : Dis-toi que tu es aimée comme aucune femme ne l'est.

Vois, par tous les ravages que tu fais dans ma pauvremaison, dans ma tête, dans mon cœur, à quel point tu y es tout, la fleur et le fruit, la force et la faiblesse, le plaisiret la douleur. L'épuisement des forces vives.

En effet, l'écrivain a consumé prématurément sa vie pour s'être exalté avec intensitédans l'imagination du cœur.

Car du fait de, l'absence, cet amour nourri de rêves et de phrases a puisé son alimentdans l'énergie cérébrale ; en outre, il a été source de manque et de frustration, comme une excitation sansassouvissement qui diminue la vitalité du rêveur : Cette longue attente du cœur, du bonheur, d'une vie rêvée m'a plus détruit que je ne le croyais...

Je suis agité dansle principe même de ma vie, à en mourir...

Aussi n'y-a-t-il qu'un mot pour rendre ma situation : je me consume.

Et clans une autre lettre : J'ai été tenaillé, torturé, comme jamais je ne l'ai été.

C'est un triste martyre, celui du cœur, celui de la tête, celui des affaires. Les «Étrangères» de Goriot, ce sont ses filles.

Un homme frustré de la présence de l'être aimé et diminué parl'intensité d'une passion insatisfaite, n'est-ce pas aussi le drame de Goriot ? Balzac portait donc en lui solidementancrée la conviction que le plus fort de l'amour se nourrit de l'absence, et les filles Goriot sont absentes de la vie dupère ; il avait aussi la certitude d'une usure de l'être, miné par l'intensité de ses sentiments.

Tout le personnage duPère Goriot est là, dans le fond des convictions et dans l'expérience encore à vivre de son créateur. Balzac et l'argent.

Il serait plus exact de dire Balzac et les dettes, car il a toujours été poursuivi par ses créanciers.En évoquant plus haut la période des tâtonnements, on a souligné que la question d'argent prenait autant de placedans les préoccupations vécues de l'auteur que dans ses romans, et notamment Le Père Goriot.

On se contenterad'évoquer brièvement les deux gouffres financiers où il s'est encore plongé, s'obligeant ainsi à un labeur de titanpour éponger un peu de ses pertes. Des affaires malheureuses.

De 1837 à 1840, c'est une entreprise immobilière à Sèvres : Balzac achète des terrains,dix-sept parcelles successivement, plus deux maisons, plus une troisième qu'il fait construire.

Il est incapable depayer, et son bien est saisi, vendu aux enchères par voie de justice.

Reste à l'auteur une dette évaluée à sixmillions de francs actuels. En 1847, en vue d'y installer son ménage, Balzac achète, décore et meuble fastueusement (les croquis conservéssont surprenants) une maison située dans l'actuelle rue Balzac : autre source de dépenses et cause d'un labeurredoublé.. »

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