CRISE DE LA CULTURE (LA), Hannah Arendt (résumé et analyse)
Publié le 20/09/2018
                            
                        
Extrait du document
                                Recueil d’articles parus dans différentes revues américaines.
Spécialiste de philosophie politique, Arendt commente dans ce texte les données de notre époque en crise. En effet, d'un côté on assiste à une usure de la tradition, mais, de l’autre, l’avenir apparaît comme inconcevable, flou, sans réalité, sans projet. Ainsi l'homme actuel est en porte-à-faux entre un passé révolu et un avenir incertain. Il est donc urgent de faire un bilan et surtout d’apprendre à nouveau à penser dans notre siècle, non pour retrouver le passé ni inventer le futur, mais simplement pour apprendre à l’homme à se mouvoir dans sa position actuelle.
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                                                                                                                            Hannah ARENDT, La crise de la culture.
Etude Critique
« Si j’ai raison de soupçonner que la crise du monde d’aujourd’hui est essentiellement politique, et que le fameux"déclin de l’Occident" consiste essentiellement dans le déclin de la trinité romaine de la religion, de la tradition et del’autorité […] alors  les révolutions  de l’époque  moderne  apparaissent  comme des tentatives  gigantesques  pourréparer ces fondations » (p.183).
Perdues au milieu de La crise de la Culture (Between past and future – 1961), un recueil d’articles de Hannah Arendtparus à l’origine dans diverses revues américaines, ces quelques lignes semblent pourtant résumer les questions quitraversent ces écrits.
Fille d’une famille juive allemande, Hannah Arendt conservera toute sa vie un engagement lié à ses origines.
                                                            
                                                                                
                                                                    Chargéepar Blumenfeld en 1933 de recueillir les témoignages de la propagande antisémite, elle est arrêtée par la Gestapopuis relâchée  faute de preuve.
                                                            
                                                                                
                                                                    Elle fuit  en France puis aux Etats-Unis où elle publiera  la majeure partie  de sonœuvre.
                                                            
                                                                                
                                                                    Pourtant devenue citoyenne américaine,  elle ne s’empêchera pas de critiquer à la fois le Marxisme et lasociété américaine qui favorisent les écarts entre la pauvreté des uns et la richesse des autres.
Et c’est une partie de ces critiques qui servira de fondement aux articles publiés dans La crise de la Culture.
Dans son ouvrage  précédent,  La condition  de l’Homme  moderne  (The Human  Condition  – 1958),  Arendt  éclairel’antique  vision grecque  de la vertu  civique  et souligne  les problèmes  soulevés par cette  question  dans la viepolitique moderne.
                                                            
                                                                                
                                                                    Elle évoque la liberté d’agir et d’introduire de la nouveauté dans le monde face aux processusobjectivement déterminés du comportement humain et de la nécessité historique.
                                                            
                                                                                
                                                                    De même, elle aborde la questiondes conditions de l’action individuelle.
                                                            
                                                                                
                                                                    Tant la liberté que son absence se manifestent au sein d’interactions entrepersonnes, et les actions sont justifiées seulement au regard des règles communes de co-existence.
A l’instar d’Aristote  et Heidegger, Arendt met en  avant la dimension communicante des interactions  humaines etexplore les concepts de travail et de productivité comme des modes de la vie en commun des hommes.
                                                            
                                                                                
                                                                    Mais à ladifférence de ce dernier,  elle révèle  l’importance  de l’espace  public pour l’affirmation  des hommes  dans lacommunauté politique.
                                                            
                                                                                
                                                                    La politique, pour Arendt, est l’exercice de sa liberté dans le discours ou l’action et elle meten avant le bref moment de démocratie limitée qu’a vu la Cité athénienne comme un modèle pour cette activité decitoyenneté responsable.
Arendt  continue  de développer  ces thèmes  dans l’ouvrage  que nous  étudions  ici et  elle  tente  d’apporter  desexplications aux crises pathologiques qui minent notre monde moderne.
                                                            
                                                                        
                                                                    Ce livre se présente sous la forme de huitexercices de pensée  politique.
                                                            
                                                                                
                                                                     Arendt y montre  comment  des concepts  politiques et des  principes  (la liberté,l'autorité, le pouvoir, la tradition, etc.) ont une signification seulement dans la mesure où ils motivent une actionhumaine délibérée.
                                                            
                                                                                
                                                                    Elle indique que le jugement humain est formé par la mise en relation de l’action et de la penséeet elle propose de combler le vide entre la vie de pure contemplation (vita contemplativa) et la citoyenneté engagéeet responsable (vita activa).
Introduit par  une citation du poète  René Char, « Notre héritage n’est précédé d’aucun  testament », destinée àfigurer le gouffre qui s’ouvre sous les pieds  de tous les peuples après la deuxième guerre mondiale, cet ouvragetente justement d’expliquer cette absence de
testament.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le fil conducteur des réponses apportées ne tient qu’en quelques mots : au monde moderne correspondune situation  « en  rupture  avec la tradition  ».
                                                            
                                                                                
                                                                    En  effet,  bien qu’a priori  constitué  d’éléments  hétéroclites,  cetouvrage, par les huit essais qui le composent, possède une unité, non point comme enchaînement démonstratif maiscomme ensemble homogène abordant les différentes facettes d’un même tout.
                                                            
                                                                                
                                                                    Conscient qu’une courte étude nepeut aborder tous les tenants et aboutissants de cet ouvrage, chaque article pouvant à lui seul faire l’objet d’unerecherche approfondie, nous opterons pour une lecture avec comme toile de fond la question des fondements de lacrise de la modernité.
                                                            
                                                                                
                                                                    Cet axe de lecture a pour mérite d’opérer un rapprochement transversal entre les différentsarticles bien qu’il ne facilite pas une approche en profondeur de tous les thèmes abordés dans cet ouvrage.
                                                            
                                                                                
                                                                    Toutcomme l’histoire  est une  forme  de continuum  temporel, cette lecture  peut être effectuer  sous un angle  trèschronologique,  partant des fondations  pour arriver  aux chances  de progrès  que peut  offrir  l’éducation,  nouspasserons par la compréhension de l’humain, mortel ou immortel, les questions de liberté, d’autorité, l’évolution de laplace du philosophe face à la politique, la rupture de l’ancien vers le moderne et enfin les rapports entre modernitéet culture.
« Une métaphysique de la fondation radieuse »1, quand le passé lie l’avenirParler de rupture  implique  nécessairement  l’existence de deux  moments  : un  avant  et un  après.
                                                            
                                                                                
                                                                     Il est  doncincontournable, pour comprendre la critique de la modernité faite par l’auteur, de s’attacher à retranscrire sa visionde ce monde ante moderne ou traditionaliste (en son sens premier).
                                                            
                                                                                
                                                                    Pour Hannah Arendt, une communauté politiqueest une construction reposant sur un acte de fondation et, selon elle, notre tradition trouve son fondement dansl’Etat-Cité athénien : « Notre tradition de pensée politique commença lorsque Platon découvrit qu’il était en somme.
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