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Le Juge arbitre, l'Hospitalier et le Solitaire Livre XII, fable 29, vers 34 à 52

Publié le 27/03/2015

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fable

Trois saints, à égalité de vertu, choisissent de suivre des chemins différents. Le Juge arbitre et l'Hospitalier s'imaginent pouvoir aider leur prochain : l'un veut réconcilier les hommes en rendant une justice équitable, l'autre les soigner et apaiser leurs souffrances physiques.

En récompense de leurs actions charitables l'un et l'autre ne reçoivent que «plainte et murmure «. Ils s'écartent du monde et retrouvent dans un lieu de retraite le Solitaire, qui, lui, n'a pas cherché à secourir son prochain : le sage va leur indiquer la voie de la sagesse et du salut ; une voie majestueuse, à chercher non dans l'action mais en soi-même, dans l'exercice de la contemplation.

34 Là, sous d'âpres rochers, près d'une source pure,

35 Lieu respecté des vents, ignoré du soleil,

Ils trouvent l'autre Saint, lui demandent conseil. Il faut, dit leur ami, le prendre de soi-même.

Qui mieux que-vous sait vos besoins?

Apprendre à se connaître est le premier des soins

40 Qu'impose à tous mortels la Majesté suprême. Vous êtes-vous connus dans le monde habité ? L'on ne le peut qu'aux lieux pleins de tranquillité Chercher ailleurs ce bien est une erreur extrême.

Troublez l'eau: vous y voyez-vous?

45 Agitez celle-ci. — Comment nous verrions-nous? La vase est un épais nuage

Qu'aux effets du cristal nous venons d'opposer. Mes Frères, dit le Saint, laissez-la reposer, Vous verrez alors votre image.

50 Pour vous mieux contempler demeurez au désert. Ainsi parla le Solitaire.

 

Il fut cru; l'on suivit ce conseil salutaire.

fable

« LES FABLES DE LA FONTAINE Voici un discours énonçant une sagesse (v.

37 à 50), autour d'un principe fondamental pour assurer son salut: l'exigence de se connaître soi-même.

Mais un discours qui, fuyant la sécheresse d'une prescription autoritaire, s'énonce sous une forme dialoguée et qui, pour expliquer l'énoncé moral abstrait, recourt à une expérience sensible, concrète, séduisante, donc encore plus convaincante.

0 Les vertus d!J_I~~ La caractérisation du lieu fait qu'il est chargé de vertus propices à la sagesse.

Les caractéristiques physiques du lieu ont leur équivalent au plan spirituel.

Un décor de commencement du monde.

Paradoxalement, le point de convergence et d'aboutissement des trajectoires (celles des destins humains, celle de notre lecture) est une source: au plan moral, cela nous renvoie au discours du Solitaire énonçant le fondement, l'origine de la sagesse («le premier des soins», v.

39).

Un lieu propre à l'ascèse: «âpres» et «pur»(v.

34) ont un sens concret mais aussi des connotations abstraites, évocatrices au plan spirituel, de la démarche de l'ascète qui mène une vie faite de dépouillement et de privations.

Un lieu protégé, favorable au recueillement, échappant aux vanités du monde: on est loin du vaste «monde habité'" à l'écart des fastes de la société humaine que le poète suggère implicitement par des détails concrets (soleil, vents) susceptibles de se charger d'un sens abstrait et moral (le soleil, allégorie de la gloire, de la volonté de puissance «des mortels»; les «vents» évoquent à la fois les turbulences du monde mais aussi la vanité.

Un lieu d'humilité ( «sous d'âpres rochers» en écho à «Majesté suprême») ; la présence de la vase reposant sous l'eau, v.

46, est peut-être à mettre en relation sur le plan spirituel avec la condition mortelle de l'homme, être pétri dans la glaise selon la parole de la Bible; dans cette optique, l'eau transparente et le pur reflet, qui sont au-dessus de la vase, sont identi­ fiables à l'âme.

La plénitude du «désert».

Attention! «désert» (v.

50) ne désigne pas dans la langue du XVIIe siècle un espace aride, sec; ici, l'eau est au contraire très présente.

Le désert est un espace de solitude où l'on se retire «loin du monde et du !mût» (voir en région parisienne le «désert de Retz»).

Noter la valorisation du lieu: le «désert», lieu de «tranquillité» (en opposition à la rime avec «monde habité») n'est pas vide mais empli d'une quiétude qui le comble et semble le stabiliser (stabilité suggérée par les 83. »

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