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Article de presse: Les débats intellectuels

Publié le 17/01/2022

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15 octobre 1945 - L'ombre de la guerre pèsera longtemps sur la vie intellectuelle française. Tandis que les écrivains compromis sous l'Occupation sont réduits au silence, ceux qui ont participé à la lutte contre les Allemands ont bien en main le pouvoir culturel-au point d'en abuser parfois, comme le leur reprochera avec éclat un ancien résistant, Jean Paulhan, dans sa lettre aux " directeurs de la Résistance " (1945). Le Parti communiste occupe alors une position dominante avec ses publications (les Lettres françaises, la Pensée, la Nouvelle Critique), ses écrivains prestigieux (Louis Aragon, Elsa Triolet, Paul Eluard, Roger Vailland...), ses philosophes (Roger Garaudy), les organisations qu'il contrôle (le Comité national des écrivains, l'Union nationale des intellectuels...) et ses nombreux militants, dans les milieux intellectuels et enseignants. La tension internationale et le climat de guerre froide poussent de nombreux intellectuels non membres du PC à l'accompagner ou du moins à se définir par rapport à lui. Dès 1945, Jean-Paul Sartre lance, avec sa revue les Temps modernes, un mouvement à la fois littéraire et politique qui incite les intellectuels à s'engager directement dans la lutte contre l'injustice, le racisme, le capitalisme, l'impérialisme. Dans un contexte international marqué par la cassure entre les deux grands blocs, cette position pousse Sartre et de nombreux progressistes à se rapprocher du PC et de l'Union soviétique. Cette attitude se heurtera toutefois au débat sur les camps soviétiques, lancé par David Rousset en 1948 et qui provoquera en 1952 la brouille entre Sartre et Camus. Ce dernier estime en effet que ces révélations doivent conduire à une rupture avec l'URSS et le communisme. Si le marxisme influence pendant toute cette période la majorité de l'intelligentsia, la lutte anticommuniste est menée dans des revues comme Preuves ou la Liberté de l'esprit, où collabore notamment Raymond Aron. D'autres mouvements expriment l'intensité du débat intellectuel de cette époque : c'est, à l'extrême gauche, Socialisme ou barbarie, avec Cornelius Castoriadis et Claude Lefort, ou le groupe réuni autour de la revue personnaliste Esprit, fondée par Emmanuel Mounier. La tradition chrétienne est toujours vivante, avec François Mauriac, qui, venu de la droite, rejoindra le combat anticolonialiste dans les colonnes de l'Express. FREDERIC GAUSSEN Mars 1985

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