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A quoi bon la philosophie s'il y a des sciences ?

Publié le 22/02/2012

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Les termes du sujet 1. En quel sens précis doit être pris ici le mot «science»? Interrogez-vous sur l'emploi de l'article défini qui le précède. 2. Quel rapport historique entre science et philosophie suppose l'emploi du verbe «rendre»? Reformulez le sujet de manière plus explicite (précisez le problème posé). 3. Interrogez-vous sur le mot «utilité»: quels sont les sens possibles, ici, de ce mot? En quoi ou à quoi la philosophie peut-elle être «utile»? Les présupposés du sujet 4. La question posée suggère que la science et la philosophie sont en situation de concurrence. En quoi peut consister cette concurrence ? 5. Quand la philosophie apparaît-elle dans l'histoire de la culture ? Quand la science positive se développe-t-elle ? 6. Trouvez des illustrations historiques de cette situation menaçante, ou du moins embarrassante, pour la philosophie. (Pensez par exemple à des systèmes ou des thèses philosophiques, qui ont été effectivement rendus caducs par des explications scientifiques.)
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« qui l'instruit en effet, mais, de manière paradoxale, en augmentant son désarroi.

Car la science se construit contreles mythes et les croyances, contre les présupposés anthropomorphiques grâce auxquels l'homme justifiait le mondeet se justifiait.

Elle les détruit mais ne les remplace pas.

Plus elle explique le monde, plus elle accroît la solitude del'homme, lui infligeant, pour chaque nouvelle illusion dissipée, une nouvelle blessure narcissique et l'abandonnant seuldans un univers déserté et muet.

Si bien que l'homme, après avoir placé en elle toute son espérance, finit par s'endéfier et sombrer dans le scepticisme, voire par retomber dans un irrationalisme dont il s'était laborieusementdégagé.

La science, en effet, refuse, comme le souligne Husserl dans ce texte, de se prononcer sur le sens de cequi est, prétendant que la vérité scientifique se limite à la seule constatation de ce qui est.« Les questions que lascience exclut par principe, observe Husserl, sont les questions qui portent sur le sens ou l'absence de sens detoute existence humaine.

» Quel est donc ce principe, ou plutôt quels sont -ces principes par lesquels la sciencerejette des questions qu'elle considère comme « philosophiques » ? Ce ne sont pas en réalité des principesimmuables : ils varient selon les diverses sciences et leurs divers états.

Ainsi l'épistémologie positiviste d'A.

Comteavait .voulu fixer à deux les principes fondamentaux de la science : le premier était que la science ne porte que surles phénomènes et non sur la nature ou l'essence des choses ; le second, que la science renonce à saisir le modede production des choses, c'est-à-dire la causalité, pour ne considérer que les lois.

En d'autres termes, la science apour but de lier entre eux les phénomènes, de les déterminer les uns par les autres, non de les « expliquer »,l'explication relevant de « l'état théologique » ou de « l'état métaphysique ».

Mais le développement même de-lascience a invalidé ces principes, puisqu'il apparaît qu'elle est nécessairement conduite à expliquer causalement leslois qu'elle a établies, et à rendre compte de la production des phénomènes à partir de modèles théoriques desstructures sous-jacentes aux phénomènes, comme c'est le cas pour la physique nucléaire.Le néo-positivismecontemporain (l'empirisme ou le positivisme logiques des penseurs du Cercle de Vienne) a également voulu établirune césure fondamentale et insurmontable entre problèmes philosophiques et problèmes scientifiques en posant queles énoncés de la science se ramènent d'une part à des protocoles vérifiables d'expériences et d'autre part à destautologies, c'est-à-dire à des énoncés logico-mathématiques, donc purement formels, qui ne disent rien sur lesphénomènes mais définissent les lois des transformations opérables sur eux.

Les problèmes « métaphysiques » sontdes faux problèmes issus de l'inconsistance des « syntaxes grammaticales » des langages ordinaires.

Formulés selonla « syntaxe logique » de la science, ils apparaissent dénués de sens et disparaissent d'eux-mêmes.

Dans cetteperspective, la seule philosophie possible est une logique de la science.

Mais on a pu objecter au néo-positivismequ'il donnait à la science un cadre trop étroit.Ces exemples montrent qu'il existe bien des principes qui excluentcertaines questions ou problèmes de la science, mais que ces principes sont moins inhérents à la science elle-mêmequ'à certaines épistémologies scientifiques qui reflètent des états ou étapes déterminés de la science.On peut mêmese demander si la vérité-scientifique se limite bien « à-la constatation de ce que le monde est en fait.

» En effet,les relations d'incertitude de Heisenberg montrent que, au niveau microphysique du moins, la réalité appréhendée estnécessairement dépendante de l'observateur, et elles contraignent à penser cette réalité en termes de probabilitéet de potentialité.

Ainsi la vérité scientifique n'est plus seulement une constatation d'un fait — il existe un animal,un être humain — mais aussi d'une probabilité — il est probable qu'existe ici un électron, un neutrino, il est probablequ'existent des particules sans masse, invisibles.

L'objet de la science — l'atome, l'onde lumineuse — prend alors unaspect de plus en plus fantomatique pour se donner, à la limite, comme un pur système d'équations.

Il apparaîtd'ailleurs que la vérité scientifique est essentiellement une théorie qui a été expérimentalement vérifiée et qui n'estvalide que dans la mesure où de nouvelles observations et expériences ne l'ont pas encore contredite.Ainsi lathéorie de Newton a été vérité scientifique jusqu'à la découverte d'Einstein qui est pour le moment vérité et lerestera jusqu'à la l'éventuelle découverte de X qui viendra infirmer sa théorie.

Nous pouvons donc affirmer que lavérité scientifique n'est pas uniquement la constatation de ce que le monde est en fait.Ces quelques réflexions nouspermettent de mieux aborder le problème du sens.

La question traditionnelle, dont se préoccupe ici Husserl, est desavoir comment peuvent se constituer les sciences humaines.

L'homme, en effet, n'est pas un objet comme lesautres, il est un sujet, une conscience productrice de sens.

Mais si l'on veut fonder l'étude de l'homme et de sescomportements de manière rigoureusement scientifique, ne devra-t-on pas, en prenant modèle sur les sciences dela nature, le considérer comme un simple objet, et les faits humains comme des choses, selon la célèbre formule deDurkheim ? Et si l'on accepte de considérer le sens de l'homme et de ses actes, ne faillira-t-on pas à l'objectivitéscientifique ? N'introduira-t-on pas une rupture radicale entre science de l'homme et science de la nature ? Lascience historique, par exemple, devra-t-elle se borner à établir une succession de faits, ou bien s'efforcera-t-ellede dégager le sens de l'histoire des hommes ? En réalité, ce que nous avons dit plus haut de la vérité scientifiquenous fait entrevoir que la distinction, établie par Dilthey, entre l'explication, qui recherche le mécanisme desphénomènes, et la compréhension, qui recherche leur sens, n'est pas susceptible d'opposer radicalement lessciences physiques aux sciences humaines, puisqu'il nous est apparu qu'au sein même des sciences de la matière iln'existait pas de pure objectivité, mais que toute constatation était une interprétation.

Ceci ne veut pas dire biensûr qu'il revienne au physicien ou à l'astronome de se prononcer sur le sens de l'Univers.Cependant, même si lessciences de la nature excluent les questions portant sur le sens des choses, elles en abordent certaines qui sontd'une importance capitale pour notre représentation du monde et de nous-mêmes, et qui comme telles ont toujourspréoccupé les philosophes.

Par exemple : « L'Univers est-il éternel ? ».

Mais si la réponse des philosophes a dépendude considérations ontologiques, voire religieuses, celle des scientifiques dépend de la masse d'une particuleélémentaire, le neutrino.

Les problèmes scientifiques se distinguent ainsi des problèmes métaphysiques par lesméthodes utilisées et la délimitation des questions plus que par le fond lui-même.

Il est donc possible d'envisagerque la science aborde des questions « métaphysiques » qui seraient parmi « les plus brûlantes à notre époquemalheureuse » — car incertaine sur ses choix et en conflit avec ses devoirs — « pour une humanité abandonnée auxbouleversements du destin.

» De simples sciences de faits forment une simple humanité de fait...

Dans la détresse de notre vie...

cette sciencen'a rien à nous dire.

Les questions qu'elle exclut par principe sont précisément les questions qui sont les plus. »

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