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Dissertation sur la parodie littéraire et ses différentes formes

Publié le 01/10/2013

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Composition Française Intro Les journaux, dans leurs titres, et surtout la publicité, jouent constamment sur le détournement parodique de phrases célèbres, de formules connues ou de références culturelles, le but étant d'attirer l'attention du lecteur ou du spectateur en alliant à la fois familier et nouveau, provoquant ainsi chez lui le double plaisir de la reconnaissance et de la surprise. Dans un sens restreint, la parodie désigne une ?uvre littéraire (ou artistique) qui transforme une ?uvre préexistante de façon comique, ludique ou satirique. Mais l'usage populaire, ainsi que les définitions des poéticiens, ont donné à la parodie des significations plus larges, souvent aussi plus confuses. Malgré ces définitions qui ne sont pas toujours très claires, un élément reste indéniable : la parodie est un procédé iconoclaste, c'est-à-dire qui est contre les traditions. Claude Abastado l'a d'ailleurs écrit dans une revue littéraire en 1976 : « l'?uvre nouvelle a pour fonction de déranger un paysage, de contester une vision du monde. La parodie est le premier moment de cette mise en cause «. Au cours de sa réflexion, le critique soulève également un paradoxe en affirmant que la parodie manifeste à la fois « la duplicité d'une attirance et d'un refus «. Parodier, est-ce un signe d'attirance ou de refus ? Mais surtout, est-ce le seul moyen de mettre en cause, de contester, de déranger ? En premier lieu, nous nous intéresserons à ce paradoxe en montrant, dans une première partie, que la parodie refuse les traditions, tout en soulignant, dans un deuxième temps, qu'elle témoigne également d'une attirance. Pour finir, nous étudierons les autres moments de la mise en cause de la tradition. I. La parodie, refus et bouleversement de la tradition 1)Le parodiste cherche à amuses ses lecteurs en se moquant des tics stylistiques, des faiblesses de l'?uvre célèbre prise pour cible Est souvent qualifié de parodique tout ce qui relève d'une représentation, déformante, ironique, moqueuse, et parodie devient alors synonyme de caricature et de satire. Ainsi, dans son Histoire de la caricature antique (1865), Champfleury utilise les mots caricature et parodie l'un pour l'autre, indifféremment. De même, en 1869, André Gill a choisi d'intituler son hebdomadaire satirique La Parodie. La conception première de la parodie l'a fait apparaître comme un procédé de citation comique, (Le Traité des tropes de Du Marsais (1730) l'a défini comme « un ouvrage en vers dans lequel on détourne, dans un sens railleur, des vers qu'un autre a fait dans une vue différente «), mais il ne faut pas perdre de vue que ce procédé s'accompagne toujours d'une intention qui vise à dénoncer un phénomène, informer les lecteurs, de manière ludique. Par exemple, dans son ouvrage satirique Gargantua, Rabelais dirige sa critique contre l'Eglise et le cadre religieux. Il conteste le fait que l'Eglise ait la main mise sur la connaissance, l'éducation? On pourrait croire à un simple récit d'aventures absurdes, voire ridicules, destiné à émerveiller et amuser les lecteurs, mais en fait l'auteur a voulu atteindre deux objectifs simultanément : faire rire et instruire. De même, le théâtre parodique qui se développe sur les scènes de la Foire et des Italiens au XVIIIe siècle et dont Lesage est, par exemple, un bon représentant (Arlequin Thétis, Parodie de l'opéra de Télémaque, Les Amours de Protée?) stigmatise par la dérision les invraisemblances, les exagérations, les stéréotypes des pièces qui sont jouées sur les scènes des théâtres officiels. 2)Réagir contre les procédés mécaniques d'un auteur, d'une école ou d'un genre littéraire Les formalistes russes, dans les années 1920, ont jugé que la parodie constituait un facteur de « l'évolution littéraire «. Pour Iouri Tynianov, en « détruisant l'ensemble ancien et en le reconstruisant à nouveaux frais «, le texte parodique accomplit un renouvellement salutaire, indispensable, qui empêche un déclin de la littérature. La parodie est donc pour les formalistes russes une « mise à l'épreuve du discours littéraire «. En exagérant de façon caricaturale les traits caractéristiques et les procédés récurrents du texte-cible, elle leur permet ...

« 2) Réagir contre les procédés mécaniques d’un auteur, d’une école ou d’un genre littéraire Les formalistes russes, dans les années 1920, ont jugé que la parodie constituait un facteur de « l'évolution littéraire ».

Pour Iouri Tynianov, en « détruisant l'ensemble ancien et en le reconstruisant à nouveaux frais », le texte parodique accomplit un renouvellement salutaire, indispensable, qui empêche un déclin de la littérature.

La parodie est donc pour les formalistes russes une « mise à l'épreuve du discours littéraire ».

En exagérant de façon caricaturale les traits caractéristiques et les procédés récurrents du texte-cible, elle leur permet d’éviter une sacralisation, c'est-à-dire une transformation en stéréotypes.

Prenant l'exemple de Tristram Shandy de Sterne .

Le romancier anglais met à nu les procédés conventionnels du roman comme la causalité, la succession chronologique, la linéarité de la composition, etc., et constitue le contenu de son propre roman sur notre prise de conscience de la forme romanesque 3) La notion de parodie postule un « contrechant », une œuvre qui se construit dans l'opposition à une autre L'étymologie même du mot parodie ( ôdê signifiant « le chant », et para à la fois « contre » et « à côté »), confirme l’idée d’un contrechant, d’une œuvre qui se construit dans l'opposition à une autre.

Ainsi, la relation qui unit un texte parodique à son texte cible est de l'ordre d'une transformation comique, d’un travestissement burlesque… Fréquent au XVIIème siècle, que l'on croit pourtant si respectueux des traditions, le burlesque consistait à parodier une œuvre noble de l’Antiquité, généralement une épopée, comme l’Iliade, l’Odyssée ou l’Énéide, et à l'affubler d'une forme vulgaire.

L'exemple le plus célèbre en est le Virgile travesti , de Paul Scarron, qui parodie l’Eneide de Virgile, ou encore la Deiliade, (littéralement l’ « Iliade des lâches », ridiculisant la célèbre épopée.

Ce type de parodie possède quelquechose d'iconoclaste, et ce d'autant plus que l'œuvre parodiée est consacrée, pour ne pas dire sacrée. II.

Mais la parodie témoigne aussi d’une attirance 1) Une pratique mal comprise et discréditée L'usage courant a pour habitude de donner au mot parodie la signification péjorative de simulacre ou de mauvaise imitation.

Souvent, on assimile la parodie à des pratiques qui reposent sur la tromperie, telles que le plagiat (qui est l'appropriation de l'œuvre d'un autre), ou la supercherie (l'attribution d'une œuvre à un auteur imaginaire).

Mais c'est surtout avec le pastiche qu'elle est confondue, alors que celui-ci a pour objet l'imitation stylistique.

Ainsi, de nombreuses anthologies de pastiches rassemblent en fait des parodies, et quand les deux genres coexistent, c'est le pastiche qui tend à l'emporter, comme dans l'édition française de Diario minimo d'Umberto Eco, qui a été intitulée Pastiches et postiches (1988), bien que ce recueil comprenne autant de parodies que de pastiches, dont par exemple Nonita, parodie du roman de Nabokov, où le jeune héros brûle d'amour pour une octogénaire décatie .

Il est vrai qu'Umberto Eco lui-même ne distingue pas les deux termes dans sa Préface.

La préférence donnée au terme de pastiche s'explique certainement par la signification populaire péjorative qu'a prise la parodie.

Le fait qu'elle se soit développée, au XVIII e et au XIX e siècle, à travers un théâtre populaire qui avait pour cadre la foire, puis sur les scènes de boulevard, et qu'elle ait triomphé, à la fin du XIX e siècle, dans des lieux comme Le Chat noir (un ancien célèbre cabaret de Montmartre) permet de comprendre le mépris dont elle a été longtemps victime. »

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