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LE POUVOIR - ROUSSEAU

Publié le 30/08/2014

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rousseau

C'est beaucoup que d'avoir fait régner l'ordre et la paix dans toutes les parties de la république ; c'est beaucoup que l'État soit tranquille et la loi respectée : mais si l'on ne fait rien de plus, il y aura dans tout cela plus d'apparence que de réalité, et le gouvernement se fera difficilement obéir s'il se borne à l'obéissance. S'il est bon de savoir employer les hommes tels qu'ils sont, il vaut beaucoup mieux encore les rendre tels qu'on a besoin qu'ils soient ; l'autorité la plus absolue est celle qui pénètre jus­qu'à l'intérieur de l'homme, et ne s'exerce pas moins sur la volonté que sur les actions. Il est certain que les peuples sont à la longue ce que le gouvernement les fait être. Guerriers, citoyens, hommes, quand il veut ; populace et canaille quand il lui plaît : et tout prince qui méprise ses sujets se déshonore lui-même en montrant qu'il n'a pas su les rendre esti­mables. Formez donc des hommes si vous voulez commander à des hommes : si vous voulez qu'on obéisse aux lois, faites qu'on les aime, et que pour faire ce qu'on doit, il suffise de songer qu'on le doit faire.

 

ROUSSEAU.

À l'horizon se profile la célèbre affirmation selon laquelle « la véritable liberté est l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite « : encore faut-il que les citoyens aient la possibilité de se prescrire la loi — ce qui suppose que le pouvoir soit bien leur représentant et dirige en leur nom. Dans ce passage, c'est indirectement le pouvoir seulement autoritaire (la monarchie absolue, ou tyrannie) qui, en creux, se trouve critiqué.

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« Plan Introduction 1.

-Ordre apparent et pouvoir authentique II.

-Fonction pédagogique du gouvernement III.

-Qualité du peuple, qualité du pouvoir Conclusion CORRIGÉ [Introduction] Le pouvoir a toujours intérêt, non seulement à garantir l'ordre et à le maintenir, mais aussi à être «obéi».

Mais comment définir sérieusement 1' obéissance à obtenir des citoyens ? Pour Rousseau, il faut distinguer une «obéissance» apparente, qui n'engage pas la volonté des hommes et se contente d'obéir au lois sans les «aimer», d'une véritable adhésion à ce qui constitue un devoir de citoyenneté.

[1 -Ordre apparent et pouvoir authentique] La première chose à attendre d'un gouvernement est qu'il fasse régner la paix et l'ordre - ce qui implique l'absence de transgression des lois et d~ troubles publics.

Cette exigence en quelque sorte minimale est déjà formulée par Hobbes -et Rousseau entend proposer une conception plus approfondie.

Un tel ordre peut en effet n'être rien de plus qu'une apparence : les citoyens ont l'air d'obéir, on peut même affirmer ou constater que leurs actions sont conformes à ce qui est attendu d'eux -mais qu'en est-il dans leur conscience ? (On peut établir ici un parallélisme avec ce que Kant distinguera bien­ tôt comme conduite simplement « conforme au devoir » et conduite « par devoir » : pour Rousseau déjà -mais dans la vie politique -il s'agit bien de passer du conformisme à un devoir réel.) D'où le paradoxe apparent de la formule : «le gouvernement se fera difficilement obéir s'il se borne à l'obéissance».

Un gouvernement se contentant d'une passivité des citoyens doit sans cesse exercer une véri­ table pression sur eux ; dès qu'il se relâche, les citoyens ne lui obéissent plus.

D'où, bien entendu, la tentation ou la nécessité de recourir à la force .... »

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