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AMOUR (De l'), essai de Stendhal

Publié le 13/02/2019

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AMOUR (De l'), essai de Stendhal (1822). C'est, dans la lignée matérialiste des Idéologues, un traité qui procède à une description quasi clinique des quatre sortes d'amour (amour-passion, amour-goût, amour physique et amour de vanité), des sept états par lesquels passe d'abord celui qui aime, puis de la cristallisation, travail d'imagination qui orne de toutes les qualités l'objet aimé. Stendhal étudie les formes que prend l'amour selon les individus et les sociétés, rompant ainsi avec l'universalisme classique, aussi bien qu'avec l'érotisme simpliste du xvme s. Cette « physiologie de l'amour », que lut avec passion le jeune Balzac, repose sur des souvenirs personnels d'amours en Italie (1820) et fait indirectement le procès de la France moderne, où cette « espèce de folie » est très rare à observer dans les classes supérieures qui ne pensent qu'à l'ambition et à l'argent.

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« Métilde Dembowski a si profondément inspiré l'auteur de Del' amour (1822) qu'à sa mort, le 1er mai 1825, Stendhal inscrivit sur son propre exemplaire cette mention : « Death of the author ».

L'ouvrage, dont les thèses ont fait l'objet d'une spirituelle contestation de la part d'Ortega y Gasset, a inspiré un film de Jean Aurel, De l'amour (1965), dont le scénario fut écrit par Cecil Saint-Laurent, auteur, sous son vrai nom de Jacques Laurent, d'un remarquable Stendhal comme Stendhal (1984).

Eaux-fortes de Grau Sala Les lois de l'amour L t ouvrage comporte deux parties.

Dans la première, l'auteur analyse 1' amour en lui-même: sa naissance et sa formation, ses lois -l'amour ne relève pas de la seule beauté, mais également du courage, de l'intelligence, du bonheur, etc.-, ses prolongements, que sont la jalousie, la pudeur, 1' or­ gueil et 1' amour-propre.

L'analyse culmine avec la célèbre théorie de la « cristallisation », cette opéra­ tion de l'esprit qui renouvelle sans cesse les perfec­ tions de 1' objet aimé et rend la beauté fonction du désir et de l'imagination.

La seconde partie fait varier le sentiment par rapport aux causes extérieures : ac­ tions successives des climats, des gouvernements, des tempéraments, des sexes, du mariage.

Cependant, l'étude théorique menace sans cesse de basculer dans une sorte de monographie personnelle dont les souvenirs milanais de l'auteur constituent une part essentielle.

Stendhal confesse en effet son amour non partagé pour Métilde Dembowski- Viscontini (Léonore dans l'ouvrage), tout en distillant des images à la gloire de l'Italie, seul pays qui, par la li­ berté qui y règne, est favorable à 1' amour.

Au total, l'ouvrage tisse un lien étroit entre l'ex­ périence vécue, le romanesque -1' amour-pas­ sion, fait romanesque fondamental, renvoie aux mythes courtois -et 1' esthétique -images de 1' amant-artiste qui élève son désir en objet d'art.

Des vérités ou bien des soupirs ? S tendhal disserte moins de l'amour en logicien qu'il n'explore la dimension com­ mune de 1' amoureux et de 1' artiste, mettant en parallèle l'émotion picturale et musicale et la jouissance érotique, un érotisme idéaliste malgré tout, qui oppose l'âme au corps, la promesse à sa réalisation.

Par là même, l'étude scientifique échappe à la sécheresse du manuel pour se tempérer de notations personnelles et d'émotions qui établissent un va-et-vient entre la démonstration et l'effusion.

« Une fois la cristallisation commencée, l'on jouit avec délices de chaque nouvelle beauté que l'on découvre dans ce qu'on aime.» XIX" SIÈCLE Derrière le traité sur l'amour se lisent en filigrane les souvenirs déguisés de l'auteur et la confession d'une expérience sentimentale malheureuse.. »

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