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L'ÉCOLE DES FEMMES Molière LIRE L'OEUVRE

Publié le 13/06/2015

Extrait du document

fille murée dans la servilité et le silence et que le jeune homme fait vivre par ses récits. Chrysalde n'intervient que 5 fois, en exposition (I, 1) et au dénouement (V, 7, 8 et 9), à la scène 8 de l'acte IV pour le souper. Il marque le temps qui passe et fait le point de la situation d'Ar-nolphe, en observateur critique et goguenard : la situation s'est ren­versée, ce n'est plus Arnolphe qui récite sa leçon, c'est lui qui la donne à Arnolphe. Enrique et Oronte n'interviennent que trois fois, pour le dénouement.

12.L'ordre d'entrée en scène des personnages répond à une nécessité dramaturgique et non à une hiérarchie sociale. Arnolphe revenant de la campagne entre sur scène avec l'ami qu'il a rencontré chemin fai-sant.Au dernier acte, les pères entrent en scène, tournés vers l'avenir, à la rencontre des jeunes gens ; Arnolphe s'enfuit en criant de douleur. Le renversement est complet.

13.Arnolphe déclenche l'intrigue par ses obstacles intérieurs, sa curio­sité, sa jalousie sournoise.

14.Arnolphe est le nom du patron des maris trompés et l'on peut com­prendre qu'il n'ait pas souhaité rester sous ce patronage. Monsieur de la Souche est polysémique : c'est un nom noble, par la particule ; une souche est « un vieux tronc pourri « à la campagne, métonymie de la propriété qu'Arnolphe y possède, mais c'est également l'expression « faire souche « qui signifie créer une famille, se marier et avoir des enfants.

15.Agnès vient du nom agneau. Ce prénom désigne l'innocence, la naï­veté de l'agneau qui vient de naître ; elle incarne l'ingénue de comé­die au début de la pièce, la pureté, le naturel ; c'est la fille d'Angélique, au nom programmatique, l'épouse modèle et aimée d'Enrique. Elle s'inscrit dans cette lignée. La souche familiale est ici, non chez Arnolphe.

16.Arnolphe ne supporte pas la rivalité. Il n'a pas de mot assez dur, tri­vial et péjoratif pour dire sa haine d'Horace. Horace est un « un jeune fou, un petit sot « (IV, 1), un « morveux « (V, 4), un « bavard «, un « jeune éventé, un étourdi « (IV, 7).

 

17.Les domestiques interviennent sur scène et hors scène. Ils appor­tent du mouvement après les scènes statiques. Le couple permet des effets comiques propres au jeu du miroir. Ils détendent après des scènes à thèse (I, 1) ou des monologues (II, 2), font circuler l'information entre le passé et le présent (I, 1), entre Arnolphe et le public (III, 1; IV, 4 ; IV, 9...). Ils sont porteurs de la dimension farcesque, burlesque et sati­rique de la pièce.

V, 1.Arnolphe est persuadé que ses valets ont tué Horace. Son inquié­tude l'emporte : suspension de la réversibilité des péripéties, mais Horace ne conserve pas son avantage sur Arnolphe.

  V, 4 et 5. Échec d'Horace et d'Agnès : Agnès confiée à Arnolphe est séquestrée.

V, 6. Échec d'Horace et d'Agnès : Horace demande à nouveau du secours à Arnolphe car son père a arrangé pour lui un mariage ; par un nouveau déficit d'information, il ignore qui est la femme qu'on lui des­tine ; Arnolphe promet de l'aider à empêcher ce mariage.

V, 7. Semi-échec d'Arnolphe : Horace découvre le double nom, la duplicité d'Arnolphe et le quiproquo, mais les jeunes gens ne triom­phent pas encore.

Scène de reconnaissance : Agnès est la fille d'Enrique et la femme qu'Oronte destine à Horace ; l'amour et la raison triomphent ; échec définitif d'Arnolphe assuré par le deus ex machina, amplifié par le ren­versement du déficit d'information et du quiproquo : il prenait Agnès sans ressources, alors qu'elle est la fille d'Enrique, et donc une bour­geoise, promise à Horace. Le dénouement est heureux.

6. Dès la scène 1, acte I, Chrysalde met en garde Arnolphe puis conti­nue régulièrement à le faire (IV, 8...). Si l'on suit Horace, le fil conduc­teur qui prépare le dénouement se constitue dès l'exposition (I, 4) par ses deux lettres et leur contenu : l'arrivée de son père avec un ami inconnu, Enrique, et le motif tout aussi mystérieux de son voyage.

7. La place, le balcon, la porte, le lieu dans sa totalité a une significa­tion, donc une unité authentique, au-delà de la vraisemblance fausse ou réelle de la conversation et de la lecture des maximes à l'extérieur. Sous la figure de l'amour du galant qui devient mari et du père retrouvé, le monde vient à Agnès pour ouvrir les portes de sa prison.

8. Entre les actes I et II, Horace prépare, avec l'argent emprunté à Arnolphe (I, 4), de quoi satisfaire ses entreprises amoureuses. Arnolphe le cherche en vain pour essayer d'en savoir davantage. Un récit nous l'apprend, le monologue d'Arnolphe (II, 1).

Entre les actes II et III, Arnolphe, caché, oblige Agnès à jeter un grès sur la tête d'Horace. Nous apprenons la réussite de l'entreprise par un faux dialogue : Arnolphe, dans une tirade à laquelle elle ne répond pas, félicite Agnès (III, 1).

  Entre les actes III et IV, Horace cherche comment remplacer l'en­tremetteuse morte qu'il engageait pour voir Agnès chez elle. On l'ap­prend par un récit à Arnolphe (IV, 6).

 

  Entre les actes IV et V, Alain et Georgette bastonnent Horace. Nous l'apprenons au cours d'un dialogue, de la bouche d'Arnolphe qui croit Horace mort et réprimande ses valets (V, 1).

TEXTE 8 L'École des femmes, acte II, scène 5 La distribution de la parole

1. Les stichomythies expriment la montée de la tension entre les per­sonnages. Elles sont utilisées à plusieurs reprises dans des fonctions différentes : pour faire ressortir le ridicule des craintes d'Arnolphe, l'in­génuité d'Agnès et le lazzi, à l'épisode du « le « (v. 572-574) ; pour se réjouir de la décision du mariage et instaurer l'apparent accord entre les deux personnages (V. 615-619 et 621-624) ; pour le choix du mari désiré par Agnès (v. 627 ; 639-641) ; pour exprimer la déconvenue et la tyrannie d'Arnolphe. Elles s'associent à un double quiproquo (l'iden­tité du mari pour Agnès, la joie manifestée par Agnès et qui apporte une satisfaction éphémère à son tuteur). Elles instaurent la diversité des registres, font passer de la farce à l'émotion liée au malentendu, puis à la parodie tragique.

2. Le récit d'Agnès et le dialogue rapporté font vivre sur scène un hors-temps et un hors-scène que le spectateur et Arnolphe n'ont pas vu : la rencontre amoureuse (le récit) et l'entremise de la vieille (le dialogue rapporté). Ces procédés du théâtre dans le théâtre et de l'hypotypose font d'Arnolphe un spectateur, participant au comique par des moyens différents. Agnès remplit tous les rôles : le sien, celui d'Horace, celui de la vieille ; ils utilisent le comique de gestes, de mots, de répétition, concernant les changements de rôle et de locuteur. Le comique de situation se combine avec le comique de mots (Agnès prend au sens littéral le langage galant de la vieille, les clichés de la rhétorique du coup de foudre). Le récit et le dialogue illustrent la réprobation de Chrysalde (I, 1) et d'Horace (I, 4) : l'ignorance et la séquestration ne garantissent pas la vertu. L'effet qu'ils produisent sur Arnolphe se per­çoit dans son jeu scénique et dans ses répliques.

3. Arnolphe passe de la conversation banale vite avortée (début de la stichomythie initiale) au questionnaire faussement anodin (y. 460-465). Dès l'aveu d'Agnès (v. 473-475), les apartés rageurs alternent avec le ton sentencieux (v. 479-480) ; après le récit de la rencontre amoureuse et le discours rapporté de la vieille, les questions de plus en plus pres‑

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